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Billet de blog 26 février 2025

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La filière solaire atomisée façon marché

Le gouvernement a décidé de réduire le solaire photovoltaïque en toiture. Un désastre pour de nombreux artisans poseurs. Un marché, fou, une politique énergétique pleine de déni, retour sur 20 ans de politique française.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le marché électrique toujours aussi fou, baisse  trop les prix : il y a surproduction. Au lieu de fermer de vieilles centrales nucléaires, le petit solaire de particuliers sert de variables d’ajustement. Le nucléaire est lui subventionné. 

Back to the futur

1994, je suis étudiant en école d’ingénieur en Énergie. Le professeur nous montre les énergies appelées à l’époque « nouvelles » : le photovoltaïque et l’éolien.  Il les méprise en bon fan du nucléaire : « Le photovoltaïque, un truc de la Nasa, trop cher. Réservé à l’espace, il n’a pas d’avenir, à part les refuges de haute montagne et les satellites, je passe vite ».  Il nous parle technique, nous explique le fonctionnement. Je comprendrais plus tard son mépris : la technique est tellement simple, trop simple, à peine de quoi fournir un TP basique. Son argument de conclusion : « Pour fournir la France en énergie, il faudrait au rendement actuel couvrir l’équivalent de deux départements français. Personne ne l’acceptera ».

L’éolien est une technique plus complexe. Elle attire moins de mépris. Mais pour l’éolien, il faut beaucoup de vent fort, or le vent souffle fort et régulier en hauteur. Il affirme : « il faudrait faire des éoliennes géantes de 100 mètres de haut et déployer des réseaux immenses. Trop moches et trop intermittentes, vous imaginez qu’on vive au rythme du vent ? » Pour terminer sa morale, il nous parle du surgénérateur à plutonium, la vraie énergie nouvelle selon lui. L’énergie la plus compacte, toujours disponible, qui génère plus de combustible qu’elle n'en consomme ! Il passe rapidement sur les nombreux problèmes complexes à résoudre. Les théoriciens méprisent les détails techniques. Le diable réside pourtant dans les détails

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Mouchot inventeur solaire voit ses chauffe-eau solaire installé en Algérie pour l'armée enlevés par le lobby du charbon

Moi, je suis fan de Reiser, lecteur du professeur Mollo Mollo, de la Gueule ouverte, le très fort Professeur Lebreton, j’imagine une pompe solaire à dilation lors de l’exercice d’invention. Il me rit au nez en voyant mon sujet et me met la plus mauvaise note. Je me dis que pour manger mieux vaut travailler dans le nucléaire.

Deux ans plus tard, je travaille au CEA (centre étude atomique) sur la mise au point de l’EPR (réacteur pressurisé européen) sur lequel travaillent la France et l’Allemagne. Je voulais travailler dans le solaire mais les stagiaires Ingénieurs n’étaient pas rémunérés sur le sujet. Dans le nucléaire, on était très bien payé. Je suis boursier, endetté, je n’avais pas trop le choix, je choisis donc le Nuke. Le gouvernement Jospin abandonne Superphénix, mon maître de stage se plaint. Je me permets de critiquer les surgénérateurs, les impasses et les difficultés techniques. Comme toujours honnête et courtois, il me répond « on avait 100 ans de boulot d’études avec ces machines ». 

Je suis étonné car ici, les gens sont pronucléaires, mais ouverts au débat. Ils connaissent les problèmes et sont sympathiques. Mis à part certains, ils aiment bien ma contradiction et mes questions. Nous parlons de l’EPR, un ingénieur me dit : « On a voulu voir trop gros et c’est la taille qui pose un problème. Mais il fallait qu’on fasse la plus grosse centrale du monde, le syndrome Concorde ».

Et il rajoute : « Ici, seuls ceux qui annoncent les bonnes nouvelles grimpent dans la hiérarchie ». Il me prédit retards et rallonges et conclut en me disant que lui sera bientôt à la retraite.

L’EPR est lancé. Mais sans prendre en compte les remarques de ceux qui pointent les soucis, sans même prendre en compte la défection des Allemands qui abandonnent ce Titanic.  Alors que les Allemands s’occupaient de pans entiers du programme, les politiciens font comme si cela n’avait aucune incidence.

On m’aime bien et me conseille de ne pas trop afficher mes opinions gauchistes, car ce n’est pas bon pour être embauché et j’ai la chance, me dit-on, de pouvoir l’être. Mes travaux ont été appréciés. Mais je suis jeune, têtu et je décide de ne rien lâcher. Je n’abandonne pas mes convictions et je vais faire ma route plus loin.

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Genèse des énergies solaire et éolienne françaises

Les années passent et l’éolien commence à se faire une place dans le monde de l’énergie. Puis le photovoltaïque se développe à grands coups de subventions accordées au secteur privé. Le service public n’en veut pas. Les écolos proposent un stratagème qui rangera les énergies solaire et vent définitivement dans le secteur privé : « Étant donné que les pronucléaires du service public n’en veulent pas et que le solaire et le vent sont des installations modestes, il faut que l’argent public finance le privé, car lui seul veut faire du solaire et de l’éolien ». C’est idiot sur le plan économique mais c’est pragmatique politiquement. Économiquement, il vaut mieux faire des installations publiques avec de l’argent public. Avec le même argent, le parc des énergies renouvelables aurait été deux fois plus grand et appartiendrait au public. Mais dans le contexte de l’époque, ce choix était politiquement pragmatique. EDF était alors un état dans l’État. Le nucléaire est le sujet d’engueulade de la majorité de l’époque (Verts, Coco, Socialo).  Sous l’impulsion de Cochet l’écolo, Jospin décide de financer le secteur privé pour qu’il développe des éoliennes et des panneaux solaires. Les Pronuke dans leurs arrogances laissent faire et ricanent.  Jancovici, le prophète en énergie et pronucléaire, n'y croit pas et donne l’éolien rentable pas avant 2025 et le solaire en 2040. L’oracle affirme et prône de ne rien investir dans le solaire et le vent. Il affirme qu’il faut mettre le paquet dans le nucléaire et les économies d’énergies. Son discours ne servira à rien pour faire avancer les économies d’énergie mais sera très utile par la suite pour démolir les énergies renouvelables.

