joseph Akouissonne

Abonné·e de Mediapart

298 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 août 2015

joseph Akouissonne

Abonné·e de Mediapart

13 AOUT FETE DE L'INDEPENDANNCE DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE MAIS QUELLE INDEPENDANCE ?

joseph Akouissonne

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

13 AOÛT : FÊTE DE L’INDÉPENDANCE EN CENTRAFRIQUE.MAIS QUELLE INDÉPENDANCE ? Paroles entendues sur la radio NDEKE LUKA au cours d’un débat dont l’invité est un senior centrafricain : on lui demande d’évoquer son époque, quand les Mounzous (les Blancs) colonisaient l’Oubangui-Chari, aujourd’hui République Centrafricaine. L’homme, la voix envahie par la nostalgie, lâche ce cruel constat : « A l’époque où les Mounzous géraient le pays, tout fonctionnait à peu près bien. Les routes étaient entretenues. Les camions-bennes ramassaient régulièrement les ordures. Bangui, la capitale, portait bien son nom de Coquette…Je me souviens que mon père, qui gagnait 4000 CFA par mois, roulait en Solex et commandait des chaussures ou des pantalons en France. Mes frères, mes sœurs et moi, allions à l’école où les instituteurs, Noirs et Blancs, étaient compétents…» Il soupire avant de poursuivre : « on pouvait se soigner parce que les hôpitaux et les dispensaires fonctionnaient bien. Des crédits étaient accordés aux gens pour qu’ils puissent construire des maisons en dur. C’est ainsi que les quartiers SICA 1 2 3 ont vu le jour… Aujourd’hui, avec 100.000 CFA, tu n’arrives pas à joindre les deux bouts… Les colons formaient des administrateurs noirs, qui avaient leur certificat d’études. Et ils étaient compétents. Il faut dire que le certificat de l’époque était du niveau du baccalauréat d’aujourd’hui… » Assène-t-il pour finir. Ce cruel regret du temps des colonies nous ramène aux dures réalités centrafricaines d’aujourd’hui. Barthélémy Boganda avait créé le MESAN pour sortir le pays de la servitude. Que s’est-il passé après la mort tragique - et non élucidée- du père de la Nation ? Le Centrafrique d’aujourd’hui est un pays transformé en champ de ruines par ses dirigeants successifs. Les mêmes qui osent, aujourd’hui, se présenter aux élections présidentielles, alors qu’ils ont saccagé le pays ! Quel culot ! Ils prennent vraiment les Centrafricains pour des attardés mentaux ! Sachez, mesdames et messieurs les candidats, que le Centrafricain d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. Il connaît maintenant ses droits et ses devoirs. Il ne se laissera pas abuser une fois de plus. Il saura vous rappeler à vos responsabilités, en se réclamant de Victor Hugo : « Vous avez la force, nous avons le doit.. » Et si, aveuglés par l’appât du gain, vous persistiez dans vos forfaitures, il resterait au peuple un endroit pour vous chasser du pouvoir : ce serait la rue… Car le peuple centrafricain en a assez d’être le dindon de la farce. Depuis soixante ans, les dirigeants n’ont fait que transformer le Centrafrique en royaume du « bien mal acquis. » Incompétence, prédation, collaboration avec les puissances étrangères qui sont venues piller les richesses minières et forestières du pays. Détournement des fonds internationaux destinés au bien-être des populations et au développement d’un pays exsangue. Népotisme, ethnisme, tribalisme, régionalisme, qui ont totalement pollué les nominations aux postes-clés du pays, au détriment des compétences. Confondant les caisses de l’État avec leur cassette personnelle, les dirigeants ont affamé leurs citoyens, les laissant croupir dans la misère. Cette façon de faire a, peu à peu, ruiné toutes les structures administratives laissées par les colons et ôté à la République Centrafricaine sa crédibilité aux yeux du monde. Aujourd’hui, le pays est à la croisée des chemins. Il appartient aux seuls Centrafricains de saisir l’opportunité de le rebâtir.Pour aboutir à une Nouvelle Centrafrique, c’est « tous ensemble », comme le répétait Barthélémy Boganda, qu’ils y parviendront. Il faut maîtriser les egos et de cesser la course au perchoir de la République, surtout maintenant que le report des élections est avéré. Il faut sécuriser le pays à l’intérieur de frontières sûres. Rééquiper l’Armée Nationale et lui donner les moyens de défendre l’intégrité du territoire. Chasser les mercenaires qui occupent une partie de la R.C.A. Diminuer le poids des soi-disant amis étrangers, qui ne sont attirés que par les matières premières, comme le miel attire les mouches. Il faut aussi songer à redéfinir les missions de la MINUSCA. Ses membres ont été envoyés en Centrafrique par l’O.N.U. pour sauver des gens, et non pour les violenter. Or, les actes de pédophilies et de viols d’enfants commis par certains d’entre eux n’ont pas encore été jugés. Les coupables n’ont toujours pas été déférés devant les tribunaux. Cette lenteur de la justice devant des actes aussi ignominieux et ce silence honteux des autorités, tant centrafricaines que françaises, sont insupportables. Ne cherche-t-on pas à étouffer l’affaire ? Ce serait intolérable ! On a appris ces jours-ci qu’un soldat du contingent rwandais avait tiré à l’arme automatique sur ses compatriotes du contingent, en tuant au moins quatre d’entre eux. C’est incroyable ! Pauvre Centrafrique ! Vous tous, politiciens centrafricains, arrêtez vos joutes ! Reconstruisez d’abord le pays avant de gesticuler. Tournez-vous vers le peuple. Le moment est grave ! Les bisbilles entre la Présidente Samba-Panza et le Président du Conseil National de la Transition sont insupportables. Remettez vos mandats au peuple. Sinon, il vous demandera de le faire. Et plus vite que vous ne le pensez… A. DE KITIKI (14 août 2015)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.