TIRAILLEURS SENEGALAIS :
LES INVISIBLES DE 14-18
Le 10 novembre 2012 à 20h40, un excellent téléfilm était consacré à Georges Clemenceau, dit "le Tigre", sur la chaîne publique France 3. Clémenceau bataillant à l’Assemblée Nationale, au front dans les tranchées avec les soldats de la grande guerre, se promenant avec son ami, le peintre Claude Monnet sur une plage de Vendée, Clémenceau le tribun, l’homme de plume, « Le père de la victoire »…
Donnant l’exemple du rôle pédagogique du service public, ce qui doit être salué, ce téléfilm comporte, malheureusement, des oublis fâcheux : en particulier, l’importance de la participation décisive des troupes coloniales à la victoire de la France sur l’armée allemande.
Qu’on en juge : le réalisateur choisit de nous montrer en ouverture les étreintes fougueuses d’un trompettiste noir et de la journaliste canadienne blanche, biographe de Clémenceau. C’est cela, la présence des troupes coloniales ? Ce n’est pas sérieux. La non-présence des combattants d’Afrique du Nord et Subsahariens dans les séquences des tranchées est choquante. Ce genre d’oubli ne peut que remplir d’amertume le cœur des descendants de ces tirailleurs. Même quand Clémenceau se rend sur le front pour soutenir les soldats, on n’aperçoit aucun visage basané ou noir. La présence des ces combattants de la France d’Outremer est zappée, ignorée. Tout comme pendant la commémoration, aujourd’hui même, de l’armistice 11 novembre 1918 à l’Arc de Triomphe par le Président de la République. Une symbolique délégation africaine aurait été une bonne chose. Comme le dit justement l’historien Pascal Blanchard : « Dans les tranchées, tout le monde avait la couleur de la boue. » Dans la mémoire de la Nation, tout le monde doit avoir sa place.
A.DE KITIKI
(11 novembre 2012)