Jonasz (avatar)

Jonasz

Abonné·e de Mediapart

57 Billets

3 Éditions

Billet de blog 26 juin 2019

Jonasz (avatar)

Jonasz

Abonné·e de Mediapart

La cane, les canetons, la canicule et l’autoroute

Ils étaient au moins huit à palmipèder menu, agglutinés en collier derrière la course anxieuse de leur mère. Ils se bousculaient pour ne pas perdre son contact et vite trouver l’eau.

Jonasz (avatar)

Jonasz

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Canards © Jonasz

Ils étaient au moins huit à palmipèder menu, agglutinés en collier derrière la course anxieuse de leur mère. Ils se bousculaient pour ne pas perdre son contact et vite trouver l’eau. Elle frétillait des rémiges et du plumeau pour qu’ils ne se détachent pas du sillage de la couvée.  Ils tricotaient éperdument de leurs petites pattes pour se maintenir derrière elle.

Il faut dire que traverser l’autoroute A10 au nord d’Angoulème pour prendre un bon bain en escadre n’est pas une mince affaire par temps de canicule.

Elle se rengorgeait comme elle avait toujours vu les mères canes plastronnant pour se faire obéir. Ils s’empressaient parce qu’ils comprenaient bien que tout caneton obéissant doit le faire pour se garantir le refuge sûr des ailes maternelles.

Dès que j’aperçus la minuscule cohorte traverser,  je ralentis et me déportai légèrement à droite autant que me le permettait le trafic sur la quatre voies. Je réussis de justesse à éviter la tragédie.

Il n’en fut pas de même pour la voiture qui me suivait.  Je reste persuadé que si elle avait entrepris de me doubler, c’est qu’elle n’avait rien vu venir, elle. Son conducteur fut donc totalement pris de court et impuissant en arrivant sur le petit défilé lors du dépassement.

Un nuage de plumes de la cane, un gargouillis ignoble et le bruit d’un choc mou me dirent sans nuance ce qui s’était produit. 

Je préfère ne pas imaginer ce qu’il est advenu des poussins, abandonnés à eux-mêmes sur le terre- plein central de la 10. Il me vient plusieurs morales pour ce drame. Je ne sais pas trop celle que je veux mettre en avant. J’opte finalement pour la laisser à écrire par qui le souhaite.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.