CENTRAFRIQUE :
LES DONATEURS DE BRUXELLES ACCORDENT
DEUX MILLIARDS DE DOLLARS AU PAYS
LES JOURS D’APRÈS
C’est maintenant que la problématique de la bonne gouvernance, de la bonne gestion de la chose publique, va se poser avec acuité. Comment procéder pour que cette donation soit vraiment consacrée au redressement de la République Centrafricaine et au bien-être de ses citoyens ?
Le risque est grand de voir ces fonds détournés de leur destination. La gestion des deniers publics par les gouvernements successifs s’est révélée calamiteuse. L’appétence à l’argent de certains politiciens n’est un secret pour personne. Quant au détournement des aides accordées par l’Angola et les Etats-Unis sous la Transition, il n’a toujours pas été élucidé. Les responsables de ces prévarications restent impunis. Ils se pavanent même à Bangui avec insolence et continuent leur bizness indécent avec de l’argent public.
Il faut rappeler qu’en RCA, depuis l’indépendance, les aides au développement n’ont pas fait défaut. Mais c’est dans les poches de politiciens véreux et cupides qu’elles sont allées. Le comportement de ces affairistes explique d’ailleurs en partie la descente aux enfers de la République Centrafricaine.
C’est donc peut-être l’aube de la dernière chance pour que le pays puisse sortir de son sous-développement chronique grâce à la décision des donateurs de Bruxelles. Des garde-fous vont être nécessaires pour que les aides viennent réellement soulager les souffrances que la population endure depuis trop longtemps.
MISE EN PLACE INDISPENSABLE D’UN COMITE INTERNATIONAL DE SUIVI
Pour que la bonne nouvelle ne se réduise pas à des mots, pour que les Centrafricains ne demeurent pas éternellement dans les tréfonds de la terrible nuit qui les accable depuis tant d’années, Faustin-Archange Touadera doit dire clairement comment il va garantir la bonne gestion de ces aides au développement. Le vote massif et démocratique qui l’a porté au pouvoir lui confère une légitimité et des responsabilités particulières. Les populations sont dans une attente forte. Elles n’accepteront plus les prévarications impunies du passé. Elles ne supporteront plus en silence la descente en enfer de leur pays.
C’est pourquoi il est impératif de mettre en place un comité de surveillance et de vigilance. Il pourrait être composé de Centrafricains, issus de la société civile et tirés au sort, ainsi que d’observateurs internationaux issus des pays donateurs.
LES IMPÉRATIFS DE LA BONNE UTILISATION DE CES DONS
La capitale centrafricaine et les autorités en liesse ont salué le ballon d’oxygène attribué par la communauté internationale à leur pays. Après une élection démocratique majeure sans incident notable, après le voyage du Pape à Bangui, après l’intronisation du premier cardinal centrafricain en la personne de Monseigneur Dieudonné Nzapalainga, la RCA a commencé à sortir de son enfer.
Malheureusement, elle reste un pays en guerre, un pays où les rebelles ne désarment pas, où ils sèment la terreur et dont ils tiennent certaines régions en otage, un pays aux administrations déstructurées, aux infrastructures routières à l’abandon.
Comment les aides vont-elles pouvoir arriver à destination ? Des bandits de grands chemins, coupeurs de routes, continuent à sévir sur les axes de circulation. Des rebelles et des mercenaires désœuvrés, en quête de rançons, feront du chantage et réclameront de fortes sommes pour déposer les armes. Des ex-candidats aux dernières élections présidentielles et des politiciens impatients se livreront à des surenchères politiciennes.
Autant dire que Faustin-Archange Touadera risque de perdre le contrôle de la situation s’il ne tape pas du poing sur la table. Il est menacé. Il doit s’appuyer sur la légitimité qu’il tient du peuple centrafricain pour sortir la République Centrafricaine de sa dure nuit. Les cupides sont déjà à l’œuvre pour assouvir leur soif du gain Les couteaux sont tirés pour partager le gâteau. Pour beaucoup, les deux milliards de dollars ne sont là que pour les enrichir…
URGENCE
Il faut désarmer les rebelles. Les chasser par la force des régions qu’ils occupent illégalement. Il faut également dénoncer sans relâche les pressions exercées par certains Etats de l’Afrique centrale et certaines pétromonarchies sur les autorités centrafricaines pour que des criminels de guerre échappent à la justice et bénéficient d’une impunité insupportable.
Rien ne se fera sans un minimum de sécurité. Il faut réunir les conditions pour que la paix et la réconciliation soient établies. Sinon, il est à craindre que ces donations ne restent un effet d’annonce - ce qui serait un désastre pour le pays.
A. DE KITIKI
(25 novembre 2016)