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Billet de blog 1 décembre 2023

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Les JO 2030 dans les Alpes = inondations et expulsions des habitants !

Le droit de résidence étant directement lié au titre de propriété, les effets des JO, ici en montagne, seront une catastrophe pour nous. Tout cela sur fond du déni, de la fin de la neige, car loin d'une vision linéaire de sa disparition, une bascule arrive, une Bérézina. Cela a commencé le mercredi 29 novembre...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ici dans les Alpes, les JO 2030 auront comme conséquence concrète l’expulsion des plus précaires. Ces JO sont une volonté de verrouillage du modèle économique du ski, avec beaucoup d'argent public investi pour des bénéfices privés.

Ce modèle engloutit toujours plus d’argent à mesure que le climat détruit la neige.

Le temps de la neige s’achève, la pluie remonte toujours plus haut, elle dépassera les montagnes.

https://www.tf1.fr/tf1/jt-20h/videos/apres-leboulement-risoul-veut-sauver-sa-saison-94321285.html

Jeudi et vendredi derniers, 30 novembre et 1er décembre, il a plu jusqu’à 2400 m parfois 3000 m sur une couche neigeuse. Avant, ce phénomène arrivait exceptionnellement au printemps. Il provoqua en 1957 des inondations historiques, isolant le massif du Queyras. Vendredi, en décembre, le manteau neigeux a fondu sous une pluie diluvienne. Les ruisseaux sont devenus des torrents, emportant la route de la station de Risoul, le transformateur électrique de Guillestre, les mobil-homes d'habitants permanents et un supermarché entier. C’est du jamais vu. Le record de 500 m3/ s a été atteint sur la Durance à Embrun. La catastrophe climatique frappe les Alpes le lendemain de l’annonce de la tenue des JO en 2030. Elle laisse un village isolé, des gens sans électricité ni eau potable.

Cette catastrophe, ce phénomène pluvieux extrême, déjà vu dans la Vallée de la Roya, va malheureusement devenir de plus en plus courant. Nous devons, nous, habitants des Alpes, nous y préparer : de nombreux travaux coûteux sont à réaliser sur nos routes, nos ruisseaux, nos rivières. Nous devons sécuriser nos lignes électriques, nos réseaux d’eau potable. Des maisons ont été construites dans des zones inappropriées au nouveau climat. Il faut les protéger ou les déplacer.  Malheureusement, nos élus sont formatés 20ème siècle. Si c’est la fin du monde, il faut se réfugier dans le cerveau de Muselier ou Wauquiez car ils ont 20 ans de retard.

Cette candidature programme de nombreux agrandissements de routes, de déviations, de nouveaux tronçons autoroutiers, de carrières à neige, de retenues collinaires, de pompage d’eau, l'agrandissement d’un aérodrome et le montage de 4 villages olympiques! Plusieurs milliards vont être dépensés pour 15 jours de fête! Gâchis d'argent public au détriment des travaux d’urgence climatique. A la question: doit-on sécuriser nos rivières ou gagner 15 minutes sur le parcours des vacances, ils choisissent l’option 2. « Toute la sécurité de nos rivières est à repenser, il y en a pour plus d’un milliard », me racontait un syndicaliste dans l’hydraulique électrique. Les rapports s’entassent et les élus pensent médailles. La médaille d’or olympique du déni sera gagnée par ces élus (on a la liste). Pour la couverture neigeuse, le temps de la bascule n’est plus très loin. La bascule des Alpes sans manteau neigeux permanent l’hiver. Nous en sommes bien tristes, comme tous les amoureux de la montagne. Il ne reste que quelques années à la neige permanente l’hiver en montagne. L’instabilité du climat et son réchauffement la détruit. La neige continuera à tomber mais elle repartira souvent rapidement, en provoquant des catastrophes.

Le phénomène météorologique, qui couvrait nos montagnes de blanc, était simple : la neige tombe, le froid de la nuit la frigorifie, elle se réchauffe en surface la journée mais sa couverture blanche renvoie le soleil, refroidissant ainsi la région. Le froid des hauteurs glisse la nuit en bas des vallées. Ces mécanismes sont amoindris depuis des années, ils menacent de disparaître et seront bientôt complètement détruits. Avant, l’eau était gelée l’hiver, la sécheresse ici a toujours été hivernale. Aujourd'hui, nous avons des nuits sans gel, de la pluie en hauteur, une couverture de neige absente. L’eau ruisselle, elle emmène la neige rapidement, le sol se réchauffe au soleil, la neige qui retombe ne tient plus. L’heure de la bascule a bientôt sonné. Le réchauffement n’est pas linéaire, on n’est pas "tranquille jusqu’en 2050" comme le dit l’adepte de la méthode Coué, Renaud Muselier.

L’industrie du ski est vouée à disparaître, comme le hêtre va disparaître des forêts de France.

