CENTRAFRIQUE :
LE SYNDROME FILLON
ÉTAT DE DROIT ET TRANSPARENCE
Les turbulences dans lesquelles est entré François Fillon, ancien Premier Ministre de Nicolas Sarkozy et candidat à la Présidence de la République française, doivent en interpeller plus d’un en Centrafrique.
Le « syndrome Fillon » a pignon sur rue au pays des Bantous. Depuis longtemps, les prévaricateurs et les cupides hantent les arcanes du pouvoir. Certains sont même ministres ou députés. Autant dire que les dérapages insupportables en matière de gouvernance sont nombreux ; les impunités, incommensurables et indécentes, face à une population affamée, déboussolée, recluse dans une souffrance et un sous-développement interminables.
Mais le glas semble avoir sonné pour l’ex-Premier Ministre français qui doit, désormais, rendre des comptes ou jeter son tablier et se retirer.
A quand une Cour Financière en R.C.A. pour sanctionner les accointances avec les puissances d’argent étrangères, les conflits d’intérêts et le népotisme ?
La recherche légitime de la paix n’aboutira que si la population appréhende un changement radical dans le comportement des dirigeants, si elle constate le retour à une justice sociale et à une gouvernance rigoureuse, dont l’un des piliers sera la transparence.
Le Gouvernement actuel sera jugé sur sa tenue qu’on pourrait qualifier « de mains propres, tête haute » La chasse aux pilleurs des caisses de l’État devra être implacable. Sans concessions. Les arrangements familiaux et la protection des amis devront impérativement cesser. Sinon, c’est le peuple qui imposera les nouvelles règles.
Ces dispositions doivent s’appliquer dans toute l’Afrique. Des procès concernant des « Biens mal acquis » sont toujours en cours devant les juridictions françaises. Les chefs d’État qui sont visés par ces procédures n’ont qu’une préoccupation : manipuler au plus vite la Constitution de leur pays pour demeurer ad vitam aeternam au pouvoir. Contre la volonté de leur peuple. Et au risque de plonger leurs concitoyens dans un bain de sang.
PUBLICATION OBLIGATOIRE DU PATRIMOINE DES DIRIGEANTS ET DES DÉPUTES
Pour mettre fin aux enrichissements illicites, pour donner force à la loi et lui accorder tout pouvoir de sanction, pour rendre les juridictions et l’État entièrement crédibles, il faut une transparence irréprochable.
C’est pourquoi, au lieu d’ergoter, le président de l’Assemblée Nationale en tête et les députés devraient publier d’urgence l’état de leur patrimoine. Les ministres également.
Le président Faustin-Archange Touadera a été le premier à déclarer le sien. Sans toutefois le publier. Il n’y a pas si longtemps, le ministre des Finances avait affirmé sa volonté de publier l’état du patrimoine des dirigeants, des députés et des hauts fonctionnaires. Mais depuis, rien. Les choses sont restées dans une nébuleuse insondable. A coup sûr, les pressions et les menaces occultes ont dû empêcher le ministre d’accomplir son devoir de salut public…
La population s’interroge et s’inquiète, car la rupture annoncée n’est toujours pas là. Les premiers responsables de cette descente aux enfers sont les dirigeants successifs du pays, avec leurs tuteurs étrangers avides de matières premières.
Ajoutez à cela la litanie des massacres quotidiens, l’insécurité récurrente, qui favorise les bandes armées de plus en plus proches de Bangui. Vous avez une Centrafrique assise sur des grenades dégoupillées.
Mais la patience du peuple est à bout. C’est avec force que, désormais, il réclame le changement.
JOSEPH AKOUISSONNE
(11février 2017)