A l'inverse dans le monde d’extrême gauche et chez les écolos, les énergies renouvelables - l’éolien, le solaire, le bois - sont encensées de toutes les vertus. La marginalité protège ce secteur où des passionnés développent ces énergies. Photowatt devient le leader des panneaux photovoltaïques. Des bricoleurs géniaux font des prouesses. En 2007, au Grenelle de l’environnement, Borloo, grand amateur des énergies renouvelables lâche une pluie de millions dessus sans politique industrielle.

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LES FROMAGES : PRIVATISATION DES SERVICES PUBLICS DE l’ENERGIE

Les sarkozystes se foutent de ces avancées écolos, ils sont affairés à faire main basse sur GDF et EDF, ces deux tirelires de l’état. GDF est privatisé rapidement : des amis de Sarko le mangent.

EDF ne peut l’être aussi facilement. Ils décident de la piller. Comment ? Il suffit de ne plus investir.  Ils obligent EDF à revendre à perte son nucléaire tout en continuant à verser de l’argent à l’État et à peu augmenter les tarifs.  Cette loi NOME (2011) qui organise le pillage « passe crème ».

En 1990, le pétrole, le gaz et l’électricité sont aux mains de l’État. Il utilise ses entreprises publiques pour fournir de l’énergie pas chère aux Français. Il choisit des investissements à long terme et des politiques longues. Mais le pétrole est d’abord privatisé par la droite en 1993, puis par la gauche en 2000. Pour démanteler le service public de l’énergie GDF et EDF, l’État décide de passer le monde de l’énergie sous une entité indépendante, la Commission de régulation de l’énergie. L'énergie devient alors moins soumise au pouvoir politique, mais très soumise aux demandes des multinationales de l’énergie.  L'énergie électrique entre en Bourse de manière effective en 2011.

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Les copains de l’influent Gérard Longuet, proches de l’extrême droite, vont faire fortune au-delà de leurs espérances. Quand le cours de l’électricité est haut en bourse, ils achètent de l’électricité pas chère à EDF et la revendent. Quand le marché est bas, ils l’achètent au marché et la revendent au prix EDF moins une décote. À tous les coups, ils gagnent.  Nous voyons de nombreux fournisseurs d’énergie se créer : ils ne font rien qu’acheter et revendre.

Quand viendra le temps des enquêtes en 2023 sur la catastrophe financière d’EDF et du nucléaire, ils désigneront les écologistes comme boucs émissaires. Cette énormité sera reprise en cœur. Des braqueurs, témoins à charge dans le procès de leur braquage, chapeau bas !

Hercule - 4/5/23 - Le hold up du siècle avec Philippe André, porte parole de Sud Energie © up! DTG
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QUI VEUT LA PEAU DE L’ÉOLIEN DEVENU CRÉDIBLE

Mais durant les années 2005 -2015, les éoliennes se multiplient. Conformément au dire de mon prof, elles vont chercher le vent ou il est c’est à dire en hauteur. A 50 mètres au-dessus du sol, le vent est bien plus fort qu’à 10 mètres du sol. Une éolienne produit au cube de la vitesse du vent. Prendre du vent à 9 m/s (100 mètres au-dessus du sol) au lieu de 3 m/s (10 mètres au-dessus du sol) permet de multiplier la production par 27 !  Au vu de cette réalité physique, il vaut mieux faire une seule grande éolienne que plusieurs petites. Une éolienne géante coûte moins cher et utilise bien moins d’acier. Mais elle se voit beaucoup. Beaucoup trop !  Les éoliennes deviennent de plus en plus rentables au fil de leur version de plus en plus grande. Elles commencent à produire de plus en plus sur le marché qui a été pensé sur un modèle de production stable. Mais les éoliennes produisent beaucoup quand le vent est fort, peu quand il est faible et pas du tout quand il n’y a pas une pique de vent. Elles commencent à déstabiliser le marché français ? D’autant plus que le marché devient européen et que les Allemands en construisent beaucoup. Partout en Europe on libéralise.

Les pronucléaires créent en 2007 une fausse ONG environnementale avec à leur tête Marcel Boiteux, un des pères du programme nucléaire : France Environnement Durable. Coup de génie, son nom porte à la confusion avec France Nature Environnement et elle finance les oppositions locales en fournissant juristes, avocats et arguments. Parfois proche de l’extrême droite, elle n’hésite pas à fournir de faux arguments : les éoliennes émettent des infrasons, rendent stériles les bêtes voire les hommes, produisent moins d’énergie qu’elles n'en consomment, gâchent le paysage, tuent les animaux en grande quantité. La preuve, les oiseaux disparaissent là où elles sont implantées. Corrélation n’est pas causalité, les oiseaux disparaissent en fait de partout. Les plus grands responsables de ce carnage sont les pesticides qui tuent les insectes et leur nourriture. Les éoliennes tuent des oiseaux, mais infiniment moins que les chats domestiques. Interdisons d’abord les chats domestiques ? Mais la sauce prend, le travail est patient, de terrain. En souterrain et répétés les arguments font mouches. Les éoliennes sont aux mains de multinationales qui les installent sans une vraie planification. L’extrême gauche rurale voit mal l’implantation de ces éoliennes industrielles dans leurs campagnes. Elles emboîtent le combat. Elles adoptent les arguments et défendent le petit éolien, celui qui est très cher, polluant et ne produit pas. Le doute s’installe dans le monde écologiste où personne n’aime critiquer le combat de ses camarades. Pour l’extrême droite, la critique des éoliennes est validée comme combat écologiste. Cette critique, puis cette haine, se développent dans tous les milieux réactionnaires et pronucléaires. Jancovici, le prophète qui a fait fortune avec EDF et les grosses multinationales, affirme que c’est de l’argent gaspillé.  Il ressemble à mon professeur d’école. Il affirme que les énergies éoliennes ne réduisent pas les quantités de charbon et de gaz consommées en France. Les faits vont lui donner tort car l'énergie des éoliennes va réduire fortement la consommation de charbon. En 2024, l’éolien dépasse la production de charbon en Europe.

