Dieux du Stade : Blacks, Beurs…et Blancs
1958 : Coupe du Monde de football : les meilleurs de l’équipe de France ne portaient pas des patronymes franchement bien de chez nous. Mais ils étaient bien blancs. Ils s’appelaient : Roger Piantoni, Raymond Kopa, Ables, Kaebel Wisnieski, Petakovic, Veselinovic etc.… Il ne serait venu à l’esprit de personne d’évoquer, à l’époque, un quelconque quota de joueurs, pas franchement Gaulois de souche.
1998 : Zinedine Zidane, Karembeu, Dessailly, Lilian Thuram, Bernard Lama etc.… et leurs compatriotes, Gaulois de souche, offrent à la France la Coupe du Monde de Foot.
22H 54’ : Stade de France. L’arbitre siffle la fin du fabuleux match. L’équipe devient championne du monde. C’est la liesse dans tout le pays. On s’embrasse, on jubile.
Plus de noirs, plus d’arabes, plus de blancs. Nous sommes tous les enfants de la Patrie, tous frères et sœurs. La France est devenue un pays arc-en-ciel : black-blanc- beur.
Les Champs-Elysées sont transformés en une immense avenue festive. Une foule bigarrée, le visage peinturluré, tel celui des Indiens, en bleu blanc rouge, lance des « olas » dans un tohubohu indescriptible. Elle attend ses héros, qui vont remonter la plus belle avenue du monde. La France est envahie par une ferveur jubilatoire qui a fait jeter aux orties les soucis du moment. Notre coq gaulois sort ses pattes du fumier. La Nation est unie dans une République apaisée. Il n’y a plus ni Blacks ni Blancs ni Beurs : nous sommes tous Français.
2010 : Coupe du Monde en Afrique du Sud : La France se qualifie sur une main douteuse de Thierry Henry. Les matchs de sélection ont été laborieux. Les responsables français du foot hexagonal et ceux du gouvernement manquent totalement de vision et de prévision : il ne fallait pas se rendre en Afrique du Sud. La Bérézina était prévisible.
Sur place, c’est une déroute monumentale. La France est humiliée. Les joueurs font une grève d’entraînement sur le tas. L’entraîneur, dépassé, est sommé par ses ouailles de lire un tract indécent devant la presse mondiale. Une Ministre et une Secrétaire d’Etat sont dépêchées sur place, ainsi que les dirigeants de la Fédération Française de foot. Rien n’y fait. A Knysna, leur base en Afrique du Sud, les joueurs tricolores se comportent véritablement en mutins.
La France, hébétée, est anéantie. La crête virile et écarlate de notre coq a pâli. Ses ergots se sont à nouveau enfoncés dans le fumier. Il faut très vite désigner des coupables.
Alain Finkielkraut éructe : « cette équipe ne représente pas la France. Hélas ! elle la reflète avec ses clans ethniques, sa persécution du premier de la classe… Elle nous tend un miroir trouble… L’équipe de France c’est black, black, black… »
Eh bien ! Pour quelqu’un qui a dû souffrir dans sa chair de la barbarie raciste nazie…. Zemmour n’est pas loin. On plonge dans la stupéfaction.
« Racailles, petits merdeux, mecs avec un pois chiche à la place du cerveau… » Vomissent
excédés, des Députés U.M.P., Représentants de la Nation.
Les coupables sont tout trouvés : ce sont les Blacks et les Beurs qui ne sont pas tout à fait culturellement français.
C’est dans l’air du temps. Depuis quatre ans, ceux qui dirigent la France n’hésitent plus à distiller dans l’opinion publique des thèses qui stigmatisent à longueur de journée la composante non blanche de la Nation. Un Ministre a été condamné pour propos racistes. Un autre a déclaré que : « Les Français ne se sentent plus chez eux… » Ils appellent ça la «droite décomplexée».
Des députés U.M.P. invitent Zemmour à l’assemblée Nationale. Ce dernier s’élève contre les lois antiracistes sous prétexte quelles sont liberticides. Les Députés U.M.P. l’applaudissent. En agissant ainsi, ces représentants de la Nation ont failli à leur mission. La constitution condamne toute discrimination entre les citoyens. L’échalote Le Pen ne mérite vraiment pas que certains élus mangent leurs chapeaux et jettent leurs convictions républicaines aux orties.
Alors, l’histoire des quotas dans le foot français ne doit pas surprendre.
D’autres révélations aussi puantes et indécentes vont sûrement sortir.
Bravo à Médiapart de jouer pleinement, et avec courage, son rôle de «Chien de garde» des valeurs de la République !
A. de Kitiki