Ô SENEGAL
Tirailleurs Sénégalais : expression assignée aux troupes noires venues des colonies, pour libérer la « Mère Patrie » envahie par la barbarie nazie. Issus de l’Oubangui-Chari, du Tchad, du Cameroun, du Gabon et du Soudan français, ces combattants étaient regroupés à Dakar, capitale du Soudan français au Sénégal, afin d’embarquer pour la France occupée. D’où ce nom générique de Tirailleurs Sénégalais.
Ajoutez à cela le vent de démocratie et de liberté qui soufflait jusqu’à aujourd’hui au Sénégal, l’un des rares pays d’Afrique francophones à avoir institué le multipartisme et la diversité de la presse. Sans oublier qu’il a donné naissance à Senghor, le premier académicien issu de la terre africaine, rappelons qu’il a aussi montré l’exemple d’une transition apaisée du pouvoir politique, Abou Diouf cédant le pouvoir par la volonté du peuple - événement rare en Afrique francophone…
Or, aujourd’hui, un vieillard de 85ans, aveuglé par le pouvoir, a invité son peuple à une bacchanale sinistre, au bord glissant du fleuve Sénégal et joue sur un balafon des notes qui n’annoncent rien de bon pour la démocratie.
Dans la pensée africaine, le temps qui s’égrène suggère à l’homme qui aborde le seuil de la vieillesse de se retirer, plein de sagesse, dans sa case, pour favoriser la montée des jeunes et les guider.
Mais voilà, patatras ! Wade n’échappe pas au syndrome de l’antidémocratie, qui a meurtri tant de pays africains. Veut-il nous rejouer le tamtam de Gbagbo qui a plongé la Côte d’Ivoire dans le chaos ?
Wade, ne vois-tu pas que le continent africain, avec sa jeunesse lettrée et cultivée, est décidé à ne plus se laisser faire ? Cette nouvelle génération a soif de démocratie, de justice et de dignité. Elle est portée par un souffle puissant, surgi des entrailles mystérieuses de cette Afrique où le temps est devenu temps et d’où l’homme a pris son élan.
Wade, aux confins de tes 85ans, écoute la voix tremblante de la mère qui allaite, celle du baobab qui désapprouve en versant une larme, qui suinte le long de son tronc séculaire et celle du fleuve Sénégal qui bouillonne de colère !
Ecoute les conseils des ancêtres disparus, qui hantent tes nuits et crains leurs châtiments !
Laisse la jeunesse sénégalaise libre de choisir son destin. Ne transforme pas les rues de Dakar en torrents de sang. Des jeunes sont déjà morts sous les balles. Bientôt, les mères vont danser nues dans les rues de Dakar et ce sera l’abomination suprême. Car, en Afrique, des Mamans nues dans les rues, cela veut dire que l’aveuglement a effacé la Raison.
Wade, ne te représente pas. Que la sagesse africaine te montre le chemin du retour au village. Laisse au Sénégal un souvenir de Sage éclairé.
Si tu persistes dans ta soif du pouvoir, tu apparaîtras aux yeux de tous les Africains comme celui qui aura apporté l’apocalypse au Sénégal. Ton pays ne mérite pas de devenir celui de Belzebuth.
Pendant ce temps, l’Union Africaine se mure dans un silence assourdissant. D’Alger à Dakar en passant par Tripoli, Tunis et Abidjan, ses dirigeants restent sourds aux cris des peuples réclamant dignité et démocratie. L’organisme semble être devenu un club de protection des puissants. Il doit, pour l’avenir du continent, redevenir le protecteur des peuples, afin d’éviter des bains de sang.
« Celui qui a avalé une noix de coco, doit faire confiance à son anus » (Proverbe africain).
A de Kitiki