Cependant les pronucléaires Français empêchent le développement de l’éolien en France. Il a pourtant un potentiel immense, supérieure à l’Allemagne. EDF avait mis au point la première grosse éolienne dans les années 60. A cause du programme électronucléaire, elle reçoit l’ordre d’arrêter et donne ses travaux à un Danois qui crée l’entreprise d’éolien Vestas, devenue maintenant la première dans le monde.

L’armée pronucléaire se plaint, les éoliennes gênent les aéronefs et les radars. Elle exclut leur implantation dans de nombreuses zones. Mr Longuet et ses acolytes d’extrême droite sont à la manœuvre.

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FILIÈRE SOLAIRE FRANÇAISE DEBRANCHEE

La filière photovoltaïque française se voit détruite d’un trait de plume par Fillon et Sarkozy en 2011. Photowatt périclite. La filière se développait à leur grande surprise bien trop vite. Au lieu de réduire les aides, ils laissent filer un emballement de projets et de spéculation. Cet emballement rend la filière impopulaire et inquiète le ministère des finances.   Un moratoire est proclamé de manière brutale, plus aucun chantier n’est lancé, ceux en cours sont stoppés net et 20 000 pionniers sont ruinés. Une filière moderne et dynamique est liquidée, avec plaisir par la droite dure.  En 2011, ces extralucides ont aussi promis aucun avenir à la voiture électrique en 2030.

Les Allemands eux décident en 2011 de sortir du nucléaire et d’investir à fond dans l’éolien et le solaire. Les Français se moquent de leur folie. En 15 ans, elle remplace la production nucléaire, devient le leader européen du solaire et du vent et ferme des centrales à charbon. L'Allemagne achète de l’électricité nucléaire aux Français pas cher grâce au marché et lui vendent en retour de l’électricité cher en heure de pointe.

En 2012, le prix de l’énergie fossile qui avait flambé depuis des années retombe au plus bas.

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STRATEGIQUE RAZZIA CHINOISE SUR LE SOLAIRE ET LE VENT

Au début de la décennie 2010, s'inspirant des Allemands, les Chinois prennent une décision géostratégique : investir à fond dans les énergies renouvelables. L’environnement, ils s’en caguent. Mais ils analysent froidement le problème. Les énergies fossiles, ils en ont peu, juste du charbon qui emboucane toutes leurs villes. Leur soif énergétique est immense. Les Américains peuvent leur couper l’approvisionnement de gaz et de pétrole facilement. Quant au nucléaire, ils n’ont pas d’uranium et ils dépendent de la Russie ou du Canada. De plus, l’uranium est rare sur terre, il deviendra cher si sa consommation se développe. Le surgénérateur nucléaire est un échec chez les Japonais, les Américains et les Français, il est trop cher et compliqué. Le vent et le soleil, eux, sont locaux et gratuits. Pour des raisons géostratégiques, les Chinois décident de miser gros sur le solaire et l’éolien. Ils continuent, en attendant, de produire leur électricité au charbon, une énergie pas chère.

Les Chinois modernise la filière solaire qui va devenir compétitive. Ils comprennent que plus la filière est grosse, plus ils peuvent produire des panneaux pas chers. Ils construisent alors une industrie solaire énorme à coup de subventions. Un panneau sur deux installés sur terre, l’est en Chine. En contrôlant cette filière, ils vont pouvoir vendre leurs panneaux à la planète entière, ils sont les moins chers et tuent l’industrie européenne.

Ils comprennent surtout une notion importante. Si vous produisez un KWh électrique avec du gaz ou de l’énergie fossile, 80 % du cout de ce KWh va aux pays qui a fourni les matières premières (le gaz ou le pétrole). Dans les énergies renouvelables, c’est l’inverse, seuls 20 % du cout de ce KWh va dans le pays qui a fourni les panneaux ou l’éolienne. Avec les renouvelables, l’argent de l’énergie reste au pays.

Ils comprennent que pour cela, l’état doit mener une politique constante de soutien et des objectifs clairs. Ils comprennent que, pour exporter, leur industrie doit avoir un marché large, protégé et constant.  Ils font main basse dessus. Ils perfectionnent, taillent les prix et rendent le solaire compétitifs. En 10 ans, ils rayent l’industrie européenne qui avait mis au point la technologie.

Le solaire a un avantage sur l’éolien : s’il est lui aussi intermittent, il est beaucoup plus prévisible et régulier. On peut avoir un été sans vent, mais pas sans soleil. Les deux se marient bien. Quand il fait beau il y a du soleil, quand il fait mauvais, il y a du vent. Le vent est surtout présent l’hiver, le soleil surtout l’été. Les marges de progrès du solaire en coût et en rendement sont importantes alors que l’éolien ne peut plus beaucoup grossir, les éoliennes faisant déjà la taille de la tour Eiffel.

