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Billet de blog 14 juin 2012

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MEDIAS

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

MEDIAS

          Souvenez- vous : nous sommes le 8 janvier 2008. Nicolas Sarkozy tient sa première conférence de presse à l’Elysée en tant que Président de la République Française. Le nouveau Président s’amuse d’une question de Laurent Joffrin, directeur du quotidien Libération. Il apostrophe le patron de Libé avec une arrogance inouïe qui  soulève un concert de rires gras des confrères journalistes présents. Ces ricanements préfigurent, de fait,  la soumission de certains médias à Nicolas Sarkozy, Président de la République.

          Déjà, Ministre de l’Intérieur, le futur candidat à l’élection présidentielle de 2007 entretient des rapports incestueux avec certains médias et journalistes.

          Le directeur d’une grande radio périphérique ose l’indécence, jusqu’à demander au candidat quel journaliste il souhaite voir couvrir sa campagne ! Déontologiquement, ce comportement exige une démission immédiate. Mais le « GRAND JOURNALISTE »officie toujours dans la même radio.

Cet exemple annonce le ralliement sans pudeur des médias et des journalistes au candidat Sarkozy. Beaucoup d’organes de presse appartiennent à ses proches. Ils se mettent immédiatement au service de sa propagande. Ségolène Royal, la candidate socialiste, est stigmatisée, ridiculisée et transformée en Bécassine. Celle qui était en tête des sondages est raillée à longueur de commentaires. Inversement, Sarkozy est hissé au pinacle. On salue son énergie, son bagout. N’oublions pas que l’homme est avocat. Il considère qu’une campagne électorale est un prétoire. Il a le geste large. Le verbe haut. 

          Le peuple, après une présidence pépère avec Chirac, est terrorisé par la crise qui pointe  son visage grimaçant à l’horizon. Alors il succombe, rassuré par le jeune bateleur. Ségolène Royal, plumes et micros battants, est hissée au degré zéro de la nullité. En visite en Chine, sur la muraille, toute de blanc vêtue, elle lâche « bravitude ». Les vieux routiers de la blogosphère (ils sont toujours là) se lâchent sans retenue et préparent le bûcher pour châtier l’impudente, qui ose se présenter contre le génie de Neuilly ! Reniant leur déontologie, qui leur commande équité et rigueur, les griots de la République posent micros, plumes et caméras aux pieds de Nicolas Sarkozy, comme Vercingétorix déposant ses armes devant César à Alésia…

Les médias étrangers ringardisent et raillent les journalistes français. Comment, en effet, ne pas s’offusquer devant un tel renoncement ? Beaucoup d’animateurs et de journalistes ne sont nommés ou promus qu’en raison de leur proximité avec le Président Sarkozy

Heureusement, quelques médias demeurent lucides et sauvent l’honneur du journalisme français, en dénonçant l’indécente collusion. Elu, le Président a décidé de nommer les dirigeants de France Télévisions et de Radio France. France 3 la frondeuse, comme d’habitude, ne se plie pas. Cette attitude déplaît au prince qui demande à ses sectateurs de mettre la pression sur certains journalistes de la chaine. Audrey Pulvar est mise en quarantaine : elle ne pourra pas interviewer le Président. Joseph Tual, grand reporter, est traîné devant les tribunaux, pour une sombre histoire de cassette. Encore aujourd’hui, il est menacé de licenciement. On comprend qu’il ait manifesté un peu bruyamment son soulagement après l’élection de François Hollande...                                                                                                       

          Le nouveau pouvoir en place depuis le 6 mai a déclaré qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières. Que les dirigeants de l’audiovisuel public nommés par Sarkozy resteraient en en place jusqu’à la fin de leur mandat. Espérons que cette nouvelle équipe dirigeante saura rendre ses lettres de noblesse au journalisme, en laissant les médias libres de leurs critiques. C’est ainsi que les journalistes pourront jouer pleinement leur rôle de sentinelles de la démocratie.

          Un air d’apaisement souffle sur la France. On en a fini avec les éructations clivantes de l’ancien pouvoir qui ont dressé les Français les uns contre les autres et menacé la cohésion du pays. La France a besoin d’unité pour affronter la crise, et non de division. Que l’espoir renaisse et perdure.

            Les médias doivent retrouver le chemin de la déontologie et du courage.  Beaucoup de journalistes, dans les pays où règnent les oligarques et les dictateurs, paient de leur vie leur rôle de «chiens de garde» de la liberté.  En France, nous sommes en démocratie. Le journaliste français se doit être l’exemple de la rigueur, et non donner l’impression d’une soumission aux aléas du pouvoir.

               «Un oiseau ne change pas ses plumes parce que le temps est mauvais» (Proverbe nigérian).

  P.S. La procédure de licenciement engagée contre Joseph Tual, grand reporter  à France 3 Nationale, a été annulée. Saluons cette lucide décision. Bon courage, Joseph !

  1. A.    DE KITIKI

(11 juin 2012)

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