CENTRAFRIQUE : URGENCE ?
Les portes de l’enfer sont maintenant béantes. Les disciples de Belzebuth se sont réellement emparés de cette paisible République Centrafricaine. C’est pire qu’un chaos : c’est un séisme. Un pays à la dérive. Depuis trop longtemps. Sous nos yeux, il bascule dans une guerre civile et religieuse. (Il est nécessaire de rappeler que la R.C.A. n’est pas un pays musulman : elle ne compte que 5% de Centrafricains de confession musulmane.) C’est une République laïque, qui garantit donc à tous la liberté cultuelle.
Mais, ces temps-ci, les bords de l’Oubangui, renvoient l’écho de bruits de bottes inquiétants. Insécurités, pillages, violences aux personnes, Etat inexistant, au mieux à reconstruire. Populations fuyant en masse en R.D.C. (République Démocratique du Congo). Dans les provinces, une sorte d’omerta règne au niveau des nouveaux maitres de Bangui. Personne ne sait ce qui se passe dans le reste du pays. Des éléments de la Séléka, en rébellion et en perdition, sèment la terreur. Qu’est devenue la FACA (Force Armée Centrafricaine) ? Est-elle, ce qui serait à craindre, restée fidèle à Bozizé et en train de constituer une sorte de cinquième colonne ? Si c’était le cas, nous serions à l’aube d’un bouleversement diabolique majeur en Centrafrique.
Tous les ingrédients sont, en effet, dans la marmite infernale, en train de mijoter, brassés par les doigts crochus de Belzebuth. C’est la première fois, de mémoire de Centrafricain, qu’une église a été brûlée à Bangui par des éléments de la Séléka…Sans jouer à la pythie, on peut avancer que la Centrafrique est en train de scénariser, sur son sol, le remake du film des événements qui se sont déroulés au Mali, au Kivu (en R.D.C) et peut-être même le génocide de Ruanda.
N’ayons pas peur des mots. Mettons en garde, dès maintenant, contre un islamisme radical, qui, insidieusement, s’infiltre en République Centrafricaine. Beaucoup de ses habitants vivent très mal cette dérive. Déjà, à Boy-Rabé, un quartier populaire de Bangui, ils s’opposent, armes à la main, aux éléments incontrôlés de la Séléka qui les rackettent. Dans la capitale, on compte des morts, pratiquement tous les jours. Le pouvoir actuel n’a visiblement pas les moyens d’assurer la sécurité du territoire.
Pendant ce temps, le reste du monde détourne les yeux et se mure dans un silence assourdissant. L’O.NU. et l’Union Africaine, comme d’habitude, optent pour une attitude de non-assistance à population en danger et laissent la situation se dégrader. Où est passée la France ? N’a-t-elle pas signé des accords de défense avec la R.C.A. ? A-t-elle oublié que c’est l’uranium centrafricain, entre autres, qui a aidé à la mise au point sa première bombe ‘H’ ? Sans oublier que la 2ème D.B. du Général Leclerc était composée de nombreux Oubanguiens. La France a, depuis les années 60, maintenu dans ce pays un détachement des Forces Spéciales. Elle a donc une responsabilité particulière. Que les esprits chagrins cessent d’évoquer le néo-colonialisme ! Comme le dit l’écrivain Tierno Monémembo, dans son dernier ouvrage, Le Terroriste noir : « Le feu qui t’a brûlé, c’est celui-là même qui te réchauffera ». Il faut sortir de ce complexe de colonisé. La République Centrafricaine, malgré ses immenses richesses, est un pays dépouillé et appauvri. Elle a donc le droit de faire appel à la France, pays ami. Si, pendant la seconde guerre mondiale, les pays amis n’étaient pas venus au secours de la France, nous ne savons pas où nous en serions aujourd’hui.
Il faut donc, de toute urgence, une sorte de plan Marshall pour la Centrafrique. Le pays est plongé dans une nuit terrible. Et, dans les territoires limitrophes, la situation est devenue explosive : au Tchad, on l’oublie trop souvent, des rebelles menacent la stabilité du pouvoir d’Idriss Deby. Au Nord Cameroun, des preneurs d’otages fanatisés, venus du Nigéria voisin, sèment la terreur dans la région du Lac Tchad. En Centrafrique c’est le chaos.
Il est donc à craindre que les apôtres d’un islamisme radical ne rôdent et ne provoquent l’instabilité de toute la Région, pour détruire des Républiques laïques affaiblies. Qui a financé et armé la Séléka ? Certains hauts responsables Tchado-centrafricains du pouvoir actuel à Bangui ne sont-ils pas proches des Emirs du Qatar ? Ne commence-t-on pas à voir dans les rues de Bangui des femmes et des jeunes filles voilées ?
Il ne s’agit pas, ici, de stigmatiser les musulmans tolérants et républicains centrafricains. Ce que l’on peut constater ailleurs sur le continent, c’est que les adeptes du salafisme menacent l’intégrité des territoires. La première église qui a brûlé à Bangui doit souder tous les Centrafricains : catholiques, protestants, animistes, tous doivent se dresser contre les musulmans promoteurs de la charia.
Il faut espérer que des femmes et des hommes de bonne volonté - ils ne manquent pas en Centrafrique - réussissent à laisser des signes, tels des bougies, qui permettront à ce pays martyr de sortir des abymes de l’enfer.
A. DE Kitiki
(21 avril 2013)