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PAS DE SOBRIÉTÉ ENERGETIQUE AVEC LE GRAND HUIT DU MARCHE

En 2007, je m’étais lancé dans les économies d’énergie. Le pétrole est alors au plus haut. L’énergie est dérégulée par l’Europe. On laisse le marché fixer son prix. Tragique erreur. Quand les prix de l’énergie sont bas, personne ne trouve rentable d’économiser l’énergie. Quand ils sont hauts, personne n’en a les moyens. Lorsque l'énergie coûte chère, tout le monde fait attention et l’économise.

En 2012, les prix de l’énergie retombent et la dérégulation bat son plein. Le prix de la facture électrique des entreprises sera mis en bourse. Par conséquent, L’Europe décide de mettre la santé financière de ses entreprises sous l’influence d’un prix qui dépend surtout du contexte extérieur.  Des gros industriels jusqu'aux boulangeries.

A partir de 2015, je décide de me lancer dans les énergies renouvelables. J’ai mis au point avec un ami un système de gestion de l’énergie efficace. Mais tous les deux nous faisons faillite car plus personne ne veut économiser l’énergie. L’Arabie Saoudite fait une guerre commerciale au gaz de schiste américain. Le prix de l’énergie est au plus bas. Des stations de ski aux boulangeries on ne pense qu’à sortir du marché régulé pour baisser sa facture. Et ça marche : les factures baissent de centaines de milliers d’euros. Les mêmes, qui quelques années plus tard pleureront auprès de l’Etat, ne jurent que par le Saint Marché et bêlent que l’Etat les laissent tranquilles.

En 2022, le prix européen de l’énergie explose avec la fin du gaz russe pas cher. Au lieu de débrancher ce système fou, rien n’est fait pour limiter la spéculation. Macron creuse un énorme trou dans la caisse de l’Etat pour la rendre supportable à ses électeurs et ne change rien. Il creuse le trou de l’Etat pour combler le trou des factures électriques.  Sa méthode est inefficace et coûteuse.

LE GRAND HUIT : DES MONTAGNES RUSSES

En 2016, alors que la plupart des installateurs solaires ont fait faillite en France, il reste une petite niche pour la production d’énergie renouvelable. Je me lance à cette époque dans le solaire photovoltaïque avec une clientèle de passionnés. Comme au début des années 2000, ils souhaitent faire sincèrement quelque chose. Ma petite entreprise fonctionne.

Les Chinois tuent le prix et les industries européennes. Le prix baisse, le rendement augmente vite. Les installations solaires sont de plus en plus rentables et productives mais le retour sur investissement dépend des aides de l’Etat. Elles sont rentables sans aides sur 20 ans mais tout le monde veut sauver la planète a condition de faire du fric. Sans carotte, pas d’investisseur privé et le secteur public ne veut rien faire.

Nous vivotons, mais tranquillement, le marché progresse au fur et à mesure que prix de l’électricité augmente. Celui-ci est tiré à la hausse. Il faut quand même entretenir un peu les centrales nucléaires vieillissantes. Le pillage d’EDF se voit et Macron veut vendre les barrages et les réseaux électriques, les pépites de l’entreprise.

A la fin des années 2010, Poutine s’allie avec les Pétromonarchies et décide de faire monter le prix du pétrole. Les Américains sont contents. Cette fin de la guerre des prix à la baisse allume le prix du pétrole et lance une révolte en France. Car Macron décide de taxer l’essence déjà chère pour compenser la fin de l’ISF. Cela énerve les classes populaires.

Poutine ayant amassé un pactole, il se lance en 2022 dans une guerre avec l'Ukraine. Elle fait flamber encore les prix de l’énergie. Les prix de l’électricité bondissent. Les énergies renouvelables deviennent alors compétitives. Le soutien aux énergies renouvelables rapporte même de l’argent à l’Etat quand le prix du marché est supérieur au prix de rachat.

Mais le soutien aux consommateurs en coûte beaucoup, surtout que rien n’est fait pour bloquer le prix de l’électricité et les spéculateurs s’en donnent à cœur joie. Toute guerre a vu ses prix flambés. Mais peu de guerres ont vu un gouvernement ne pas bloquer le prix des produits de base. Les ayatollahs du marché ne renoncent à aucun dogme même devant une évidence.

Alors la demande du photovoltaïque flambe, le prix du matériel chinois augmente, nos prix aussi en 2023. Tout le monde en veut. Mon téléphone sonne en permanence. Je fais le choix prudent de ne pas trop grossir. Beaucoup multiplie leur chiffre d’affaires par 5 ou 10. Je me méfie, je connais la chanson et m’attends à un retour de bâton. La flambée des prix de l’électricité a été due à deux problèmes : l'augmentation du coût du gaz et une série de pannes dans les centrales nucléaires. Il faut deux ans pour les réparer. Elles sont vieilles et le gendarme du nucléaire veille au grain. Il oblige EDF à de gros travaux en urgence. Les travaux sont effectués mais mettent en arrêt beaucoup de centrales. Cette saine intervention vaudra au gendarme du nucléaire d'être réorganisé pour le rendre moins exigeant. Les nucléocrates sont furieux, ces travaux ont provoqué une baisse importante de la production nucléaire et une flambée des prix de l’électricité.

Les renouvelables sont appelés en renfort et se développent à grande vitesse, leur soutien est accentué. La France et l’Allemagne construisent, en 2024, 5 GW de photovoltaïque, soit quasi la production d’une centrale nucléaire par an. Au lieu de mettre 20 ans, les énergies solaires et éoliennes se construisent vite.

