Croquis de vie (et de mort) dans un quartier populaire de Belgique
Mardi 21 avril 2020: il fait beau, je me mets à la fenêtre du premier étage, pour profiter, malgré le confinement, d’un soleil qui a l’air d’ignorer le virus … et je vois mon premier mort.
L’ambulance du SMUR (service d’urgence et de réanimation) est là, immobile et silencieuse. Les pompiers aussi qui déploient leur grande échelle devant une maison. Deux pompiers y entrent, pour en ressortir quelques instants plus tard avec une housse mortuaire.
Pendant que les pompier descendent lentement ce mort, deux personnes d’une des plus grandes entreprise (de télévision, internet, téléphonie) continuent à travailler sans masque chez un particulier. Ces personnes voient aussi la même scène que moi qui a lieu à quelques mètres d’eux.
La superposition de ces deux images montrent l’absurdité du moment que nous vivons.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Vendredi, une ambulance s’arrête devant soi. Les ambulanciers se pressent vers une maison proche de la mienne. Ils en sortent quelques instants après, avec une homme jeune sur un brancard, mal en point, blême et équipé d’un respirateur. La même personne chez qui les travaux avaient eu lieu.
Personne ne sait si deux personnes avaient contracté le Covid-19. On peut mourir de bien d’autres choses pendant une pandémie.
Il reste cependant de multiples questions: Comment des travailleurs sont envoyés sans masque travailler chez des particuliers (j’ai aussi vu l’entreprise concurrente de celle dont je parle, qui faisait travailler des personnes sans masque, un jour avant)? Pourquoi les met-on en danger ainsi que les personnes chez qui ils travaillent? Les travailleurs vont-ils être avertis qu’ils ont peut-être été en contact avec une personne potentiellement contaminée?
Le gouvernement belge nous a annoncé déconfinement pour le début du mois de mai, ce que j’ai vu à ma petite échelle, me fait penser que nous allons vers une catastrophe annoncée.
J’espère qu’il seront tenus responsable de la manière dont ils ont géré (et continuent à la faire) cette pandémie et que nous n’oublierons pas ce qu’ils nous ont fait.