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Billet de blog 24 juillet 2024

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JO 2030 - Faites vos jeux rien ne va plus

Les Jeux olympiques 2030 sont la plus grande compétition du déni au monde. C’est annoncé dans les médias, les JOP d’hiver sont attribués aux Alpes françaises en 2030. L’attribution de ces JOP est tout un symbole d’une époque dans le déni climatique le plus profond. Pour la France, c’est aussi très révélateur d’une république en bout de course.

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Les Jeux olympiques 2030 sont la plus grande compétition du déni au monde (et peut être qu'on va impressionner des extra-terrestres).

Illustration 1

C’est annoncé dans les médias, les JOP d’hiver sont attribués aux Alpes françaises en 2030. L’attribution de ces JOP est tout un symbole d’une époque dans le déni climatique le plus profond. Pour la France, c’est aussi très révélateur d’une république en bout de course et de la toute-puissance des lobbys et du cynisme total de nos dirigeants. À part dans l’agriculture, rarement l’outil étatique aura été mis au service d’intérêts privés avec autant de force.

Les JOP sont le symbole du déni à tous les étages.
Ce déni est profond et même s’il frappe une grande partie de la population, la caste des représentants élus en est encore plus atteinte comme rarement au cours de l’histoire.

Le déni climatique.

Le déni climatique les empêche de voir les signaux faibles et forts du crash climatique qui a commencé. Une station (Risoul) a beau être coupée du monde par la pluie qui tombe sur un mètre de neige en décembre, ils accusent les écolos d’empêcher de curer les rivières et en filigrane d’être les incompétents qui provoquent la catastrophe. Ils s’empressent de reconstruire gracieusement les routes sans indemniser les petits paysans dévastés. Ils reconstruisent les bâtiments aux mêmes endroits. Les 80 routes coupées cet hiver, les rivières qui débordent, les pylônes qui bougent, le non-gel à 3000 mètres la nuit en plein hiver. Rien n’y fait. Même un lac glaciaire qui se vidange par une fonte de neige sous la pluie. Même un village rasé qu’on évacue par hélicoptère. Rien n’entame leur déni. La faute aux écolos et aux papillons rares, ils ont empêché de curer une rivière. Les experts disent le contraire, peu importe !

 Rien à faire,

le déni ne se fait pas fracasser par la réalité.

Au contraire,

c’est le déni qui fracasse la réalité !

Nous pourrions vous faire la litanie des catastrophes : des pans de montagnes entiers qui s’effondrent, aux maisons qui se fissurent, aux glaciers qui s’écroulent, aux stations qui n’ouvrent qu’une semaine, aux refuges de montagne évacués en urgence. Mais la liste est trop longue et s’allonge continuellement.

La vision de skieurs couverts de boue skiant sur une bande de neige soupeuse devrait suffire pour comprendre que l’époque a changé. Nous sommes entrés dans l’ère des catastrophes, l’ère du chaos climatique. La seule question à se poser est : « Allons-nous concentrer nos moyens pour éviter que le chaos climatique ne se transforme en crash climatique ? »

 Le déni n’a jamais résolu les problèmes vitaux.

Macron, Wauquiez et Muselier, sont comme les docteurs du moyen âge, ils nous proposent la saignée. Les JOP 2030.

Le déni social

Les Alpes souffrent d’inégalités criantes. L’impossibilité de se loger au milieu de logements vides est un supplice. La misère d’une partie de la population est imposante. Cette population travaille inévitablement de manière irrégulière, elle est frappée durement par leurs réformes du chômage et le harcèlement institué par France Travail. Et pourtant jamais autant de richesse n’est venu s’approprier le territoire et étaler son luxe, son insouciance, son mépris, son déni. Nous avons crié plusieurs fois, " Les Alpes ne peuvent pas accueillir toute la richesse du monde". Leur faire croire que les JOP vont améliorer leur sort est comme promettre à un affamé qu’un petit match de foot lui fera du bien. Malheureusement, la colère s’exprime mal dans les urnes. Elle va dans les passions tristes et contre des boucs-émissaires désignés, les étrangers, les écolos, les très pauvres.

Le déni démocratique.

Il est de la même intensité que le déni climatique. Les élus arrivent à croire que leur projet est populaire ! Même si dans un instinct de survie, ils se gardent de toute consultation de la population.  La France a eu droit à un regard amoureux du CIO. Il nous a préféré à la Suisse ou à la Suède pour son jacobinisme et ses fonctionnements monarchiques. Le CIO, voyant le rejet généralisé des JOP et le faible nombre de pays dictatoriaux enneigés, il a trouvé avec la France un dernier pigeon présentable.

Le plus cocasse est que Macron, en dissolvant l’Assemblée nationale, a mis cette candidature en péril. Il ne pouvait plus faire voter les garanties financières. Mais le résultat du 7 juillet lui a remis un espoir de gouverner. Une alliance avec Wauquiez est devenue indispensable. Lui offrir les JOP 2030 est devenu une condition nécessaire mais pas suffisante. Attal étant contre cette alliance, il se transforme en zélé opposant, critiquant les JOP, rappelant le côté non démocratique de l’absence de vote par l’assemblée.