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CHAQUE PROBLÈME A SON BOUC-EMISSAIRE

En 2024, les centrales nucléaires sont enfin réparées. Le prix du gaz baisse et conduit à une baisse des prix de l’électricité. Lors des épisodes de grands vents, les prix de l’électricité deviennent négatifs. Les projections de progression de la consommation électrique se révèlent fausses : l’électrification du chauffage et du transport se fait à vitesse lente. Il s’agit de remplacer les chaudières gaz et fioul par des pompes à chaleur électrique et les véhicules thermiques par des véhicules électriques. Les états européens mettent la pédale douce aux aides aux changements. De plus, cette période d’énergie chère a incité à une forte mobilisation sur le gaspillage énergétique. La peur d’un black-out a incité à de grandes campagnes d’économies d’énergie. Résultat, la consommation baisse de 10 %. Incroyable, on pouvait le faire !  Les multinationales de l’électricité s’agacent des prix négatifs. Au lieu de supprimer ce système absurde de marché électrique, il faut un bouc émissaire. La mode est au bouc émissaire pour tout. Ce sera les énergies solaire et éolienne. Alors que nous surproduisons de l’électricité décarbonée et importons des fossiles en masse, nous décidons de limiter l’électrification !  Le solaire et le vent vont devenir la variable d’ajustement du marché électrique : il faut réduire leur installation. Un bouc émissaire , il faut le disqualifier, il faut le dénigrer.  Affirmer que ces énergies ne sont que travers et incohérences et amener les gens à jeter le bébé avec l’eau du bain. Les erreurs sont réelles :  le choix d’électrifier les véhicules haut de gamme en premier a créé le sentiment que le véhicule électrique n’est qu’un luxe de bobo. Le changement d’habitude est problématique. Pour les pompes à chaleur, la volonté de faire vite, poussent les prix à la hausse et encourage les escrocs. Ne pas former les techniciens multiplie les contre-exemples. Mais le temps énergétique n’est ni le temps du marché ni le temps politique.

Parfois les pro-fossiles voient arriver un renfort surprenant avec les radicaux écologistes. Ils rappellent que le modèle du « tout bagnole et toute maison individuelle » nécessite beaucoup d’extraction et que passer à l’électricité n’est pas suffisant. Cette vérité est simple à comprendre. Mais le discours se polarise et se simplifie rapidement, l’époque du buzz simpliste le veut. Pour nombre d’entre eux, l’électricité est un mal par principe et la voiture électrique aussi polluante que la thermique. Ce discours infuse dans le changement. Dans la contrainte au changement, peu de monde veut changer ses habitudes ni y laisser de l’argent. On ne sacrifiera rien à son confort et ni à sa consommation de loisirs pour la planète.

Tout le monde veut sauver la planète à condition que cela ne change rien à ses habitudes et ne coûte rien. C’est toujours la faute des autres.

Le discours enfle et la haine des voitures électriques devient forte. Les énergies solaires se prennent le même shitstorm (tempête de merde) que l’éolien. On les accuse de tous les maux. Largement relayés par les lobbies pétroliers, ces discours rentrent dans la tête. La multiplication des centrales solaires provoque des aberrations. Les plus crasses sont celles qui consistent à raser des forêts pour faire des centrales PV. Les forêts sont du foncier pas cher dans des lieux ensoleillés. De plus, le choix d’un tarif national favorise l’installation de celles-ci aux mêmes endroits : le sud. L’instauration d’un prix départemental est réclamée par la filière. Un stagiaire ferait le calcul en une journée mais rien n'y fait, le prix reste national. Là où la planification est indispensable, le Saint Marché génère la bêtise.

Des projets fleurissent sur les terres agricoles, il s’agit de mettre des panneaux sur les cultures agricoles sans gêner la culture. Mais le choc visuel est important : l’industrialisation de l’agriculture devient visible.  L'industrialisation de l'agriculture est quasi généralisée depuis des décennies, mais le visuel lui n’est pas trop atteint : un champ de colza plein de pesticides, d’engrais et sans aucune biodiversité paraît plus naturel qu’un maraîchage bio avec des panneaux solaires. Un million d’hectares de biocarburants fabriqués par l’industrie chimique agricole passe sans trop de critiques. Son bilan économique est critiqué par Bercy pour son coût. La Commission européenne est assassine sur son bilan carbone.  Le projet de 50 000 hectares d’agrivoltaïsme est fermement critiqué par les radicaux écologistes et la droite extrême. Bien que la biodiversité soit attaquée en premier par l’industrie agrochimique, toute artificialisation par l’industrie solaire est dénoncée. Parfois avec raison, parfois par principe. Il est vrai que le concept d’artificialisation est complexe. Un terrain agricole avec 30 ans d’agrochimie aura une biodiversité nulle. Transformé en lotissement, il verra sa biodiversité augmentée. Mais le ressenti d’artificialisation n’est pas le même. 

De toute façon seul le ressenti personnel gouverne une société qui pêche à la biaise son avis sur les réseaux.

Les énergies solaire et éolienne sont diffuses et voyantes. Pour leurs dénigreurs, elles gâchent le paysage, ne sont pas recyclables, elles consomment trop de matières premières. En effet, elles consomment beaucoup de matières mais elles produisent de l’énergie. Le tourisme, internet, eux ne sont que peu interrogés, pourtant ils ne font que consommer et ne produisent pas de besoins primaires. Les véhicules électriques pourraient être simples, légers, lents et pas chers mais on a construit des gros teslas. Nous pourrions faire de simples voitures électriques roulant à 90 km/h. Elles seraient peu onéreuses. À condition de renoncer à la vitesse. Passer de 130 à 90 km/h permet à une voiture de consommer moitié moins. Et pour une voiture électrique, cela permet d’aller deux fois plus loin. Elles économisent pourtant 25 % de leur énergie en récupérant le freinage. Elles pourraient sans problème durer 25 ans.

Le bébé voiture électrique est né dans le bain consumériste et il est jeté avec l'eau du bain.