Mais l’or blanc est une industrie très liée, dès l’origine, avec l’argent public. Les stations ont été financées par l’impôt. L'État a construit les stations de ski dans les Alpes via le plan neige. Alimentée par l’argent public, cette industrie a, comme l’agriculture, des caractéristiques spéciales en France : elle fait financer ses investissements par l’impôt et les profits sont privés ! Cette accoutumance a généré de nombreuses mauvaises habitudes : corruption, clientélisme, surinvestissements, gabegie, investissement hasardeux, inutiles, erreurs comblées par l’impôt, intimidation envers l’opposition, pressions. Comme pour l’agriculture, les lobbys de la montagne sont au service des gros. Les précaires, les maigres ils s’en foutent mais ils n’oublient pas de les mettre en avant pour revendiquer l’argent public.

En bijouterie, l’or blanc est un mélange d’or et de beaucoup d’argent ! La promotion immobilière a généré de nombreuses fortunes en mettant la puissance publique à son service. Le sport est devenu leur tête de gondole, mais le but est de vendre du béton de 5000 à 14 000 € le m². Le sport populaire, social, ici, a été liquidé en deux décennies car pas assez profitable ! La Compagnie des Alpes, pensée comme un service public de la montagne, a été privatisée, elle est devenue une multinationale.

Les démons du tout ski - les démons du déni © José Pluki

Malheureusement, le réchauffement compromet ce juteux profit. Il faut sauver le soldat Immobilier de luxe. Au nom du ruissellement , il faut arroser le profit.

Le déni est immense ici. Nous devrions créer une caisse de solidarité climatique pour les années sans neige. Libérer des logements pour les habitants permanents, construire, dans nos vallées étroites et embouteillées, des systèmes de transports collectifs, isoler nos logements, couvrir nos toits de panneaux photovoltaïques et laisser nos forêts tranquilles. Installer des petits paysans, former des milliers de travailleurs à la reconversion. Et surtout, nous protéger des inondations! La liste est longue…

Mais qui dit changement dit remise en question des vainqueurs du vieux système.

Au lieu d’organiser une retraite en bonne et due forme, nous faisons comme Napoléon en Russie, nous avançons plus en avant sur une politique écologique de terre brûlée. Cela finira en Bérézina.

Nos affairistes d’élus de montagne ne lisent pas l’avenir dans les rapports du GIEC mais dans des livres comptables. Ils ne sortent que rarement de leurs bureaux et voitures climatisés.

Investir des milliards dans les JO 2030, c’est choisir de gaspiller des impôts dans l’obsolescence climatique à court terme.

En même temps, réchauffement ou pas, la spéculation immobilière nous expulse.

Nous, habitants permanents, nous devons laisser place aux héritiers fortunés. Comme les paysans d’ici se sont vus imposées les stations de ski, ces JO sont imposés sans débat, par surprise. Comme si nous avions déjà un statut d’étrangers chez nous, comme si nous étions colonisés par les nantis. Les collèges ferment faute d’enfants, même les professeurs devront partir.

Chassés, nous devrons partir, mais nous ne le ferons pas sans résistance. La montagne est belle et rebelle, leur Béton JO est moche et remoche !

Nous avons protesté ce samedi en traversant un paysage dévasté. La vue du contenu d’un supermarché flottant sur deux hectares d’eau donnait un visage symbolique à la catastrophe climatique. Nous avons descendu la rue principale de Briançon sur du goudron en scandant, TROP CHAUD ! TROP CHER ! LES JEUX ON N'EN VEUT PAS.

Nos camarades de résistance, en on fait de même à Albertville et à Annecy.

Nous appelons au soulèvement de la montagne le 6 janvier, au retour des vacances de ski de Noël. Nous appelons à tourner en ridicule cette candidature des JO en venant tourner autour des ronds-points en ski de fond sur goudron.

Le 6 janvier, on dame le macadam !

Nous tournerons en rond et nous montrerons comme est vain le désir de vitesse quand on tourne en rond. Nous devons bifurquer!

Cette candidature peut être annulée. Même attribués, les JO d’hiver de Denver furent annulés par la ville hôte : elle avait un manteau neigeux incertain et des sites trop éloignés. C’était trop cher !!!!

Un referendum sur les JO aura lieu, tardivement. Il se tiendra en 2028, lors des élections régionales, où l’on verra les populations locales voter pour ou contre les promoteurs de ce gaspillage.

D’ici là , bien de catastrophes auront eu lieu.

Il est même possible que les Jeux olympiques n’ait pas lieu, à cause d’une grosse pluie sur le manteau neigeux, emportant les quelques routes d’accès aux lieux de compétition. Qu'elles amers thunes!

Pourtant que la montagne est rebelle © José Pluki

NO JO:

https://no-jo.fr/

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