AFRIQUE DU SUD/ LES VICTIMES D RACISME BLANC DEVENUS LES BORREAUX DE LEURS FRERES AFRICAINSS

AFRIQUE DU SUD LES VICTIMES DU RACISME BLANC DEVENUS LES BOURREAUX DE LEURS FRÈRES AFRICAINS MANDELA DOIT SE RETOURNER DANS SA TOMBE… Il ne s’agit absolument pas de comparer. Mais de chercher à comprendre l’incompréhensible. De tenter de démêler l’enchevêtrement des paradoxes, qui semble empêcher l’homme de se débarrasser de ses vieux démons. L’Etat d’Israël pratique ouvertement le racisme et la xénophobie, alors que les juifs ont été victimes de la barbarie nazie. Des Sud-Africains noirs pourchassent des Africains noirs dans les rues de Durban, alors qu’hier, ils étaient victimes de l’ignominieuse politique de l’apartheid. Blessés et marqués à jamais dans leur chair, en butte à la cruauté de leurs semblables, les voilà devenus bourreaux, eux dont on aurait pu penser qu’ils allaient, au contraire, être à la pointe de la lutte contre la xénophobie et le racisme, ces poisons qui gangrènent la société humaine. Malheureusement, ce sont souvent les discriminés d’hier qui sont les plus virulents d’aujourd’hui. Ce qui se passe en Afrique du Sud est insupportable et défie l’entendement. Quand les Sud-Africains noirs luttaient contre le racisme blanc et subissaient les souffrances qui leur étaient infligées, toute l’Afrique noire ou presque les soutenait. Mandela sillonnait le continent du nord au sud. L’A.N.C avait un bureau à Alger et dans d’autres capitales. Voir des ressortissants africains se faire courser dans les rues de Durban et de Johannesburg, apprendre que certains d’entre eux ont été tués et leurs commerces saccagés, interpelle la conscience humaine. Ce genre de comportement, n’a pas de sens. Au moment même où l’Europe égoïste, barricadée derrière ses frontières, refuse de recevoir ceux qui fuient les guerres, la mauvaise gouvernance et la famine qui ruinent le continent, l’Afrique du Sud offre l’image d’un pays à la dérive. Si, pour se dédouaner à bon compte, certaines voix s’élèvent déjà pour stigmatiser le racisme et la xénophobie des Noirs contre des Noirs, il ne faut pas oublier, pour autant, les terribles guerres fratricides des Blancs.RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT SUD-AFRICAIN L’Union Africaine doit prendre ses responsabilités et sortir de son mutisme pour intimer aux dirigeants sud-africains l’ordre de prôner la fraternité et de se souvenir de Mandela : « Amganani, ma Afrika… » (Africains unis) ou encore : « Phansi nge Xénophobia » (A bas la xénophobie) en langue zouloue. Au lieu de quoi, jetant de l’huile sur le feu, Goodwill Zwelithini, roi des Zoulous, multiplie les déclarations intempestives stigmatisant les ressortissants des autres pays d’Afrique. N’a-t-il pas exigé des «… étrangers africains qu’ils fassent leurs bagages et retournent dans leurs pays » ? En 2008 déjà, on comptait 62 morts au cours d’émeutes contre des immigrés africains. Depuis, le chômage est devenu massif et exponentiel, les injustices nées du régime de l’apartheid n’ont été qu’insuffisamment réparées, la pauvreté dans laquelle végète une grande partie des Sud-Africains noirs n’a fait qu’augmenter. En réalité, la rhétorique raciste de l’apartheid est encore enfouie dans les esprits. Les Blancs détiennent toujours les bonnes terres et gardent la haute main sur les finances et l’économie. La population noire qui ne voit pas sa condition s’améliorer est rongée par la frustration. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de l’Afrique du Sud une cocotte-minute. Que ce soit en Europe ou dans les rue de Durban, les immigrés ont toujours été des boucs émissaires. Est-ce que les états ne devraient pas pratiquer une politique de pédagogie, au lieu de se livrer à de la démagogie ? L’avenir de la planète ne pourra passer que par l’atténuation de tous les égoïsmes. A. DE KITIKI (21 avril 2015)