LA REPUBLIQUE DES APPRENTIS SORCIERS
Logement, pouvoir d’achat, justice, croissance, précarité, santé, école etc. . .Voilà les problèmes qui assombrissent l’horizon des Français inquiets pendant cette campagne pour les élections présidentielles.
Mais, au lieu de se saisir de ces préoccupations majeures, certains prétendants et leurs adeptes n’hésitent pas à descendre dans des marécages nauséabonds pour manipuler le citoyen déboussolé. Ces apprentis sorciers, aveuglés par la soif du pouvoir et l’appât du gain, détricotent à longueur de journée ce qui fonde la République et rassemble les citoyens, en préservant la laïcité.
Relayés par quelques journalistes griots, ouvertement réactionnaires et xénophobes, qui se pavanent sur des plateaux de télévision complaisants, ils trempent leurs plumes dans les miasmes de la stigmatisation de l’autre. De celui qui n’a pas la bonne couleur de peau dominante. De l’étranger, que l’on tente de faire passer pour l’ennemi de l’intérieur, le bouc émissaire de tous nos maux. En agissant ainsi, ils fragilisent les piliers et les préceptes de la République. Ils seront responsables devant la Nation, si la haine qu’ils divulguent, finit par ébranler la cohésion nationale, et aboutit à des situations d’affrontements entre les composantes de la République.
Ministre de l’intérieur, aveuglé par sa crainte infondée d’une France aux mille minarets, M. Guéant, avec ses éructations à la limite du supportable, favorise le communautarisme qu’il dit redouter.
«Halal… casher…» : en quoi ces deux termes, montés en épingle par une Marine Le Pen en perdition dans les sondages et repris, sans discernement, par certains candidats et leurs hommes de main, ont-ils à voir avec les inquiétudes des Français ? La République laïque, notre République, ne permet-elle pas à chacun de casser la croûte avec ce qu’il veut : saucisson beurre, tête de veau, kébab ou couscous ? En Limousin, c’est la tête de veau - et tout le monde peut en manger…
La République a toujours su congédier ceux qui ont manqué à leurs serments constitutionnels. Elle ne s’est jamais laissé mystifier deux fois.
Elle a n’a jamais manqué d’établir le distinguo entre les prédateurs de voix, qui n’aspirent qu’à satisfaire leur ego assoiffé de pouvoir, et ceux qui sont vraiment attentifs aux valeurs de la République. Cette République, que certains ont tenté de privatiser. Cette République héritière du Siècle des Lumières…
La République, c’est aussi un modèle pour l’Europe, qui ne saurait être qu’un vaste espace mercantile livré aux spéculateurs et aux marchés financiers. La France, héritière de tant de valeurs humanistes, doit œuvrer au sein de l’Europe, pour redonner parole aux citoyens et les placer au centre des préoccupations.
Que l’on cesse de tenter de faire croire aux citoyens qu’il n’y a pas d’autres issues que celles édictées par les financiers. Que l’on cesse de nous faire croire qu’en Europe, seul le modèle allemand peut la faire sortir de la crise. En ne préconisant que l’austérité sans croissance, en ne tablant que sur une monnaie forte, ce modèle est antisocial, générateur de précarité. Partout en Europe, les citoyens pris à la gorge hurlent leurs colères.
C’est pourquoi les élections présidentielles doivent permettre à la France de faire entendre sa voix. Cette voix sociale, laïque et républicaine, pour que son modèle social soit pris en compte dans les institutions européennes.
« L’amour de la démocratie est celui de l’égalité » (Montesquieu)
A. De Kitikiti