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Billet de blog 1 octobre 2012

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Hollande, les journalistes et l'intox

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

HOLLANDE , LES JOURNALISTES

ET  L’INTOX

          Tel le baobab centenaire projetant son ombre séculaire sur la plaine, le fantôme de Sarkozy enveloppe la savane française dans un manteau qui rappelle le règne du Roi Lion triomphant. C’est la première fois que, sous la cinquième République, un président battu hante ainsi son parti.  Jusqu’à maintenant, les chefs d’état de droite battus aux élections se taisaient, disparaissaient, comme châtiés par leurs électeurs et leur parti. Or, l’U.M.P. et ses dirigeants actuels se livrent à une danse du ventre devant un ex-président qui leur a fait perdre le Sénat, l’Assemblée Nationale et d’autres élections intermédiaires, sous son règne de cinq ans. Les dirigeants de l’U.M.P. sont-ils si démunis politiquement et intellectuellement, qu’ils passent leur temps à appeler au secours un loser ? S’ils n’ont rien d’autre à proposer aux Français que «Sarkozy, reviens ! », l’horizon de l’élection présidentielle de 2017 paraît bien engorgé pour le parti de droite.

          Quant aux journalistes, shootés au bougisme, à l’hyper-présidentialisation et aux déclarations de bateleur du président sorti, ils sont, eux aussi, en manque. C’est préoccupant.

          A longueur de plateaux de télévision, de micros de radios et de presse écrite, fallacieusement, s’incruste dans le corps social l’idée que Hollande a déjà perdu son quinquennat au bout de quatre mois de présidence ; que Sarkozy doit revenir ; que, bientôt, selon un syndicat de droite, le peuple va se révolter et descendre dans la rue. Comme le Général De Gaulle, Sarkozy deviendrait alors le recours. Intox que les instituts de sondages accompagnent allégrement d’études douteuses.

          On peut  même suivre, sur une radio périphérique, une émission quotidienne animée par un journaliste qui pratique sans arrêt du «Hollande  bashing». On se demande s’il a une carte de presse…ou une carte de l’U.M.P. A la fin de chaque émission, il demande par téléphone aux auditeurs de voter. A chaque fois, ceux-ci sont d’accord avec lui…à 90% ! A tel point qu’on se pose la question de savoir  si ce ne sont pas uniquement les électeurs de l’opposition qui votent. Personne, chez les socialistes, ne proteste. Le C.S.A. ne s’interroge pas davantage. Peut-on faire ainsi de la propagande au nom de la liberté d’expression ?

          Sous Sarkozy, les journalistes étaient plus ou moins – à quelques exceptions près -  le doigt sur la couture du pantalon. Lui-même n’avait pas hésité à décréter la nomination du P.D.G de l’audiovisuel public - situation qui ne s’est jamais rencontrée dans un pays démocratique.

           Messieurs les journalistes et les communicants, sachez que le pouvoir a changé. On vous demande, non pas de vous mettre au service du pouvoir socialiste, mais de vous désintoxiquer du bougisme sarkosyste.

           Les socialistes, s’ils veulent que leur politique ait un écho positif  chez les citoyens déboussolés par la crise et la gestion arbitraire du pouvoir précédent, qui a ignoré les corps intermédiaires, piliers de la République, doivent cesser leur pudeur et affirmer leur autorité de gauche, sans complexe et partout. La droite doit bien comprendre que, si la politique de Sarkozy avait été si excellente, les Français ne l’auraient pas éconduit.

          La République est fragilisée par la crise. Les citoyens deviennent, peu à peu, des hères désespérés, prêts à tomber dans les bras de n’importe quel camelot. Les politiques qui, attirés par l’appât du gain, seront tentés de surfer sur les peurs des citoyens, auront des comptes à rendre à la Nation. L’histoire est là
pour nous rappeler que la République est intangible quand ses citoyens mettent, au-dessus de tout, la cohésion nationale.

 N’oublions pas que « le mensonge et la crédulité s’accouplent et engendrent l’opinion » Paul Valéry (Mélanges)

  1. A.          DE KITIKI

(30 septembre 2012)

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