DEMAIN, L’AFRIQUE NOIRE ! EN ATTENDANT LES PORCS-EPICS…
Vent de révolte, grondement d’indignation des peuples du Maghreb réclamant avec noblesse le droit au respect et à la justice sociale… Ce surgissement de mille bras, brandissant des pancartes ornées du mot « Dégage !», est devenu l’allégorie des peuples qui ont décidé de chasser leurs affameurs. Danaas la kyrielle des sans voix, point de slogans religieux, ni de hurlements d’Imams haineux. Mais une grande clameur requérant une démocratie laïque.
Cette révolution qui a éclos au Maghreb, région nord du continent africain, ne peut désormais que se répandre, telle une trainée de poudre salvatrice, sur la partie sud du continent.
Pétrifiées, hagardes, les puissances occidentales n’osent penser à une telle ébullition en Afrique noire, réservoir des matières premières indispensables à leur développement technologique effréné. Pourtant, c’est depuis longtemps, beaucoup trop longtemps que la marmite africaine mijote, avec des ingrédients prérévolutionnaires insoupçonnés.
Au nom de la notion de développement, leurre qui a permis aux puissances occidentales d’armer et de soutenir des autocrates africains, plus proches de chefs maffieux que de leurs peuples, elles ont ignoré les souffrances des populations africaines, soumises, déstructurées socialement et contestées dans leur dignité.
Demain, de Tunis au Cap, rien ne pourra entraver la marche de ces esclaves des temps modernes vers des horizons meilleurs. Les complaisances des puissances occidentales n’y feront rien.
Demain, mille bras noirs brandiront, à l’instar de leurs frères du nord du continent, l’écriteau : « Dégage !». Depuis le début de la révolution tunisienne, à part ce qui se passe en Côte d’Ivoire, qui est une vieille affaire, on évoque peu le continent noir. C’est peut-être le signe d’un Occident décontenancé qui s’attend au pire en Afrique subsaharienne. Le regard ambigu d’une certaine presse française et l’afro-pessimisme entretenu par le mépris du noir « qui n’est pas assez entré dans l’histoire », semblaient avoir corrodé toute aspiration des peuples africains. Mais la révolte n’a jamais cessé de bouillir clandestinement dans la marmite. Bientôt, le couvercle va sauter dans un fracas assourdissant, qui percera bien des tympans. Les vapeurs qui s’en échapperont agiront comme un ouragan qui « karcherisera » les idées reçues et entretenues sur les Africains noirs.
La voix d’une nouvelle genèse s’élèvera, comme en Tunisie, pour dire : « Non » à une civilisation occidentale qui a initié une globalisation débridée et engendré, en retour, un individualisme forcené, au lieu de préserver l’originalité des civilisations africaines, basée sur le partage.
Un proverbe africain le dit bien : « Il faut tout un village pour élever un enfant».
Le modèle de civilisation prôné par l’occident comme un sésame de civilisation unique est, en partie, une source de paupérisation pour l’Africain. Jugez-en : La Côte d’Ivoire, qui produit 35% du cacao consommé dans le monde, ne fixe pas elle-même le prix d’achat de la tonne. Il est défini par des spéculateurs voraces, planqués, et dictant leurs lois à partir des bourses occidentales. Il en va de même du prix de toutes les matières premières des sous-sols du continent.
Le magot du pillage des richesses africaines est accaparé par une oligarchie locale, soutenue par les puissances occidentales. Il y a quelque chose d’indécent dans le comportement des Occidentaux, avec leurs larmes de crocodile, qui semblent découvrir, sur le tard, les méfaits antidémocratiques des potentats africains. Il ya quelque chose d’insupportable dans le fait qu’après avoir protégé « les biens mal acquis » de certains dirigeants du continent noir, les dirigeants des pays développés, en y mettant beaucoup de temps, s’aperçoivent, enfin, que le peuple africain est absent de la table des agapes.
Le monde est en train de basculer. Cette fois-ci, ce ne sera pas sans l’Afrique. Tandis que ce continent entre dans l’histoire, d’autres en sortent.
C’est pourquoi l’Afrique noire nous réserve sans doute des lendemains d’espoir…
« Grave est la nuit mais, l’homme a disposé ses signes fraternels.
La lumière vint malgré les poignards. (Jean Picart le Douy)
A. DE KITIKI
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