REPUBLIQUE FRANCAISE
6 mai 2012. La place de la Bastille a été investie par les enfants arc-en ciel de la République. Dans leurs yeux brillent les mille feux de l’espérance. De leur gorge surgissent les clameurs républicaines. Embrassades, larmes d’émotion. Quelles sont donc les raisons de cette jubilation ? Quelle sourde terreur avait donc menacé la Nation ? Au bord de quel gouffre étaient-ils pour se sentir ainsi libérés ?
Les acclamations qui montent sous la Colonne de Juillet annoncent un changement radical du personnel politique. Le peuple de France s’est souvenu du Chant des Partisans et n’a pas cédé aux chants des sirènes, qui tentaient de l’entraîner dans les abîmes de la division nationale.
La dernière semaine de la campagne électorale a vu, en effet, le Président sortant - et sorti- se livrer sans retenue à des dérives extrêmes-droitières. C’est précisément pour cette raison qu’il n’a pas été réélu. La République Française a la mémoire des valeurs qui ont façonné son socle. Elle sait toujours, dans un dernier sursaut, sauvegarder les valeurs essentielles qui l’ont fondée.
Le Président sortant et sorti a osé ce que le Front National n’oserait même pas. Dans son dernier clip de campagne, le sommet de la xénophobie a été atteint : on y voit avec répulsion un panneau des douanes écrit en français et en arabe pour prévenir ces barbares qu’ils ne sont pas les bienvenus. Il a oublié d’ajouter le wolof et le bambara. Sous entendu : nous ne voulons pas d’Arabes et de Noirs chez nous. Seulement voilà : La plupart de ces Arabes, et de ces noirs sont Français tout comme Nicolas Sarkozy français d’origine gréco-hongroise.
De la stigmatisation des musulmans à la diabolisation d’un vote communautaire, le Président sortant et sorti a trahi sa mission : celle de la cohésion nationale.
Incapable de réaliser ses promesses électorales, de trouver des solutions à la crise, il a cédé à la tentation de désigner des boucs émissaires et de les livrer à la haine populaire.
Reprendre sans vergogne les thèses antirépublicaines de l’extrême-droite, spéculer et répandre dans le tissu social la peur de l’islam qui menacerait la laïcité ont été un temps les vecteurs idéologiques du Président sorti. Les menaces sur la cohésion de la nation n’étaient pas minces. Depuis près de quatre ans, la République Française était parcourue par des vents contraires, porteurs de divisions. L’individualisme était élevé au pinacle, au détriment du collectif. Nos compatriotes chômeurs étaient fustigés et désignés comme parias fainéants et profiteurs. Les malades étaient sommés de faire un effort…pour ne pas tomber malades. Au lieu de favoriser l’éducation, pierre angulaire d’une Nation, on se vantait de construire des prisons. La police républicaine était victime de la politique du chiffre…
La liste des actes de mauvaise gouvernance est longue. Mais, peu à peu, le peuple français a pris la mesure de la malédiction menaçante et s’est donc décidé, le moment venu, à changer de personnel politique.
Foules en liesse dans toute la France. Embrassades, coupes de champagne, bras levés, photos géantes de François Hollande, le nouveau Président élu de la République. Des cris de joie, lancés à gorge déployée, annoncent en même temps la fermeture de la parenthèse Nicolas Sarkozy.
A travers Hollande, les Français ont montré clairement leur choix d’une République solidaire, fraternelle et laïque. La vie publique doit s’organiser autour des valeurs fondamentales de la République, héritées du Siècle des Lumières et du Conseil National de la Résistance de 1945 : remettre l’humain au centre des préoccupations. Protéger les plus vulnérables d’entre nous, au lieu de favoriser outrageusement les plus nantis. Ramener l’harmonie et la confiance mutuelle entre les Français. Avoir constamment à l’esprit les valeurs républicaines, car, comme on le dit en Afrique : « La République est écrite avec un crayon sans gomme, elle ne peut être effacée… »
Bon vent, Monsieur Le Président ! Tous ceux qui sont profondément attachés aux valeurs de la République vous soutiendront.
Ils sauront, aussi, vous rappeler les engagements pour lesquels ils vous ont donné mandat.
Ne les oubliez pas !
« Celui qui rame dans le sens du courant, fait rire les crocodiles »(Proverbe africain)
- A. DE KITIKI
(17 mai 2012)