INDIGNATION :
L’U.M.P. EN OTAGE
La une du journal maurassien Minute, daté du 28/05/2013, est une vomissure insupportable jetée sur la République. Une véritable publicité pour une maison close. « Payez-vous N.K.M. pour 3 euros ! »
Même si, pendant quelque temps, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est égarée comme porte-parole de Nicolas Sarkozy, que conseillait alors Patrick Buisson, maurassien avéré, ancien journaliste à Minute et Valeurs actuelles, il faut dénoncer, avec la dernière fermeté, cette cabale nauséabonde à son endroit.
Elle est indigne.
L’hebdomadaire Minute est l’héritier des théoriciens fondateurs de la Cagoule, Maurice Pujol et Charles Maurras, de l’Action française, qui ont failli faire disparaître la 3ème République par une action subversive dans la nuit du 15 au 16 novembre 1937. Ce sont les mêmes héritiers qui ont mitraillé la DS Citroën du Général De Gaulle au Petit-Clamart. Le Front National, qui, un temps, ne dédaignait pas les accointances, avec la nébuleuse groupusculaire, des Identitaires et autres reliquats du G.U.D, a longtemps partagé les mêmes idéaux que ces extrémistes. Quand, aujourd’hui, on voit Marine Le Pen, héritière de Jean-Marie, se dresser, telle Jeanne d’Arc, pour défendre la classe ouvrière, on en demeure coi, les bras ballants.
Faut-il croire que la France se trouve désormais devant les portes entrouvertes de l’enfer ? Que la crise a détruit toute velléité de courage chez les Français ? Que les pythies des médias et autres élites, à force de manipulations, de désinformations et de panurgisme, ont ôté toute possibilité d’analyse à ce peuple, dont l’histoire est pourtant jalonnée d’actions d’éclat ?
L’espoir demeure néanmoins. Car la France a souvent su se ressaisir et contrer les égoïstes, les politiciens bonimenteurs, les réactionnaires et le clergé, associés dans une même communion annonciatrice de menaces sur la République. La crise est là, certes. A cause d’elle, beaucoup de nos compatriotes sont saignés, plongés dans le doute. Au lieu de proposer des idées nouvelles, de faire de la pédagogie, de tenir un langage d’espoir à une population déboussolée, ceux que l’on désigne sous le nom d’experts, de spécialistes de ceci, de cela, passent leur temps à lui prêcher le pessimisme. A la décourager tous les matins, inondant les moyens médiatiques de leurs théories défaitistes.
Dès lors, il ne faut pas s’étonner qu’une Sarah Palin à la française surgisse et draine les conservateurs, la droite extrême et une partie de ce qui reste dugaullisme en miettes, vers le rêve d’un Mai 1968…antirépublicain !
Faut-il chercher les responsables de ces dérives ?
Sarkozy, en se mettant sous la coupe du maurassien Patrick Buisson, a banalisé ce que Jean-François Copé a appelé « le parler sans complexes ». Ce virage indécent d’un candidat soutenu par un parti se réclamant du gaullisme est insupportable pour tous ceux qui ont gardé « une certaine idée de la France. » En agissant ainsi, Sarkozy a plombé sa réélection. Nathalie Kosciusko-Morizet doit, aujourd’hui, regretter d’avoir endossé à l’époque l’habit de sa porte-parole. Quant à Copé, au lieu d’analyser l’échec de Sarkozy et de reconnaître que sa défaite provient avant tout de l’extrême-droitisation de son discours de campagne, il fait appel à celui-là même qui a fait perdre Sarkozy : Patrick Buisson ! C’est lui qui a conseillé de parler de « racisme anti-blanc » et autres « pains aux chocolat».
Ajoutons, à cette trahison de l’idéal gaulliste, la grossière et ridicule tentative de récupération de la manifestation des Anti-mariage pour tous par le Président de l’U.M.P. en personne ! C’est hallucinant. Ceint de son écharpe tricolore, le carnet d’adhésion à l’U.M.P dans la poche, défilant aux côtés des bigots et bigotes, des nervis fascisants identitaires et autres groupuscules antirépublicains, Jean-François Copé a peut-être compromis son avenir politique à jamais.
Une solution serait que la jeune garde gaulliste, encore à l’U.M.P., représentée par des élus comme François Baroin, Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet, parte créer un autre parti, qui redonne au gaullisme son honneur humilié. Il faudrait que le surgissement d’un nouveau et vrai parti ne tarde pas. Car une démocratie ne s’affirme qu’avec une opposition républicaine forte, sans accointance avec ceux qui avancent masqués pour duper le peuple.
« L’honneur suppose de ne rien céder de sa noblesse d’âme aux sirènes de l’intérêt et du profit. » Romain Guillaumes (Errance)
- A. DE KITIKI
(2 juin 2013)