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Billet de blog 21 février 2017

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FRANCE: RESTAURER LE DIALOGUE AVEC LES JEUNES DES QUARTIERS

La situation chaotique qui prévaut dans les banlieues française, est le résultat d'une politique d'abandon. Avec son corolaire d'une population abandonnée. Minée par les frustrations et les rancœurs etc...

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FRANCE :

RESTAURER LE DIALOGUE

AVEC LES JEUNES DES QUARTIERS

QUI SONT LES RESPONSABLES DE LA DÉLIQUESCENCE DES BANLIEUES ?

          Les politiques menées depuis environ 30 ans par les gouvernements de gauche et de droite ont failli dans les banlieues.

          Lionel Jospin avait pris l’initiative de créer une police de proximité : c’était une action qui allait dans le sens d’un dialogue essentiel, celui qu’il faut établir entre les jeunes et les forces de l’ordre. On n’aurait pas dû la supprimer. Nicolas Sarkozy l’a fait, déclarant à l’époque « que la police n’était pas là pour jouer au foot avec la racaille. » Cette police de proximité était, au contraire, un pont jeté entre les représentants de la République et les populations.

          Insidieusement, on a abandonné des quartiers entiers du territoire aux mains des délinquants, qui se sont empressés d’y appliquer leurs lois. Les jeunes se sont, à juste titre, sentis abandonnés, comme orphelins de la République. C’est pourquoi le feu n’a jamais cessé de couver dans les banlieues. La révolte qui gronde dans les quartiers est corollaire des politiques d’abandon des gouvernements successifs.

          Les médias n’évoquent les immenses problèmes de ces territoires que lorsque surviennent des affrontements violents entre la police et les jeunes. Les contrôles au faciès abusifs, qui exaspèrent les habitants, sont souvent le fait d’une police mal préparée à comprendre et à appréhender la sociologie de cette jeunesse délaissée. Il ne s’agit pas ici, en aucune manière, de pardonner les violences : leurs auteurs doivent comparaître devant les tribunaux. Mais il faut juste rappeler que la majorité des policiers français sont des républicains, qui font correctement leur travail. Quelques brebis galeuses ne doivent pas jeter l’opprobre sur l’ensemble du corps. Comme en Centrafrique, quelques soldats français égarés, devenus violeurs ne doivent pas  salir  l’honneur de l’armée française.

         Les responsables de cette problématique sont essentiellement les politiques. Nous sommes en période d’élection présidentielle. Les mots et les phrases comptent à un moment où le pays est à cran. Ceux qui, comme Marine Le Pen, ne cessent de tenir des propos clivants, attisent le feu de la division, menaçant ainsi le bien-vivre ensemble et la cohésion sociale de la France.

          Commentant les derniers événements des banlieues, la responsable du Front national n’a pas eu un seul mot de compassion pour Théo, ce jeune homme sans histoire violé avec une matraque télescopique par quelques policiers égarés et mal formés. Imaginons que Marine Le Pen accède à l’Élysée avec son idéologie et sa sémantique de rejet, ses fantasmes de fermeture des frontières et de sortie de l’euro, ses expulsions d’immigrés- si indispensables à l’économie française…Comment l’Hexagone pourrait-il s’en sortir ? Les mesures de rétorsions des autres pays aggraveraient inévitablement le chômage et la misère des Français. Mais tout cela, elle se garde bien d’en parler à ses électeurs angoissés.

DE L’HUILE SUR LE FEU

          Après les émeutes, les leaders de droite et d’extrême-droite ont manqué de retenue. Ils se sont livrés, au contraire, à des surenchères insupportables. Ils seront tenus pour responsables de la haine qui est en train de s’installer dans le pays. En attendant les conclusions de l’enquête judiciaire, certains syndicats policiers n’ont pas hésité à se livrer à des interprétations ignominieuses concernant la violence subie par Théo : « c’ est un accident. » Comment peut-on enfoncer une matraque télescopique dans le rectum d’une personne « par accident » ?

          En outre, Luc Poignant, porte-parole du syndicat Unité SGP police, a déclaré tranquillement sur la 5, chaîne de télévision publique : « l’insulte raciste Bamboula reste convenable. » Diable ! Quelles sont les insultes racistes qui le seraient moins ? « Sale Négro ? Singe ? Macaque ? Banania ?... ». Au moment où la douloureuse affaire Théo embrase les quartiers, les policiers devraient, au plus vite, renouer le dialogue avec leurs compatriotes des quartiers. Il faut que la République retrouve sa place sur tout le territoire.

          La France va mal. Elle ne mérite pas cette lente descente aux enfers. Tous les apprentis sorciers de la discorde et de la haine doivent cesser leur démagogie meurtrière. Il faut arrêter de jouer avec le feu. Le pays a besoin de cohésion et de réconciliation.

                                                                                                                                            A. DE KITIKI

(21 février 2017)

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