"Ici encore 900 HLM disparaissent", des militants du DAL occupent le toit d'un immeuble à Paris

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Pas facile de se faire entendre avec un gros pétard lorsqu’une bombe explose. Cette image illustre la peur que l’on ressent lorsque des militants organisent une action alors que l’actualité est saturée d’un événement majeur qui, normalement, prend toute la place. Même si l’action était symbolique, le sujet qu’elle soulève est très important : le pillage du plus grand patrimoine public, le logement social, qui représente 500 milliards d’euros. Il s’agit du patrimoine des classes défavorisées et moyennes de France. Il faut dire que la défense de ce patrimoine est délaissée par les organisations de gauche et leurs médias.
L’occupation d’un toit d’un HLM et le déploiement d’une banderole ont été réalisés par Droit au logement. On peut y lire : « IDF : 800 000 familles mal logées. Ici encore, 900 HLM disparaissent. »
Le quartier Python-Duvernois, situé dans le 20e arrondissement de Paris entre les portes de Bagnolet et de Vincennes, fait l’objet d’une vaste opération de rénovation urbaine qui utilise la « mixité sociale » comme prétexte pour déloger les employés à faible revenu et les remplacer par des classes sociales plus aisées.
Depuis deux décennies, la démolition des HLM sert de prétexte pour expulser les pauvres et les remplacer par des classes moyennes aisées. L’opération est très lucrative et bien orchestrée depuis 20 ans.
La recette est complexe, mais tout commerçant véreux vous dira qu’il n’y a pas d’enfumage sans complexité.
La ville évolue au fil des décennies, et un bâtiment situé dans un quartier populaire peut se retrouver dans un secteur plus huppé. La création de lignes de transport peut rendre ce quartier attractif.
LA RECETTE
1) TROUVER UNE CIBLE
Vous prenez un ou des bâtiments devenus au fil du temps bien situés.
2) AGGRAVEZ LES PROBLÈMES
Cessez d’entretenir ce ou ces bâtiments. Si, en plus, ils sont stigmatisés parce qu’ils deviennent le point de rencontre des dealers, c’est encore mieux. Les personnes à faible revenu du quartier n’ayant d’autre choix que de vivre dans ces immeubles, elles se retrouvent concentrées en un seul endroit.
3) INTIME L’ORDRE LA MIXITÉ SOCIALE :
La diversité sociale est devenue le cheval de Troie de cette initiative. Les partis de droite et de gauche l’exigent avec véhémence. Sur le papier, c’est une idée séduisante. Mais, comme souvent, on ne la réclame qu’auprès des personnes à faible revenu : la mixité sociale n’est jamais demandée aux écoles privées catholiques ni aux quartiers aisés. En réalité, les gens riches rejettent la diversité sociale, en particulier dans l’immobilier. Il suffit de voir les réactions lorsqu’une municipalité décide de construire un logement social dans un quartier aisé.
Le gouvernement Jospin instaure il y a 25 ans la loi SRU c’est-à-dire l’obligation de construire un quota de HLM pour chaque ville. La droite hurle, mais la loi passe. Chirac ne la remet pas en cause malgré la demande de sa majorité. Le concept de mixité sociale est avancé pour la défense de cette loi.
Par une technique d'Aïkido politique, la droite va retourner ce concept contre les plus pauvres. Les émeutes de 2005 dans les quartiers font que la bourgeoisie de gauche et de droite conclut qu’il faut détruire les ghettos et promouvoir la mixité sociale. On ne s’interroge sur les pratiques racistes de la police ni sur l’appauvrissement des classes populaires frappées par la mondialisation. Il est bien connu que les gens des quartiers se lancent dans le trafic de drogue pas à cause du chômage mais parce qu’il habite une grande barre d’immeuble. « Écroulons les immeubles et le trafic de drogue mourra dans les décombres. »
En 2007, Sarkozy est devenu président, il lance L’ANRU : la machine est lancée. Elle est présentée comme une machine à rénover les quartiers mal construits, qui parfois vieillissent mal. L’ANRU aspire 45 milliards en 25 ans. Elle lance la rénovation de nombreux quartiers. Beaucoup d’immeubles construits dans les années 60 et 70 sont de grandes tours. Leur particularité, avoir beaucoup de terrain autour d’elle. Leur destruction permet de récupérer du terrain. Dessus on construit un peu de logement social et au nom de la mixité sociale, mais aussi du logement pour classe moyenne aisée. Pourtant rénover coûte souvent deux fois moins cher et écologiquement préférable. Le choix de la destruction est privilégié : abattre des quartiers stigmatisés pour leurs trafics permet aux maires de se vanter d’avoir fait quelque chose contre ses trafics. Elle les disperse, ils sont moins visibles.
