FRANCE : ATTENTION !
ELECTIONS A HAUT RISQUE
UNE ATMOSPHERE DÉLÉTÈRE
Plus les échéances des élections régionales approchent, moins le Front National se retient. Marine Le Pen a durci sa rhétorique. La haine et l’exclusion, facteurs de division des Français, ont envahi le paysage républicain.
On ne le répètera jamais assez : les valeurs du Front National sont à l’opposé de celles de la République. Les dernières déclarations de Marine Le Pen, remplies de haine, stigmatisent une partie des Français : « Si nous perdons la guerre contre le djihadistes, la charia remplacera notre constitution… L’islam radical se substituera à nos lois, nos bâtiments détruits, la musique prohibée, l’épuration religieuse avec son cortège d’horreurs… » (Nîmes, 2 décembre 2015.) Diable ! rien que ça…
Et sa nièce de poursuivre dans l’insupportable : « Qui n’a pas vibré au sacre de Reims n’est pas vraiment français… Nous ne sommes pas une terre d’islam et, si des Français peuvent être de confession musulmane, c’est à la condition seulement de se plier aux mœurs et au mode de vie que 16 siècles de chrétienté ont façonnés… Chez nous, on ne vit pas en djellaba, on ne vit pas en voile intégral… Les musulmans ne peuvent être français que sous condition…» (Toulon, 1er décembre.)
LES VIEUX DÉMONS
C’est contre les juifs, dans l’Allemagne des années 30 que de tels discours étaient tenus. Non, décidément, le Front National n’est pas un parti comme les autres. Il ne peut y avoir une place pour lui au pays du Siècle des Lumières, au pays des Droits de l’Homme, au pays de Victor Hugo.
Si ce n’est pas un véritable rejet des Français de confession musulmane, cela y ressemble. N’est-ce pas terriblement inquiétant ? Les sondages aidant, le Front National se sent pousser des ailes et retourne à ses vieux démons. C’est vraiment la fin de la diabolisation.
Avant, avec Jean-Marie Le Pen, le fondateur du parti, c’était les juifs qui étaient pris pour cible des éructations racistes. Aujourd’hui, ce sont les arabes, amalgamés avec les musulmans. Après, qui sait ? Ce seront peut-être tous les Français pas vraiment blancs, les noirs, les jaunes, les rouges, les métis…
La France donne l’impression de danser sur un fil tendu au-dessus d’un volcan. A l’heure où les dangers du fanatisme islamique menacent la nation française. A l’heure où les attentats frappent tout le monde sans distinction. A l’heure où la solidarité et l’unité devraient être des remparts indestructibles, le Front National choisit de surfer sur les peurs et le repli sur soi, totalement suicidaire. Ainsi alimente-t-il la haine des djihadistes contre la France.
Il faut le répéter : dans notre pays, 40% environ des valeurs cotées en bourses sont détenus par des étrangers, anglo-saxons ou ressortissants des monarchies du Golfe. Les ouvriers français, pour gagner leur vie, dépendent en partie de ces « bougnoules » que les Le Pen stigmatisent. 6 000 000 environ de nos compatriotes sont des musulmans, républicains. Faudra-t-il les mettre tous dans un bateau et les renvoyer au Maghreb ?
QUEL AVENIR ?
Le reste du monde, éberlué, observe notre pays avec inquiétude. Les investisseurs étrangers, dont il dépend en grande partie, commencent à s’interroger. Si les Français, inquiets et étranglés par la peur d’un monde qui change, au lieu de se retrousser les manches, continuent de succomber aux supercheries des Le Pen, leur avenir risque d’être extrêmement difficile. Et qu’adviendra-t-il de l’Afrique, le continent pas tout à fait blanc mais l’eldorado économique de demain ?
LOURDES RESPONSABILITES
Les médias, qui ont continuellement servi la soupe au Front National sans se livrer au travail de pédagogie indispensable auprès des Français, les instituts de sondages, qui ont trop souvent manqué de prudence dans leurs analyses, la classe politique française, qui a déserté le terrain du combat d’idées face aux leaders xénophobes du Front National, les associations antiracistes et citoyennes, qui ont rangé leurs indignations au placard, tous sont en grande partie responsables du basculement de la France vers les extrêmes racistes et xénophobes.
Depuis quelques semaines, un tintamarre de vociférations anti-Front National se fait entendre. C’est peut- être un peu tard…
A. DE KITIKI
(5décembre 2015)