Les énergies du vent et du soleil gênent les multinationales du fossile même si elles en ont pris le contrôle. Leur rentabilité est moindre en comparaison du pétrole et du gaz.

La France pays du fromage et de l’atome.

Les pronucléaires, galvanisés par leur gourou Jancovici ont converti nombre de français au nucléaire. De nouveau, le nucléaire a le vent dans le dos, il l’aura jusqu'à la prochaine catastrophe qui arrive statistiquement tous les 20 ans.

Aucun argument rationnel ne semble toucher ses partisans :

 - Souveraineté : Alors que pas un gramme d’uranium ne vient de France, que notre principal fournisseur est un pays avec lequel on est en conflit, la Russie, les partisans du nucléaire ne s’empêchent pas de réclamer plus de nucléaires au nom de la souveraineté.
- Guerre : en cas de conflit, les centrales sont des cibles stratégiques indéfendables : l’Ukraine le démontre. Contrairement au nucléaire, la multiplicité des centrales solaires et vent rend le réseau résilient. Et pourtant, les militaires français sont les plus ardents défenseurs du nucléaire, ils détestent les éoliennes !
- Climatique : tarissement des fleuves et montée des eaux menacent leur refroidissement. Pour les partisans il y a zéro souci. Même si la Loire est à sec régulièrement l’été. Des centrales ont déjà dû être arrêtées en pleine canicule quand on doit climatiser les villes. Le solaire produit à fond en cas de canicule.
-Budgétaire : Le fait que l'énergie nucléaire coûte cher et soit obligatoirement très subventionnée n’empêchent pas ses partisans de dénoncer le gaspillage de l’éolien deux fois moins cher.
- Prévisionnistes : Quand RTE (Réseau Transport Electricité) présente un scénario 100 % renouvelable, il est ignoré. Pourtant il était au même prix qu’un scénario avec du nucléaire, réalisable. Que vaut une étude sérieuse de centaines de personnes pendant des années face à un coin de table de Janco.
- Coûts globaux : cette industrie nucléaire ne s’assure pas, pourtant pour les mobylettes c’est obligatoire. Elle ne provisionne pas pour le démantèlement des centrales nucléaire : il n’y a rien dans la caisse de démantèlement. Ses déchets doivent être gérés pendant des milliers d’années.
Avec les mêmes contraintes que les renouvelables, c'est-à-dire démantèlement, assurance et gestion des déchets, son coût global serait inabordable. Mais pour le lecteur du Point, ce sont les Énergies renouvelables qui sont assistées. Ils ont podcasté le récit des pilleurs d’EDF racontant comment les écolos ont tué le nucléaire et la France.  Plus c’est gros, plus ça passe, disait Goebbels.

Si le marché de l’énergie a été régulé pendant des décennies après-guerre et dans de nombreux pays, ce ne fut pas pour rien. D’abord, c’était très simple à faire. Contrôler la vente du pétrole ou de l’électricité n’a rien de commun avec le contrôle du marché de la baguette de pain. L’Etat fixait le prix du kWh ou du litre de pétrole au consommateur et celui au producteur. De toute façon, le consommateur n’allait pas forer un puits dans son jardin. Cela marchait drôlement bien, mais ce système laissait les capitalistes sur leur faim. Un marché garanti amène des taux d’emprunts bas et rend la marge faible pour le banquier. Pire, dans ce cadre, la spéculation est absente.

Heureusement, la frustration des spéculateurs a été cette 25 dernière année totalement réduite. Mais le revers de ce choix est une politique de courte vue dans un domaine fondamental de notre société, l’énergie.

En 2022, les prix énergétiques affolent la société et fabrique une vaste inflation généralisée. En 2022, face à la hausse, Macron balance des pelletées d’impôts. Mais en 2024, les prix de l'énergie s'écroulent. En 2025, Macron décide de réduire la production des renouvelables. En France, le pouvoir veut relancer le nucléaire, il faut par conséquent réduire le solaire et l’éolien. Plus exactement, la hausse de la production doit se réduire. Nous mettons donc la pédale douce pour faire 20 % de solaire en moins. L’éolien terrestre est déjà réduit à pas grand-chose. Leur justification : si nous continuons à installer du solaire, le marché électrique va encore plus s’effondrer régulièrement. Il est hors de question de changer un système fou et de revenir à un marché régulé, simple et efficace.
Fermer des centrales nucléaires à bout de souffle ayant plus de 40 ans, impensable.
Rétablir le monopole d’un opérateur public assurant la prospérité à tout un pays, anachronique.
Pour les fondamentalistes du marché et les fondamentalistes du nucléaire, il devient urgent de tuer le solaire et le vent en France.

Car maintenant tout le monde s’intéresse à l’énergie. Avant tout le monde s’en foutait. Maintenant tout le monde se désinforme.

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MORATOIRE SOLAIRE : MORT A TOIT SOLAIRE

 Ce 12 février 2025, il a été décidé de réduire à néant l’éolien sur terre sous prétexte de zones militaires. Ne seront gardées que les éoliennes en mer, beaucoup plus chères, mais invisibles.

Il a été décidé aussi de réduire à pas grand-chose le soutien au solaire photovoltaïque sur toiture. Comme en 2011, la filière va être rasée, des milliers d’entreprises fermées et des milliers d’employés congédiés. Les grosses centrales au sol seront moins impactées car elles appartiennent à de grosses multinationales. On continuera ainsi à préférer raser des forêts plutôt que de faire des toitures solaires. (Voir mesures en annexes). Il faut dire qu’un tas de gens devenait petits producteurs d’électricité : plus de 500 000.

Le climat et nos enfants paieront le prix cher à long terme de tous nos choix à court terme. Si nos petits-enfants ne prennent pas soin de nous, je ne serais pas étonné.

