Il parait que les séismes provoqués par des activités humaines sont classés dans la rubrique « induits ». C’est tout à fait ce qui m’est arrivé la première fois où j'ai croisé le regard de la femme de ma vie. Elle aurait pu s’appeler Gaïa d’ailleurs.
Dès les premiers instants, je n’ai pas compris ce qui me faisait chercher mes mots et mes postures, ni pourquoi je balbutiais à ce point. De petits tremblements, ces phénomènes prémonitoires bien connus des amoureux transis, auraient pourtant du m’alerter. Elle était tout simplement l'épicentre et moi le jouet des trains d’ondes qu’elle propageait innocemment.
Puis, de réplique en réplique nous nous sommes retrouvés dans les bras l'un de l'autre et nous nous sommes aimés tant et plus en ignorant tout de la tectonique des plaques, en raillant les alertes aux tsunamis poussés par des magnitudes redoutables , en nous détournant des failles et autres ruptures vertigineuses.
C’est ainsi que des pans entiers de notre vie d'avant se sont lézardés avant de se disloquer puis tomber en poussière.
Le monde originel nous est apparu alors dans toute sa beauté vierge et harmonieuse. Ne restait plus qu’à y faire œuvre douce.
J'espère que nous serons ensemble le jour ou une méga secousse nous fera tomber de l'échelle de Richter.
Ni elle, ni moi n'aimerions rester sans l'autre.