CENTRAFRIQUE : LA RENAISSANCE RESPECTER SA SOUVERAINETÉ ÉCOUTER SON PEUPLE Est- ce le retour au temps de l’Oubangui-Chari ? Avec Idriss Deby Itno, Président du Tchad, comme Gouverneur Général ? La France n'est-elle pas en train d’annihiler l’espoir et la sympathie suscités en Centrafrique par l’opération Sangaris ? La réunion tenue à N’Djamena le 9 janvier 2014 a constitué une énorme erreur politique. Organisation chaotique. Vision cynique et insultante de la nation centrafricaine. Mépris pour le peuple bantou. Les états de l’Afrique Centrale qui se sont précipités à Ndjamena sur l’injonction de la France et de Deby, ont, pour leur part, compromis leur propre autorité. Le peuple centrafricain a été écarté de cette réunion, qui a de sinistres relents de la conférence tenue à Berlin en 1885. Des étrangers, aux côtés de marionnettes centrafricaines, se sont réunis ailleurs qu'en Centrafrique pour décider de l'avenir du pays ! Les déclarations intempestives de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, ont été, pour le moins, inconvenantes. A la fin de la conférence de N’Djamena, il a sommé les Centrafricains de nommer de nouveaux dirigeants au plus tard samedi 11 janvier ! Qu'est-ce que c'est que cet ultimatum ? Ce comportement paternaliste aux relents néocoloniaux ? C'est oublier que l’Afrique Équatoriale Française et l’Afrique de papa, n’existent plus. Les Centrafricains, eux, ne l’oublient pas. RECONSTRUIRE Les rues de Bangui ont été envahies par une foule jeune et bigarrée, brandissant le drapeau centrafricain pour saluer l’aube nouvelle qui s'est levée après le départ forcé du chef de la Séléka, Michel Djotodia - seule avancée positive de la réunion de N'Djamena. Un horizon flamboyant, rempli d’espoir de reconstruction, irradie la Nouvelle Centrafrique. Ceux qui la constituent ne sont plus les sans-voix d’antan. Ils ont une vision politique et sociétale claire du devenir de leur nation. Ce sont eux qu'il faut écouter. L’initiative courageuse et salutaire de la France en Centrafrique était attendue et a été saluée par les Centrafricains. Mais son rôle doit se limiter à garantir l’intégrité territoriale, à chasser les mercenaires islamistes et à empêcher les affrontements fratricides. Les débats politiques, eux, doivent être laissés à l’initiative des Centrafricains. Et il est impératif que les réunions concernant l’avenir du pays se tiennent, désormais, à Bangui. Malheureusement, on n’en prend pas encore le chemin. On rejoue les mêmes erreurs politiques. Confier la transition politique au Président du Conseil National de la Transition est, au mieux, une myopie politique ; au pire, un mépris pour le peuple centrafricain. C’est comme si on redonnait les clés du pays aux mercenaires de la Séléka ! Il ne faut pas oublier que le C.N.T. a, en outre, cautionné la dissolution des institutions démocratiques de la République Centrafricaine. Et c'est ce même C.N.T. qui s’est précipité à Ndjamena, convoqué par Deby, pour recevoir des directives en vue de désigner les nouveaux responsables de la République Centrafricaine ! Le Conseil National de Transition n’a aucune légitimité aux yeux des Centrafricains. Il doit être, purement et simplement, dissous. Une nouvelle entité, issue des débats inter-centrafricains, le remplacera. SÉCURISER, PARDONNER, RÉCONCILIER Le Centrafrique est une nation touchée au cœur. Il ne s'agit pas de petites blessures. Ce sont des plaies sanguinolentes. Pour cautériser ces déchirures, la tâche sera immense. Il faudra changer de protocole politique. Modifier les comportements. Cesser les messes basses et les conciliabules qui décident à la place des Centrafricains. Ce peuple est désormais mûr. Il ne veut plus qu'on lui dicte ce qu’il faut pour son pays. Depuis Patassé, Bozizé et Djotodia avec sa bande d’islamistes, on peut penser qu'Idriss Deby Itno, le parrain de Bangui, a été le maitre d’œuvre du chaos en Centrafrique. Le rôle de leader que lui donne la France en Afrique Centrale, au détriment des autres Etats, est affligeant. Certes, les troupes tchadiennes se sont courageusement comportées au Mali. Faut-il pour autant donner l’impression de céder en rançon la République Centrafricaine au Président du Tchad ? Il faudra réorganiser la MISCA. Ou, mieux, la remplacer par une force massive internationale. En y associant les Américains les Européens et les autres pays d’Afrique. La paix ne sera possible en Centrafrique que si l’on sécurise tout le territoire. Il faudra ressouder les liens brisés entre les Centrafricains. Dire à la majorité chrétienne et à la minorité musulmane, qu’il ne devrait pas y avoir de confrontations confessionnelles en R.C.A. Cette division du peuple centrafricain a été apportée par des prédateurs étrangers, qui ont corrompu les fils du pays. Il faudra organiser des débats entre tous les Centrafricains, dans des mairies de quartiers. Prêcher les messages de paix et de fraternité contenus dans les Saintes Ecritures dont ils se réclament. La majorité chrétienne doit tendre une main fraternelle à la minorité musulmane. Le temps de la loi du talion doit cesser. Voici venu le temps des prières communes et des accolades fraternelles. Le chaos qui a surgi dans le pays n’est pas confessionnel : il est économique, social et politique. Les Centrafricains ont trop longtemps subi les éclaboussures de la mal-gouvernance. Si on parvient à recréer un climat de paix et de confiance, les bi-nationaux qui ont fui en masse reviendront dans le pays, pour participer à sa reconstruction. Il ne faudra pas oublier d’y associer la diaspora centrafricaine. Ses membres sont souvent, eux aussi, des bi-nationaux qui ont acquis de solides expériences professionnelles à l’étranger. Beaucoup disposent d'un petit patrimoine, ils ne viendront donc pas piller leur pays pour s’enrichir. La plupart en ont tout simplement assez de voir le Centrafrique régresser. Ils veulent prendre part au redressement du pays des Bantous. La reconstruction du pays se fera avec tous - à l'exception, bien sûr, de ceux ont trahi et vendu la République centrafricaine de Barthélémy Boganda, ceux qui s’agitent pour sauver leurs prébendes, ceux qui se sont rendus complices de massacres et de crimes contre l'humanité - sans oublier leurs parrains étrangers clairement identifiés Ceux-là devront rendre des comptes. Ils ne seront pas oubliés. Le peuple centrafricain ne se laissera plus être traité comme avant. Aujourd'hui, il est sorti de la nuit du mépris. Le voilà décidé à lutter debout, pour défendre son pays et son honneur. Bamboula-Ville est morte ! Vive la République Centrafricaine, avec sa vaillante et courageuse jeunesse ! Moléngués ti kodro, alla londo. (Debout, enfants du pays ! ) A. DE KITIKI (12 janvier 2014)
Billet de blog 14 janvier 2014
CETRAFRIQUE: LA RENAISSANCE
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