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Billet de blog 2 décembre 2017

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LES ERREMENTS DE L'AMBASSADEUR DE FRANCE A BANGUI

L'ex-Ambassadeur de France en Centrafrique monsieur Charles Malinas se livrait à des trafics de visas. Il les délivrait à des activistes musulmans. Si tôt arrivés en France ils étaient fichés 'S' par le ministère ,de l’intérieur...

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                                                                                               CENTRAFRIQUE :

                                                   LES ERREMENTS D’UN AMBASSADEUR DE FRANCE A BANGUI

UN TRAFIQUANT 

          C’est une déflagration, c’est suffocant ! Décidément, rien ne se passe en Centrafrique comme ailleurs. Nous apprenons, avec stupéfaction, que l’ex-ambassadeur de France à Bangui, Charles Malinas, se livrait à des trafics de visas ! Les vendait-il ?

          Il en délivrait à des extrémistes musulmans qui cherchaient à rejoindre les rangs des combattants de Daech via la France. Sitôt arrivés à Paris, ces futurs djihadistes étaient pourtant fichés « S » par le ministère de l’Intérieur français, qui doit donc sûrement savoir le nombre de « fous d’Allah » qui projettent de transformer la République Centrafricaine en État islamique. Le diplomate ne s’est-il pas un instant douté de ce à quoi allaient servir ces visas ? Ambassadeur de la France, il ne pouvait qu’être informé, par les services compétents, des projets séparatistes de certains musulmans en Centrafrique. Il était donc à même d’évaluer la dangerosité des éléments de la nébuleuse ex-Séléna auxquels il délivrait les faux visas. Il savait leurs accointances, via Boko-Haram, avec l’État islamique. En exil au Bénin, Nourredine Adam, le bras droit de Michel Djotodia, chef des ex-Sélékas, était en contact avec Boko-Haram, pour solliciter l’aide fraternelle de cette organisation qui a fait, depuis longtemps, allégeance à Daech.

          On comprend mieux maintenant la méthode qui a présidé aux derniers attentats à la grenade offensive à Bangui. Il faut voir les choses en face : ce massacre portait bien le sceau des pratiques terroristes des djihadistes. Les autorités centrafricaines doivent, désormais, prendre en compte cette nouvelle configuration dans les stratégies de lutte contre le terrorisme.

          Quant à l’ambassadeur, auteur de ce comportement gravissime, il ne pouvait qu’être sanctionné par son ministre de tutelle, Jean-Yves Le Drian. Il vient d’ailleurs de passer en conseil de discipline au ministère des Affaires Étrangères.

           Car ce sont là des comportements qui ne peuvent que nuire à la République Centrafricaine et aggraver sa situation chaotique. Ce sont des gestes qui ne peuvent qu’interpeller les Centrafricains : comment ne pourraient-ils pas s’interroger sur les actions souterraines de la France dans leur pays ? Ne peuvent-ils pas légitimement penser que le président Touadera n’est pas maître des décisions qu’il est amené à prendre dans le cadre de sa mission ? On comprend mieux la surprenante décision de nommer des chefs de l’ex-Séléka au Gouvernement et à la Présidence de la République.

          Rien n’aura donc changé sous le soleil de Bangui. Depuis l’indépendance, la France est la véritable régente de la République Centrafricaine. Ex-puissance coloniale, elle a toujours été présente dans la gestion de ce pays à la souveraineté fictive, pour compenser l’incompétence avérée et incurable de ses dirigeants.

PERSISTANCE DE LA FRANÇAFRIQUE

          Alors qu’Emmanuel Macron, président de la République Française, affirme : « La France n’a pas de politique africaine… », on peut à juste titre douter de la réalité de cette déclaration. Les visas accordés par l’ambassadeur Charles Malinas sont là pour attester du contraire.

          La Françafrique est une hydre qui n’a pas fini de hanter les pouvoirs en Afrique francophone. Le diplomate a, certes, été sanctionné, mais on est surpris du silence du Quai d’Orsay sur cette affaire, gravissime et regrettable. Dans d’autres pays, l’incident diplomatique aurait provoqué un tollé. L’Etat centrafricain aurait dû, normalement, protester avec vigueur devant ce qui ressemble à une violation de souveraineté. Mais voilà, en Centrafrique, le vrai patron, c’est la France.

          Il faut rappeler que, sous la présidence de Catherine Samba-Panza, l’ambassadeur Charles Malinas se prenait déjà pour une sorte de Proconsul à Bangui. Il n’hésitait pas à se mêler, au vu et au su de tous, de la politique centrafricaine. Aux dernières élections présidentielles, il avait même tenté d’imposer son candidat. Il avait été surpris et agacé que le nouveau président élu ne le consulte pas avant de nommer son Premier Ministre ! Mais dans quelle République sommes-nous ? Est-elle vraiment indépendante et souveraine comme elle devrait l’être ? Imaginez le même comportement de la part de l’ambassadeur centrafricain en France !

          Les Centrafricains ne cessent d’être humiliés à cause de leurs dirigeants, incompétents et dénués de tout patriotisme.

          Il est temps que cette situation intolérable prenne fin.

                                                                                                                        JOSEPH  AKOUISSONNE 

(2 novembre 2017)

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