AFRIQUE/EUROPE : MIGRANTSURGENCE HUMANITAIRE Pas un jour ne se passe sans qu’on n’apprenne que des migrants se sont noyés en Méditerranée. Pour qui sonne le glas qui semble alors nous parvenir ? Il sonne pour notre humanité déshumanisée. Pendant ce temps, la France et l’Angleterre jouent à une sorte de ping-pong macabre avec des êtres en errance et en détresse. L’Europe se barricade derrière des barbelés, tétanisée par la peur infondée du « grand remplacement ». L’Afrique, par démission ou par lâcheté, s’enferme dans un silence assourdissant. Depuis le début de l’année, ce sont plus de deux mille migrants, en majorité africains, qui ont perdu la vie en voulant gagner l’Europe. Quinze sont morts en tentant de rejoindre l’Angleterre par le tunnel sous la Manche. Un malheureux a été électrocuté sur le toit d’un train en gare du Nord. Un autre, écrasé par un camion poids lourd à Calais. En plus de ce que les médias français appellent « la jungle de Calais », il faut aussi signaler tous les « squats » de la région parisienne, aussi misérables les uns que les autres. Que deviendraient ces naufragés de l’humanité sans l’aide que leur apportent tous ces Calaisiens et ces Parisiens qui viennent à leur secours ? L’EFFROYABLE RESPONSABILITÉ DES DIRIGEANTS AFRICAINS Ces Africains ne quittent pas leur pays et leur famille de gaieté de cœur. Ils sont contraints à l’exil parce que leurs dirigeants ne leur garantissent pas le minimum vital. Prédations, corruptions, oligarchies, guerres régionales et mauvaises gouvernances ont transformé en enfer certains pays africains pour leurs habitants. Malgré les potentialités en matière de développement humain, malgré les sous-sols gorgés de matières premières, malgré les arbres aux essences rares, les forces vives s’en vont. Car les dirigeants africains, fuyant leurs responsabilités, ont livré leurs pays à des rufians étrangers, avides de matières premières. Avec l’esclavage, l’occident avait déjà dépouillé le continent noir de ses forces vives pour enrichir les Amériques et les pays européens. Avec la colonisation, ce sont les matières premières qu’on est venu piller pour industrialiser le vieux continent. Les migrants qu’on refoule aujourd’hui sont aussi les descendants de ces Africains qui sont morts sur les champs de bataille en Europe, pour barrer la route à l’obscurantisme et à la barbarie nazis. Personne ne demande aux Européens de laisser leurs frontières béantes pour tous les parias en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient. Mais il faudrait au moins qu’ils assument une part de leur responsabilité morale à l’égard d’êtres humains. Quant aux dirigeants africains et à l’Union Africaine, dont le silence est abyssal et sidérant, voilà longtemps qu’ils auraient dû envoyer des délégations pour assister leurs concitoyens en perdition. UNE GUERRE HUMANITAIRE MONDIALE La dernière tragédie en date dépasse l’entendement : quarante migrants sont morts asphyxiés dans la cale infecte d’un rafiot en Méditerranée. Il ne s’agit pas d’un bateau négrier du 18e siècle.Nous sommes au 21e siècle, le samedi 15 août. C’est une cohorte macabre, incessante, tragique, qui se fracasse contre les barbelés de l’Europe. La conscience humaine, au-delà des égoïsmes et des peurs, est interpellée. Elle ne peut demeurer indifférente. Les États du monde ne peuvent pas, indéfiniment, se contenter de discours lénifiants. Il faut agir rapidement et avec force. Les Nations-Unies, et surtout l’Union Africaine, doivent sortir de leur léthargie et prendre des initiatives. Car il s’agit désormais d’une guerre humanitaire à l’échelle mondiale. Les satellites ont localisé depuis longtemps les repaires des passeurs. Il faut nettoyer les côtes - celles de la Libye, du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal…- par des frappes aériennes. Il faut détruire les bateaux et les passeurs avant qu’ils n’obligent les malheureux migrants à embarquer pour un voyage où la mort les attend. Les états qui refuseront le survol de leur espace aérien pour atteindre les objectifs seront considérés comme complices de ces ignobles passeurs, ces négriers du 21e siècle. La réunion mondiale sur le climat qui va se tenir à Paris devra, en plus, prendre en compte les migrations à venir, provoquées par les bouleversements climatiques. Monter des murs aux frontières de l’Europe comme s’apprête à le faire la Hongrie, n’arrêtera pas les migrants déterminés à passer. Les discours populistes et xénophobes n’y feront rien non plus. L’avenir de notre humanité dépendra, au contraire, de notre capacité à résoudre ensemble les défis posés par les migrations. A. DE KITIKI (16 août 2015)
Billet de blog 16 août 2015
AFRIQUE/ EUROPE: MIGRANTS URGENCE HUMANITAIRE
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