joseph Akouissonne

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Billet de blog 25 mai 2016

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LETTRE OUVERTE A MONSIEUR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA PRESIDENT DE CENTRAFRIQUE

Les débuts du nouveau Président de la République Centrafricaine sont salués et approuvés par beaucoup de Centrafricains. Toute fois, l’élection de Monsieur Meckassoua au perchoir de l'Assemblée Nationale,pose problèmes. Ce dernier, est lourdement soupçonné, d'avoir acheté des voix de Députés pour se faire élire...

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LETTRE OUVERTE

A MONSIEUR FAUSTIN-ARCHANGE TOUADERA,

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE  CENTRAFRICAINE

Monsieur le Président,

         Votre élection à la tête de la République Centrafricaine a soulevé un immense vent d’espoir.

          Si les Centrafricains se sont rendus si nombreux aux urnes, c’est parce qu’ils en avaient assez des turpitudes qui ont prévalu au plus haut sommet de l’État depuis plus d’un demi-siècle.

          Ces agissements coupables ont, pendant longtemps, rendu caduques les potentialités d’un pays pourtant richement doté, devenu incapable de s’engager dans la voie du  développement. Ils ont favorisé le dépouillement du peuple et la ruine du pays, soumettant la population à une souffrance sans fin et permettant l’ignominieuse cogestion du pays avec des prédateurs étrangers, avides des richesses du sous-sol centrafricain.

          En vous élisant, les Centrafricains ont voulu en finir avec les politicards vieillissants, arrogants collaborateurs de puissances étrangères, imbus de leur personnalité à l’égocentrisme démesuré.

          Autant dire que votre élection à la magistrature suprême du pays constitue ce que l’on pourrait appeler « l’An 01 » de la République Centrafricaine. 

          Une aube nouvelle qui pointe enfin sur une nation revenue des enfers.

 DES DÉBUTS PROMETTEURS

          Monsieur le Président, sachez-le, les actes du début de votre quinquennat ont été salués par une immense majorité de Centrafricains, qui ont vu en vous le nouveau berger d’une gouvernance exemplaire.

          Vous avez commencé par voyager en empruntant des lignes régulières. Vous avez déclaré au Conseil Constitutionnel de la Transition l’état de votre patrimoine (J’ai écrit, ici même, que cela ne s’était jamais vu de mémoire de Centrafricain !) Vous avez sermonné à juste titre les fonctionnaires ankylosés par des années d’incompétences et de paresse, qui ont affaibli l’administration centrafricaine. Vous avez eu le courage de vous rendre dans le Haut-Mbomou, région sous la coupe des bandes armées et abandonnée par le pouvoir. Votre Premier Ministre, après une descente matinale au marché central de Bangui-la-Coquette devenu une poubelle en plein air, a sommé la Première Magistrate de la ville de remplir les missions de salubrité qui lui incombent. Votre Ministre de l’Intérieur a, de son côté, lancé l’opération « TOMBA ZENDE » pour nettoyer la capitale afin qu’elle retrouve sa beauté et sa splendeur d’antan.

          Ce sont là quelques actions qui confirment votre engagement pour redresser la République Centrafricaine. Avec force et détermination, vous avez, à l’adresse des Centrafricains, lancé le mot de « rupture ». Rupture avec cette anémie qui a dénutri la RCA. Avec les mauvaises gouvernances successives, qui ont favorisé la succession des coups d’état. Avec leurs cohortes de dictatures et d’impunités.

          Monsieur le Président, si les citoyens ont déjoué tous les pronostics par leur vote en vous élisant confortablement, c’est bien parce qu’ils voulaient, pour toujours, tourner la page sombre de leur pays.

INQUIÉTUDES ET INTERROGATIONS

          Avec  l’élection de Karim Meckassoua au « perchoir » de l’Assemblée Nationale, élection entachée de rumeurs – des députés se seraient laissé corrompre, trahissant ainsi la confiance de leurs électeurs - des interrogations ont surgi, des inquiétudes se sont manifestées. Comment l’homme droit et vertueux que vous paraissez être a-t-il laissé commettre pareille forfaiture ? N’auriez-vous pas dû réagir vigoureusement et vous exprimer publiquement sur cette regrettable affaire ? Il fallait annuler ce vote infâme, qui jette la honte sur la République Centrafricaine et son peuple.

          Votre pouvoir risque d’être menacé. Pour certains, comme Meckassoua, vous avez été élu par défaut. Du « perchoir », il risque de se livrer à diverses manœuvres pour vous déstabiliser. Or le pays n’a pas de temps à perdre en querelles politiciennes. Les urgences en Centrafrique sont de véritables Himalayas, que vous devez affronter avec détermination, force et sérénité.

          Monsieur le Président, permettez-moi de vous suggérer de régler au plus vite et sans faiblesse les problèmes posés par l’élection douteuse de celui qui est, aujourd’hui, le deuxième personnage de l’État.

          Par ailleurs, Monsieur le Président, pourquoi avoir nommé vingt conseillers, Ministres à la Présidence, en plus du Gouvernement qui comporte déjà vingt membres ? La pléthore de conseillers n’a jamais été gage de bonne gouvernance et de bonne gestion de l’Etat. Un pays qui vit dans la disette peut-il se permettre ce qui risque fort de ressembler à une gabegie ? De plus, les bureaux de l’Assemblée Nationale ne font pas suffisamment de place aux femmes. C’est presque archaïque. La parité hommes/femmes ne doit-elle pas être respectée dans tous les domaines ?

          Monsieur le Président, vous le constatez vous-même, depuis votre élection, les violences n’ont malheureusement pas cessé : 200 Centrafricains ont encore été tués récemment par des bandes armées. C’est insupportable. Autant dire que la priorité des priorités qui s’impose à vous, Monsieur le Président, est la SECURITE. Rien ne pourra se faire dans le pays si elle n’est pas assurée. La tâche est dure, certes, mais vous avez, pour l’instant, la confiance et le soutien d’une immense majorité de Centrafricains.

          Veillez croire, Monsieur le Président, à ma plus haute considération.

A. DE KITIKI

(25 mai 2016)

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