ELECTIONS PRESIDENTIELLES : DERAPAGES
La chasse infernale aux voix du Front National s’est insérée dans le débat électoral, avec une frénésie sans retenue. Sans aucune pudeur, le Candidat Président parle comme le Front National. C’est son droit. Mais quand on occupe le fauteuil de l’Elysée, on doit veiller à la cohésion nationale – et non diviser les Français, en désignant une partie des citoyens à la vindicte populaire, pour manipuler les gens et les détourner de leurs vraies préoccupations.
Sarkozy et ses sycophantes ont semé la zizanie entre les Français. Rappelons-nous :
le 26 juillet 2007 à Dakar, tel un matamore, devant des universitaires pétrifiés, le Président qui vient d’être élu déclare, péremptoire : « Le drame de l’Afrique vient du fait que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire… Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie perdue de l’enfance… » Mais, bon Dieu ! Que sait de l’Afrique le scribe blanc qui a écrit ces lignes insultantes pour tous les Nègres du monde ? A cause de ces dérapages, qui dénotent le complexe de supériorité de l’homme blanc, la fracture est profonde entre la France et ses ex-colonies. Il faudra beaucoup de temps pour ressouder des relations éclatées.
Le 2 août 2007, lors de son premier discours de politique étrangère, le Président évoquait déjà le risque d’une confrontation entre l’islam et l’occident. Pour mémoire : 5 millions de nos compatriotes sont musulmans.
En mars dernier, les drames terrifiants de Toulouse et de Montauban ont fait surgir une sémantique détestable, menaçante pour la cohésion du tissu social et les fondements de la République. Au micro de France-Inter, le Président candidat, en réponse à une question, cherche ses mots et lance : « Les amalgames n’ont aucun sens. Je rappelle que deux de nos soldats étaient…comment dire… musulmans, en tout cas d’apparence puisque l’un était catholique mais d’apparence… »
On peut donc, désormais être d’«apparence» noir, jaune, rouge ou blanc !
Le 26 mars 2012, dans une synagogue, en hommage aux victimes juives de Mohamed Merah, Claude Guéant, ministre de l’intérieur, déclare : « Je suis venu m’associer à la peine qu’éprouve toute la communauté israélienne… »
Visiblement, le Ministre de l’intérieur a oublié que nous étions en France. Tant de langues qui fourchent au sommet de l’Etat interpellent…
Un proverbe africain ne dit-il pas : « La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche » ?
Immigrés, musulmans et islam sont devenus des menaces, des ennemis de l’intérieur. Une scénarisation sophistiquée des peurs est organisée sans retenue, entraînant la désorganisation de la bonne entente entre les citoyens.
Cette indécente danse du ventre, devant les courbes des sondages, est, à coup sûr, annonciatrice de lendemains qui déchantent.
Que tous ceux qui sollicitent les suffrages de leurs concitoyens s’en tiennent à une stricte sémantique républicaine !
« Le croissement des grenouilles n’empêche pas l’éléphant de boire »
« Proverbe Africain »
- A. DE KITIKI