Électrifier l’énergie et produire avec du vent et du soleil permet à des pays sans ressources fossiles de moins importer. Même fabriqués avec des panneaux chinois, les ¾ de la valeur restent dans le pays, alors que pour le fossile, c’est l’inverse. Nous aurions pu aussi décider de réindustrialiser la production de panneaux en France et de faire des éoliennes. Mais les anciennes éoliennes d’Alsthom vendues à General Electric vont fermer en 2026, Photowatt symbole historique va être démantelé et les usines programmées en France semblent être mal barrées par la politique de comptable macroniste. Si De Gaulle gouvernait encore, il ne relancerait pas le nucléaire comme le souhaitent ceux qui se réclament ses héritiers. Il n’aurait pas mis longtemps à comprendre les avantages du vent et du soleil et nous aurions un grand programme de développement.

Voilà, moi je vieillis, mais j’ai l’impression d’être dans un jour sans fin, où à la fin le nucléaire gagne….

 En 2025, en tant qu’installateurs photovoltaïques artisanaux sur toiture, nous allons donc faire faillite. Nous avons depuis une décennie beaucoup formé de jeunes apprentis, payés par les impôts en grande partie. Nous générons 4 milliards de CA et payons beaucoup de cotisations et impôts comme toutes les petites entreprises. Alors que nos salariés commencent seulement à devenir performants, il est temps de les mettre au chômage et de les désespérer. Nous avons acquis nombre de compétences que nous devons oublier. Certains ont beaucoup investi et devront laisser un champ de dettes.

Les Jancovistes ne manqueront pas d'autojustifier leur propos. Nous vous l’avions bien  dit ! Elles n’avaient pas d’avenir (en France,alors que dans le reste du monde oui).
Janco ne craint pas la faillite, il n’a jamais vendu que de la RSE (Responsabilité Social Environnemental), c'est-à-dire du pipo. Il a offert des données de prévisions fausses.  Le jour du prochain accident nucléaire, vu la vétusté des centrales, vu la fin du gendarme voulu par Macron, nous insisterons pour qu’il parte avec ses coreligionnaires avec une pelle et un sceau nettoyer ce truc sans danger qu’est un accident nucléaire comme il le prétend.
Au prochain black-out de canicule, nous l’aurons sur les plateaux télé à dire, « j’avais raison car je suis ingénieur des mines ! »

Nous qui risquons depuis des années notre vie sur des toits dans le froid de l’hiver, sous la canicule l’été, nous avons perdu face aux influenceurs d’internet. La vérité est que nous, les artisans, ne sommes pas une grosse société influente politiquement.

Les fondamentalistes du marché ont gagné encore une fois. La rationalité recule toujours plus. Être antirenouvelables est contre l’avenir des enfants. Si elles ne sont pas sans défauts, elles sont un des extincteurs face à l’emballement climatique. La sobriété est indispensable mais plus compliquée à mettre en œuvre. Nous devons commencer par le plus simple tant que la société refuse cette évidence. Notre société consomme plus de 80 % de son énergie issue de fossiles étrangers. Nous avons de la marge avant de faire trop d’énergie solaire et éolienne même si nous réduisions de 50 % notre consommation d’énergie (un effort que personne ne veut faire). Pas de société sans énergie, cela n’existe pas.

Dans le monde de la série « La petite maison dans la prairie », un tiers des champs servait à faire de l’énergie. Pour les écolos radicaux qui réclament avec justesse cette sobriété, nous disons, attendez avant de crier à trop de solaire et du vent. De plus, ils doivent critiquer d’abord les énergies renouvelables les plus néfastes : les biocarburants et la biomasse. Elles ont beau être plus naturelles, elles sont plus problématiques. C’est contre-intuitif, mais c’est la réalité. Les deux ont comme inconvénients majeurs d’utiliser la photosynthèse et d’interagir avec le cycle du carbone et le cycle du vivant. Elles occupent énormément de champs, forêt et espace. Une centrale solaire produit 20 à 40 fois plus qu’un champ de biocarburants à surface égale. Le rendement de la photosynthèse est de 1 à 3 %. Celui du photovoltaïque de 22 % et progresse rapidement.

Méfions-nous de ne pas être les idiots utiles des tous ceux qui détestent le solaire et le vent : les puissances fascistes Trumpienne, poutinienne, les pétromonarchies absolues bigotes. Ils ne ménagent pas leur propagande. Ces puissances influencent pour mieux démolir. La multiplication de la propagande sur les réseaux sociaux est aussi leur contribution.

Les seules ressources énergétiques sur terre en quantité abondante n’interagissant pas avec le cycle du carbone du vivant, ayant le moins d’impact sur le vivant sont le soleil et le vent.

Un système économique qui déforme la réalité physique et rend instable une société est un système défaillant. Persister dans l’erreur du dogme est le symptôme de tous les fondamentalistes doctrinaires.

La France est un des rares pays au monde démocratique, où l'Etat a fait du nucléaire sa religion et sa doctrine. Le nucléaire, la bombe A et les centrales nucléaires sont les derniers attributs de grande puissance de la France. Vendre des centrales nucléaires et des armes fait partie de ses maigres attributs restants. Mais l’industrie nucléaire a été dévastée par la désindustrialisation de la France.

Choisir de désindustrialiser la France et de relancer le nucléaire en même temps est comme choisir de grimper une montagne et de jeter ses habits chauds en même temps.

La volonté de la droite et de l’extrême droite de conserver à tout prix cette industrie nous coûtera une fortune. Les vieux sont arrivés à convaincre la jeunesse de la pertinence de cette industrie. 66 % des Français la soutiennent contre la moitié il y a 10 ans.