L’avenir des Alpes est un pion dans les stratégies du pouvoir. Le cynisme est total.

Mais Macron adore ne pas respecter les institutions et passer en force. Il promet au CIO une loi olympique, des garanties, bref le tapis rouge. Les opposants réclament la consultation de la population par un referendum. Les opposants sont sûrs de le gagner.  Wauquiez, Muselier n’ont jamais mis cette candidature aux JOP dans leurs programmes électoraux. Mais ils méprisent toutes formes d’oppositions.  Même les élus de gauche, les syndicats sont divisés sur la question, bien que leur électorat soit quasi complètement contre. A part quelques élus de LFI et Ecologiste, ils sont circonspects. Même des voix s’élèvent au sein de la RN pour dénoncer le coût pharaonique de ce projet.

Macron trouvera une majorité à l’assemblée, contre une immense majorité de la population.

 Le lobby du ski est puissant, son modèle est identique à celui de la FNSEA : de l’argent public finance les investissements, le privé ramasse les mises, les petites mains triment, le tout dans un esprit de corps qui impose une fidélité clanique. Et face au climat, le même déni, le même jusqu’au-boutisme, les mêmes solutions ruineuses vouées à l’échec, les mêmes accaparements de biens communs.

Encore un moment monsieur le bourreau climatique.

Le déni est remboursé par les poches publiques. Ils nous vendent que ce n’est pas la même poche publique qui paie. Mais il s’agit bien du même pantalon Et peu importe que cela se fasse au détriment de l’adaptation climatique ou des services publics. Nous aurons en 2030 des deux voies inutiles et des patinoires, une politique et des moyens publics concentrés sur les JOP mais pas de digues rehaussées, de maisons transférées. Nous n’aurons pas de caisse de solidarité climatique pour reconvertir un territoire sinistré par la fin de son industrie phare, le ski.

Inauguration parodique des travaux des JO 2030 d'hiver dans les ALpes © José Pluki

Déni économique

Le déni économique est lui aussi très réel. Les JOP coûtent et ne rapportent rien à part du prestige. L’argument le plus fallacieux est celui de la publicité et de la notoriété. Les Alpes sont victimes de surtourisme. Leur relative fraîcheur dans un monde en surchauffe, est mille fois plus puissante que toutes les campagnes de promotion. De plus, nous avons rarement vu une entreprise ne pouvant subvenir à la demande se lancer dans une coûteuse campagne de publicité.  Actuellement aux JOP de Paris nous voyons les restaurateurs demander des aides et le chômage technique en pleine période touristique ! Les JOP 2030 vont générer le surendettement des collectivités publiques. Elles seront empêchées d’investir ; Elles ne pourront ni protéger leur territoire, ni être solidaires des victimes climatiques. Ce fut le lot de tous ceux qui ont accueilli les JOP. La JOP 2006 dans la vallée de Suse nous a bien renseignés. Milan 2026 sensés être verts seront du même acabit. Le constat est archi-documenté, l’état paie des chercheurs sur les conséquences des JOP. Ils empilent les études sur le sujet, mais la légende que les JOP sont une bonne affaire perdure. La réalité n’a pas prise sur les décisions. Attal qui veut un rapport de l’IGF, peut s’épargner un travail inutile. Autant commander un rapport pour savoir si la terre est ronde.

Les Alpes sont un territoire naturel hostile, nous croyons l’avoir dompté, il se révèle un haut lieu de catastrophes climatiques. Nous devons faire comme les anciens, penser loin et construire solide. Nous avons à accueillir les réfugiés climatiques des villes surchauffées, les personnes fragiles. Les habitants actuels doivent pouvoir rester sur leur territoire et l’épuration sociale en cours ne doit pas être dopée par les JOP 2030, mais combattue. Une caisse de solidarité climatique doit être abondée par les bonnes années et les plus riches. Elle permettra de survivre pendant les mauvaises années. La chute du ski doit être amortie.

 En temps de guerre, les JOP n’ont pas eu lieu.

Le chaos climatique fait des dégâts dignes d’une guerre. Le chaos climatique demande la concentration et la focalisation des moyens digne d’une guerre. Durant la guerre, il paraissait évident à tous que l’organisation des JO était indécente.

Face à cette compétition du déni, nous opposants, allons vous rappeler sans cesse la réalité.

Cela nous vaut détestation, menaces, fichage et répression.

Nous affirmons que l’engagement de Macron est non seulement illégitime, mais illégal et que les garanties financières n’ont pas à être payées en cas d’annulation.

Nous invitons tous ceux qui le souhaitent à rejoindre le collectif NO-JO.fr et à frapper les dénis le plus durement possible.

Nous annonçons que les JOP d’hiver n’auront pas lieu !
Ils seront annulés soit par la démocratie, soit par le climat.
La première option est la moins chère à tous les niveaux.

Les démons du tout ski - les démons du déni © José Pluki

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