joseph Akouissonne

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Billet de blog 16 avril 2011

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MORTS IVOIRIENS MORTS OCCIDENTALES DEUX POIDS DEUX MESURES

joseph Akouissonne

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MORTS IVOIRIENS, MORTS OCCIDENTAUX :

DEUX POIDS DEUX MESURES (2)

Il faudra, un jour, tirer au clair les raisons profondes des interventions occidentales en Afrique. Il faudra avouer, il n’y a pas de honte à cela, que l’armada agressive déployée par la France en Côte d’Ivoire est destinée à sauver prioritairement les expatriés occidentaux, plutôt qu’à empêcher les massacres inter- ivoiriens.

Le cas de la Côte d’Ivoire est un exemple cruel, cynique et insupportable de cette politique.

Le vieux lion rusé Félix Houphouët Boigny, avec ses méthodes des messes basses, avait favorisé sans retenue le pillage de son pays par des investisseurs étrangers, qui claironnaient partout que la Côte d’Ivoire était le modèle à suivre par les Africains francophones.

Les entreprises françaises et les Libanais faisaient main basse sur la micro-économie et l’immobilier, préparant ainsi la situation dramatique actuelle du pays.

Aujourd’hui, pendant que les Occidentaux portent au pinacle le prétendu modèle ivoirien, la masse invisible des sans-voix, la cohorte des populations devenue errante sur sa propre terre végète dans un dénuement insondable. Derrière les gratte-ciel de la lagune et de Cocody, c’est l’enfer. Des bidonvilles à perte de vue. Des tas d’immondices sur lesquels des enfants en guenilles viennent quêter leur pitance. Si c’est ça le « modèle de développement »…

C’est à peu près la même configuration dans toute l’Afrique francophone. Pour que l’Occident regarde un Etat africain avec les yeux de Chimène, il faut qu’il se renie, abjure sa culture, son architecture, faite de matériaux durables, son agriculture vivrière, au profit de l’agriculture industrielle destructrice des sols cultivables. Bref, il faut que les Africains continuent de se contenter des miettes et demeurent à jamais de grands enfants…

Des Côte d’Ivoire sont en gestation, partout, en Afrique francophone. Maroc, Burkina Faso etc… Cette année est celle de nombreuses élections sur le continent. Ce sera sans doute aussi celle de tous les dangers, de toutes les revendications et de tous les affrontements.

Que fera la France ? Interviendra-t-elle pour protéger d’abord et seulement les Occidentaux ou pour empêcher le massacre de la population par un dictateur déçu par les résultats des élections ?

Ce qui se déroule en Côte d’Ivoire nous parvient, brut, sans nuance dans l’odieux et l’indécent. Les commentateurs des médias et les spécialistes de l’Afrique - curieux : ils sont pratiquement tous blancs !- qui passent d’un plateau de télévision à l’autre, nous abreuvent doctement d’analyses fumeuses empreintes d’arrogance et de paternalisme, qui figent à jamais l’Africain dans un infantilisme indécrottable.

C’est insupportable.

Cette vision pleine de condescendance, d’arrogance et de mépris envers « l’Africain que n’est pas assez entré dans l’histoire … » va bientôt, si l’on n’y prend pas garde, revenir en boomerang.

Partout, en effet, sur le continent originel dont nous descendons tous, les damnés de la terre haussent le ton. Les élections sont devenues les armes de ces peuples africains assujettis à des oligarchies, gardiennes protectrices des intérêts étrangers.

Désormais, rien ne sera plus comme avant. L’Afrique future se complexifie. Une nouvelle approche s’impose. Il faut tenir compte de la sociologie du peuple africain, ne plus considérer ses traditions comme des rites mineurs.

Pour comprendre la résistance de Kadhafi qui, malgré la puissance de feu de la coalition, n’est toujours pas chassé du pouvoir, et celle de Gbagbo, qu’on n’arrive pas à déloger de son bunker malgré les bombardements de l’ONUCI et de la force française Licorne, une interrogation d’urgence s’impose : comment trouver de nouvelles clés pour appréhender cette Afrique nouvelle ?

Depuis, Gbagbo a été capturé par les Forces Républicaines de la Cote d’Ivoire, avec l’aide décisive de la force française Licorne. Gbagbo est un dictateur certes, il a du sang sur les mains aussi. Mais cette exhibition indécente des images, de la capture, de ce Président noir a profondément choqué les Africains et au-delà tous les Négres du monde.

Ces interventions guerrières occidentales, sous couvert de l’O. N.U. soi-disant pour empêcher des massacres interafricains, sont perçues, par les Africains comme des expéditions de reconquête coloniale. L’amertume est grande en Afrique. Le rejet de l’occident couve. Que faire pour rattraper le gâchis ?

A.de KITIKI

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