L’AFRIQUE ET LA
COUR PÉNALE INTERNATIONALE :
RETOUR A L’INDIGÉNAT ?
Au départ, la création de la Cour Pénale Internationale était souhaitée et attendue. La communauté mondiale n’en pouvait plus de voir des dictateurs assassins échapper à la justice et s’en aller jouir en toute quiétude de biens mal acquis, après avoir dépouillé leur peuple et asséché les caisses de leurs états, avec l’aide d’aventuriers et de mercenaires étrangers. De plus en plus, sur le continent africain comme dans le reste du monde, des auteurs de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, jouissaient d’une indécente impunité.
La C. P. I., institution honorable au service de l’humanité, allait donc mettre un terme à ces abus, afin de rendre justice aux survivants des victimes.
DÉRIVE
Malheureusement, l’honorable institution semble s’être muée en un tribunal indigène, comme au bon vieux temps de la colonisation. Pour beaucoup d’Africains, elle est très vite devenue un instrument destiné à les humilier. A les avilir.A part des responsables de crimes originaires de la Serbie, on n’a vu défiler à La Haye que des Négro-Africains. Comme d’habitude, pour éviter d’être traités de racistes néocolonialistes, les occidentaux ont pris la précaution de nommer une Procureure africaine noire à la tête de la C.P.I. On pouvait ainsi y faire comparaître, en toute tranquillité, les dirigeants africains soupçonnés de crimes contre l’humanité.
DEUX POIDS, DEUX MESURES
Pourtant, l’Europe ne manque pas de dirigeants qui mériteraient, eux aussi, d’être appelés devant les tribunaux de la C. P. I. Nicolas Sarkozy et David Cameron, en intervenant en Libye, ont déstabilisé toute la région en laissant assassiner Mouammar Kadhafi, ouvrant ainsi la voie aux bandes armées qui menacent la communauté internationale. Aujourd’hui, des dirigeants de l’Europe de l’Est sont des dictateurs en puissance : Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, nargue l’Union européenne avec ses éructations racistes et xénophobes. Vladimir Poutine mène une politique des plus répressives en Russie et les dérives de la Pologne commencent à inquiéter Bruxelles…
ARRESTATION HUMILIANTE DE LAURENT GBAGBO
Tout le monde a en tête les images scandaleuses du bombardement du palais présidentiel de la Côte d’Ivoire par l’armée française. Laurent Gbagbo y était retranché. Avec la complicité honteuse de l’O. N. U., Nicolas Sarkozy avait donné l’ordre à l’armée française d’aider son ami Alassane Ouattara à s’emparer du pouvoir. (N’oublions pas qu’Ouattara, grand ami de l’ex-président français, s’est marié à Neuilly à l’époque où Nicolas Sarkozy en était le maire.)
Les Africains se souviennent encore de l’arrestation humiliante de Laurent Gbagbo. Ébouriffé, les yeux hagards, simplement vêtu d’un tricot de coton, il fut exhibé devant les caméras du monde entier. Images choquantes d’un dirigeant africain insulté. A travers lui, ce fut toute l’Afrique qui se sentit offensée. A quand la comparution d’Alassane Ouattara et de tous ceux qui l’ont aidé à s’emparer du pouvoir dans un bain de sang ?
Ce qu’il faut en urgence, c’est une Cour Pénale Africaine, chargée de juger, sur le continent, les crimes commis par les Africains. Il revient aux Africains eux-mêmes de tout faire pour mettre fin aux scories de l’époque coloniale. L’Afrique bouge. Sa jeunesse a soif de créativité et de respect. Les financiers occidentaux la regardent d’ailleurs désormais avec les yeux de Chimène. Les Africains doivent donner de la voix pour stigmatiser les racismes cachés de certains blancs. Le temps des sociétés concessionnaires et le mépris de l’Africain doivent rejoindre, dans les poubelles de l’histoire, les Tribunaux Indigènes.
A DE KITIKI
(5 janvier 2016)