GRECE : SCÈNES DE CHASSE
AUX NEGRO-AFRICAINS
4 septembre 2013 :le Président français, François Hollande, et son homologue allemand, Joachim Gauck, envahis par une pareille émotion, rendent hommage aux suppliciés d’Oradour-sur-Glane. Le village martyr limousin, avec son landau calciné et la cloche de l’église fondue par les lance-flammes des barbares nazis, est resté comme un témoignage accablant des idéologies racistes.
Mais ce cancer, que l’on croyait en rémission définitive, gangrène à nouveau certains pays d’Europe. De la Hongrie à la Russie en passant par l’Italie et même la France, à bas bruit, le gecko est sorti des profondeurs fétides, pour hanter de nouveau le continent, effrayé par la crise.
La main dans la main, François Hollande et Joachim Gauck ont voulu condamner et rejeter à jamais l’inacceptable barbarie.
En France, c’est le Front National, que l’on tente, avec l’aide d’une certaine presse complaisante et complice, de faire passer pour un parti républicain et antiraciste. Marine Le Pen est, par exemple, une invitée assidue de B.F.M.-T.V. Sa rentrée politique s’est d’ailleurs faite dans l’émission de Jean-Jacques Bourdin. Mais personne n’a pensé à l’interroger sur la ligne politique de son parti. L’intelligentsia républicaine, héritière des idées humanistes a déserté le terrain du débat. Marine Le Pen peut se pavaner, en portant en bandoulière la gibecière de la démagogie, et abuser le citoyen Français.
Ce mercredi 4 septembre, le site Rue89 donne l’information suivante : « Marine Le Pen a annoncé qu’elle suspendait en vue d’une exclusion M. François Chatelain, militant du Front National. » Investi pour les prochaines élections municipales dans le nord de la France, celui-ci a osé les pires obscénités contre les juifs sur sa page Facebook : « Ici, c’est la France…Chut ! C’est un juif… » Ou encore : « un rabbin pédophile a été mis en examen… » Les dérapages de cet extrémiste ne datent pas d’hier. Et la stigmatisation continue des immigrés est le fond de commerce du Front, surtout à l’approche d’une élection.
En Italie c’est la ministre de l’Intégration, noire d’origine congolaise, qui affronte courageusement tous les jours les pires infamies.
En Grèce, c’est Aube Dorée, parti raciste et néo-nazi, qui organise les traques et les ratonnades contre les immigrés, surtout les noirs. Aube Dorée pèse 10%. C’est, potentiellement, la troisième force politique de la Grèce. Au pays de Sénèque, de Platon, de Socrate. En Grèce, berceau de la démocratie. Penser que ce pays accepte sur son sol des antidémocrates aussi dangereux est insupportable.
Le quotidien Libération rapporte, dans son édition du 4/09/2013, des scènes terrifiantes de chasse aux Négro-Africains, précédant les camps de concentrations et les pogromes. « Le scénario est toujours le même : de jeunes hommes, vêtus de noir et tatoués de croix gammées, interpellent les basanés, qu’ils ont au préalable repérés. « Que fais-tu encore en Grèce ? » Mamadou Ba, un réfugié guinéen qui a croisé leur route, nous déclare : « la police ? Ce n’est jamais un recours pour les immigrés…Les flics nous harcèlent en permanence…Maintenant, je sais qu’ils me cherchent. Ils ont vu où je travaille … Ils rôdent dans le quartier… Ils sont furieux car, la première fois, j’ai réussi à leur échapper… Lors d’un contrôle, j’ai subi une fouille au corps humiliante. Les policiers ont pris les 40 euros que j’avais sur moi… Il ne me reste plus qu’à quitter la Grèce au plus vite…»
Des Pakistanais ont été poignardés à la carotide. Clandestins, ils n’ont pas osé se rendre à l’hôpital, ni porter plainte. Des Négro-Africains ont été pratiquement suppliciés par les nervis fascistes d’Aube Dorée. Un Soudanais a eu le dos lacéré au cutter ou au couteau. Les nazillons y ont tracé des croix gammées. Un Egyptien a été sauvagement torturé. Souvent, les pendards fascistes se font passer pour des policiers, afin de mieux traquer et brutaliser les migrants à peau noire.
L’O.N.G. Human Rights Watch accuse le gouvernement grec de mener une politique de répression à l’égard des immigrés non européens. « Arrestations abusives de dizaines de milliers de sans-papiers présumés… Les violences xénophobes en Grèce ont pris des dimensions alarmantes… » Mais, comme ils semblent souvent bénéficier d’une impunité de la part des autorités judiciaires, ces héritiers d’Hitler et de Mussolini peuvent continuer leurs ignominies en toute quiétude.
Cette résurgence des extrémismes fascisants et racistes, un peu partout en Europe, doit interpeller tous les démocrates, tous les républicains, tous ceux qui, imprégnés des valeurs nobles de l’humanisme, doivent cesser de regarder ailleurs, pendant que s’épanouissent, çà et là, les fleurs toxiques du racisme et de la xénophobie.
En effet, le silence pesant de l’Union Européenne et celui des médias (à quelques exceptions près) sont insupportables. L’Europe, qui donne des leçons de démocratie au monde entier, donne l’impression de manquer de courage politique face aux dévoiements qui pourrissent l’image du vieux continent.
Il ne faut pas oublier que son avenir ne peut se concevoir sans le continent africain. Le 5 septembre, le Mozambique a passé commande, pour 200 millions d’euros, de 30 bateaux aux Constructions Mécaniques de Normandie (C.M.N.) qui emploient 350 personnes à Cherbourg. L’emploi y sera garanti pendant deux ans. Mais on peut parier que beaucoup de Français auraient bien du mal à situer le Mozambique sur une carte !
Après celui du tigre asiatique, c’est donc le rugissement du lion africain sortant de son long sommeil que l’on entend. Il faudra s’habituer à ses griffes et cesser de lui tirer la queue en toute impunité. Le mépris inavoué du Noir doit à jamais être banni. Le temps où l’Afrique était considérée comme un réservoir à matières premières et à main-d’œuvre sous-payée est révolu. Si on veut commercer avec elle, il faudra, dorénavant, respecter le Négro- Africain.
Quant à l’Union Africaine, elle doit sortir de son silence turpide. Et protester, avec vigueur et indignation, chaque fois qu’un Africain est tabassé, en Europe comme ailleurs, à cause de la couleur de sa peau. L’Union Européenne et l’Union Africaine doivent œuvrer de concert pour barrer la route aux vieux démons grimaçants, qui menacent la coexistence pacifique des nations.
En Afrique noire, il n’existe pas de parti xénophobe. Les Européens ne sont jamais pris à partie ou pourchassés. Ils y vivent plutôt confortablement et en sécurité, à l’inverse des immigrés africains en Europe. Les humiliations que subissent les Négro-africains doivent cesser. Sinon, le continent noir regardera ailleurs, pénalisant ainsi une Europe vieillissante et inquiète. A. De Kitiki 7 septembre 2013