Si les renouvelables sont forts pour faire fonctionner leur centrale, ils sont minables en communication et influences. Chez les pronucléaires, c’est l’inverse.

Le match est gagné. La France va investir dans l’EPR 2 soit l’EPR avec moins de contraintes de sécurité. Le tout avec une autorité de sûreté nucléaire light ! Le budget est difficile à estimer et le devis de leur construction retardé à la fin de l’année. Rien que cela présage du retard de leur fonctionnement réel. Au bas mot, 100 milliards d’Euros. EDF veut construire une centrale par an en Europe !  Dans ce projet, pas de loi du marché, pas d’investisseurs privés grassement rémunérés. Prêts d’argent à 0 %, aides au rachat des kWh produit. L’effort français dans le nucléaire sera considérable et endettera EDF 100 % public pour des décennies. 100 milliards devront être investis dans le replâtrage des centrales existantes. Le nucléaire même aidé de cette manière coûtera cher. Même sans assurance, démantèlement et gestion des déchets. Les centrales seront à la charge des générations futures et de leurs impôts. Le match Solaires&vent versus Nucléaire est truqué. Les uns ont un investissement à 0 %, les autres doivent fournir un 6 à 9 % à leur actionnaire.  Or la rémunération de l’investissement détermine le prix de l’énergie, vu que leurs coûts de fonctionnement sont faibles.

Pour le toit solaire du particulier 4 c€/KWh, soit moins que le coût de revient. Le tapis rouge pour le nucléaire.

Nous pourrions sortir le solaire et le vent du marché. Imaginez que pour chaque éolienne implantée sur un territoire, les habitants en voient le fruit avec une réduction sur leur facture selon leur proximité de l’éolienne.  Imaginez qu’EDF propose aux particuliers ou aux bailleurs HLM et privés de financer à 100 % leurs toits solaires. En contrepartie, ils toucheraient une réduction de 20 % sur leur facture électrique en fonction de leur production. Les kWh produits resteraient la propriété publique. Tout le monde pourrait accéder à la production. Le solaire ne financerait pas seulement les plus riches capables d’investir. EDF autoriserait la production en fonction des contraintes du réseau et planifierait les travaux sur les réseaux. Une réduction serait accordée sur la facture en fonction de l’autoconsommation. Les centrales solaires et éoliennes seraient réparties de manière plus homogène sur le territoire. La concertation éviterait de les concentrer sur des territoires désertiques sans défense et de piller les forêts du sud de la France.

Macron a choisi des mettre tous ses œufs énergétiques dans le même panier nucléaire. Chez nos responsables politiques, l’amour du nucléaire est maintenant une religion de forcené. Ils ignorent la maxime de base en énergie : "toute énergie n’est rien sans sa maîtrise". Le nucléaire est complexe pour le plus grand plaisir de nos ingénieurs des mines. La simplicité est la clé de la robustesse et du pas cher. Mais pour celui qui est resté dans la théorie et les calculs de coin de table, la complexité l’importe peu :  ce n’est pas lui qui va réparer.

Ce choix du tout nucléaire engagera la France pour des décennies et nous coûtera une fortune. Mais comme me disait un ancien du nucléaire : « quand c’est simple et rentable, c’est privé ; quand c’est compliqué, cher et risqué, c’est public »

Dans l’énergie, on partage les emmerdes mais pas les bénéfices…

Avant de licencier les employés, fermer la boutique, changer de métier, je voulais témoigner.

Une petite affirmation en conclusion :

Débranchons le marché de l’électricité !
Pour un marché de l’énergie simple, réglementé et public, sans spéculation.

Le marché de l'électricité est un obstacle à la transition énergétique.

 Il est cet éléphant dans la pièce que personne ne voit quand il parle d’énergie.

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ANNEXES:

Evolution du marché spot electricité

En 2024, les prix sur les marchés de l’électricité ont poursuivi leur net recul avec un prix spot moyen en France de 58€/MWh (contre 97€/MWh en 2023 et 276€/MWh en 2022).

Le cadre réglementaire pour le soutien aux petites et moyennes installations solaires photovoltaïques < 500 kWc est en pleine évolution. Le gouvernement a récemment proposé des mesures fortes qui soulèvent de fortes incertitudes pour la filière.

  • Nouvel objectif en net recul de 65 GW électrique à l’horizon 20235 contre 75-100 GW précédemment. Cela représente environ 5 GWc de capacités raccordées chaque année (soit env. 4GW électrique, dont 50% via l’arrêté tarifaire < 500 kWc)
  • Tarif en vente totale supprimé pour les installations < 9kWc et forte diminution du tarif en vente de surplus (division par trois pour passer à 4c€/kWh). Division par deux de la prime à l’investissement
  • Baisse de la TVA à 5,5% pour les installations < 9 kWc (contre 20% actuellement sur le segment 3-9 kWc). Cette annonce reste à confirmer et rentrerait en vigueur seulement en octobre 2025
  • Légère baisse de 10% du tarif sur la tranche 100-500kWc (9,5c€/kWh) et dégressivité soutenue en cas de dépassement des objectifs. Ce tarif semble mettre en péril la rentabilité de beaucoup de projet sur toiture et ombrière, notamment en vente de la totalité.
  • Mise en place d’un critère « résilience » sur la tranche 100-500kWc dès 2026 pour favoriser l’industrie française et européenne à partir de l’année prochaine (avec nouveau tarif à 10,5c€/kWh)

 https://silogora.org/la-liquidation-du-service-public-de-lenergie-un-bilan-desastreux/

https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-29-automne-2021/dossier-l-energie-dans-la-transition-ecologique/article/la-necessite-d-un-service-public-de-l-energie-sous-controle-citoyen

https://strategie.archives-spm.fr/cas/content/rapport-la-voiture-de-demain-carburants-et-electricite-0.html

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