ELECTION PRESIDENTIELLE 20012
La tentation xénophobeet populiste
«Robespierre, Desmoulins, Danton, Mirabeau, Hugo, Dumas : au secours ! Vous êtes convoqués d’urgence au chevet de la République, frappée par une forte fièvre. Ils sont devenus fous ! »
Les voilà qui divisent les Français en catégories raciales et binationales ! Ne parvenant pas à réduire les inégalités sociales, le chômage, l’insécurité, qui s’aggravent de jour en jour, la droite dite républicaine qui gouverne la France est puissamment tentée par le populisme et la xénophobie. Marine Le Pen n’a plus besoin de faire campagne : la droite républicaine décomplexée s’en charge pour elle. In fine, ce sera la Bérézina. Le peuple opte toujours pour l’original.
Est-ce le signe d’une panique ? Sont-ils devenus des desperados prêts à tout pour sauver leur maroquin ? Toutes les ignominies sont permises. Un ministre, le plus diplômé du gouvernement dit-on, insulte et désigne à la vindicte populaire ceux de nos compatriotes qui sont dans la misère la plus noire… Traiter les chômeurs qui touchent le R.S.A de «planqués» et de «fainéants» est proprement abject. Il aurait fallu que quelqu’un conseillât à ce ministre d’évoquer plutôt les montants indécents des salaires et des stocks options des patrons du C.A.C 40. A ce niveau de démagogie, Marine Le Pen doit être en train de danser la carmagnole avec Zemmour et Ménard...
Depuis quatre ans, d’éructations nauséabondes en propos discriminants - un ministre a d’ailleurs été condamné - certains membres de l’U.M.P. jouent aux apprentis sorciers. Leur comportement menace la cohésion de notre République, de notre Nation.
On mise sur la peur de l’autre : Le Noir, le Basané, le Jaune etc. Qui sont pourtant français. On diffuse dans le corps de la société l’idée que la France serait habitée par un fatras de racistes, égoïstes, haineux et incultes. On confond les non-blancs avec les immigrés clandestins.
La France, patrie des droits de l’homme, apparaît désormais aux yeux du monde comme un pays qui pratique la discrimination raciale. Comment diable en sommes-nous arrivés là ?
Les intellectuels que l’on n’entend plus beaucoup, les politologues, à quelques exceptions près, accompagnent la descente aux enfers en assénant que c’est ainsi dans toute l’Europe, que l’extrême droite monte et que l’on n’y peut rien.
Non ! La France peut être la lumière qui éclairera le chemin d’une Europe rendue aveugle par la peur. C’est triste que ce soit notre pays et l’Italie qui aient pris l’initiative de la remise en cause de l’espace Schengen.
La France serait-elle devenue orpheline des années lumières ?
Pays des droits de l’homme, la France devrait être, dans une Europe saisie par le doute, «la bouche», comme dirait Aimé Césaire, de la rectitude, de la droiture et du triptyque républicain : Liberté, Egalité, Fraternité.
Sous nos yeux, au XXIème siècle, surgissent les fantômes grimaçants des années 30.
Pendant l’occupation, une poignée de Français de toutes origines, de toutes couleurs, a dit non au nazisme, alors qu’une majorité de nos compatriotes s’accommodait très bien de l’envahissement du territoire national.
Le comportement des dirigeants actuels favorise le communautarisme. La question des quotas dans le football a été une des illustrations sinistres des dérapages raciaux. Les Français de couleur comme on dit, s’interrogent dramatiquement : « Sommes-nous vraiment Français ? »
« La rivière a beau être à sec, elle garde son nom » (Proverbe africain)
A. DE KITIKI