4 ) RACONTER UNE JOLIE FABLE AUX HABITANTS :
Avant une démolition, deux phrases à affirmer et réaffirmer « Nous allons démolir votre quartier mais vous allez être tous relogés ». « Nous le ferons en concertation avec vous. »
« Il faut toujours caresser le lapin avant de lui briser l’échine, c’est plus facile, il ne s’échappe pas, c’est comme les humains » me racontait un paysan en se marrant.
Le quartier ciblé, l’ANRU arrivé avec sa propagande, voilà la concertation : réunion de quartier, blabla, techniques de réunion moderne : on s’amuse à remplir des Post its et on s’inspire des techniques d’expression issues de l’éducation populaire. On est à l’écoute, on préfère la technique du « Cause toujours » à celle du « Ferme ta gueule ! ». À ce moment intervient l’enfumage pour casser toute opposition. Les habitants pensent qu’on va leur rénover leurs immeubles mal entretenus et les reloger comme avant. La réalité est la démolition des immeubles et un relogement des habitants dans un rayon important. Dès qu’un logement HLM se libère ou construit, ces habitants sont prioritaires. Bilan, la liste d’attente au HLM s’éternise. Les habitants sont éparpillés façon puzzle. Les amitiés, et relations sociales nouées sur des décennies sont brisées. Imaginez, vu la délinquance et le manque de mixité sociale que l’on propose de raser Neuilly et disperser ses habitants dans tout le département ?
Parfois des associations ou collectifs soufflent sur l’enfumage et des habitants s’inquiètent et protestent. Pire, ils commencent à lutter. Vite, les meneurs se voient proposer une alléchante offre de relogement. Dur de résister. Les immeubles sont détruits malgré le coût. Les quartiers voisins sont ravis de voir les plus beaux remplacer les plus laids. Les mairies touchent de plantureuses taxes. Elles vont pouvoir payer le programme de travaux du maire : réfection de trottoirs, médiathèque. Ces taxes seront d’autant plus élevées que la reconstruction sera la moins sociale possible.
Dans le cas de ce projet de réhabilitation, seuls 200 logements sur les 695 du quartier Python-Duernois seront reconstruits en HLM PLAI, c’est-à-dire des logements très sociaux. Les autres, soit 70 unités, seront construites selon les standards de le HLM. Cela signifie que 475 logements seront destinés à la classe aisée, non éligible aux HLM. Ainsi, 450 personnes à faible revenu iront se faire reloger ailleurs, souvent assez loin. Elles devront faire une longue distance pour se rendre au travail.
Le collectif-stop démolition dénonce cette chasse aux pauvres. Le pire est qu’elle est fiancée par l’argent collecté pour la construction de logement. Le 1 % logement fut transformé en Action Logement en 2009. Gérée depuis 1943 par les syndicats de patron et de salariés, elle finance l’ANRU. Macron la ponctionne allégrement depuis 8 ans. Les offices HLM sont friands de ces opérations. En voie de privatisation, les offices HLM sont en aussi ponctionné depuis 8 ans par le mal nommé « Réduction de loyer de Solidarité ».
Le crime est parfait. Les mairies et les offices HLM sont complices de ces destructions. Cette épuration sociale passe crème. La crise du logement est devenue tellement criante que la propagande s’use. Les AIRBNB chassent les habitants du centre-ville. La privatisation du logement social et sa vente ont réduit la production de logement réellement social à 40 000 par an.
Les prix s’envolent au plus grand bonheur des propriétaires et des rentiers.
Face à cette indécence, il est grand temps de parler de ces démolitions, que les organisations et médias se mobilise comme le DAL pour les stopper. Il est temps que les organisations de gauche soutiennent les classes populaires contre cette épuration sociale et ce colonialisme tranquille.
La lutte pour le droit au logement est une lutte éminemment anti -raciste et féministe : les =victimes de la crise du logement sont nombreuses, mais les plus atteints sont le plus précaires.
Il est clairement corrélé que l’acceptation des migrants est moindre dans les pays en crise du logement et qu’une des grosses difficultés des femmes victimes de violences est le logement.
STOPONS LA DEMOLITION DU PATRIMOINE PUBLIC.
Pour en savoir plus :
https://www.droitaulogement.org/2025/06/23465/
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