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Billet de blog 28 février 2013

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HABEMUS AFRICANUM PAPAM

PENETRATION DU CHRISTIANISME EN AMERIQUE LATINE ET EN AFRIQUE          La controverse de Valladolid en Espagne, sous le pontificat du pape Jules III, s’interrogea longuement pour déterminer s’il fallait mettre fin aux modes de vie des Indiens d’Amérique latine. Doctement, ces Prélats et ces Rois sondèrent leur subconscient, soucieux de savoir si ces gens-là avaient une âme. Apparemment, pour ces Européens, c’était non. Ils entreprirent alors la profanation de leurs lieux de cultes et la négation de leurs dieux. Les objets symboliques de leur religion furent brûlés. Les prêtres européens, qui précédaient les boulets de canon et les garrots de l’Inquisition, accrochèrent de force des crucifix au cou des Indiens. Ce fut le début de la mort des dieux incas et la christianisation forcée des populations.

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PENETRATION DU CHRISTIANISME EN AMERIQUE LATINE ET EN AFRIQUE

          La controverse de Valladolid en Espagne, sous le pontificat du pape Jules III, s’interrogea longuement pour déterminer s’il fallait mettre fin aux modes de vie des Indiens d’Amérique latine. Doctement, ces Prélats et ces Rois sondèrent leur subconscient, soucieux de savoir si ces gens-là avaient une âme. Apparemment, pour ces Européens, c’était non. Ils entreprirent alors la profanation de leurs lieux de cultes et la négation de leurs dieux. Les objets symboliques de leur religion furent brûlés. Les prêtres européens, qui précédaient les boulets de canon et les garrots de l’Inquisition, accrochèrent de force des crucifix au cou des Indiens. Ce fut le début de la mort des dieux incas et la christianisation forcée des populations.

          En Afrique noire, le même processus implacable, auquel il faut ajouter l’islamisation insidieuse du fait des Arabes, s’est abattu sur les populations. On peut, en effet, parler d'une islamisation de l’Afrique… par l’oreiller : en témoigne (n’en déplaise à certains) la population métissée du nord, mélange négro-arabo-berbère. De leur côté, les missionnaires européens baptisèrent à tour de bras les populations africaines, sans même leur expliquer le sens de ce rituel. Les dieux (tel Ngakora, en Afrique centrale, le Voodoo etc.…), les religions traditionnelles, les cultes consacrés à diverses divinités furent brutalement interdits. Se comportant comme envers les Indiens d’Amérique du sud, les missionnaires accrochèrent des croix au cou des convertis de force. On pilla les statuettes, souvent uniques représentations de leurs dieux. Objets de culte sacrés, elles font aujourd’hui la richesse de plusieurs musées européens, loin de leur continent d’origine. 

          Le christianisme s’est implanté en Afrique par le glaive et le goupillon. L’islam, par le sabre et le croissant. Ce sont, bien loin des cultures africaines, deux religions qu’on lui a imposées par la force.

Mais, paradoxalement, c’est en Afrique et aussi en Asie que, depuis peu, ces religions venues d’ailleurs progressent…

POURQUOI  UN  PAPE  NOIR  MAINTENANT ?

          En Afrique, le nombre  des croyants et des vocations sacerdotales est en constante augmentation. Tandis qu’il chute en Europe (de 24% à 23,83%), il progresse de 15,15 à 15,55% sur le continent noir. A cela il faut ajouter la désertification cléricale des campagnes françaises. L’Europe a perdu, en peu de temps, 905 prêtres. Les clochers de nombreux villages ne sonneraient plus de nos jours en France sans les religieux venus d’Afrique, d’Asie du Sud-est et d’Amérique Latine.  Il est  certain que l’avenir de l’Eglise Catholique se joue en Afrique. C’est pourquoi l’ordre des choses voudrait que la prochaine fumée blanche annonce l’avènement d’un pape noir. (Si c’est la couleur qui gêne, qu’on le dise !)

          N’y a-t-il pas eu déjà des papes issus du continent africain ?  L’histoire nous apprend que si. Nés en Afrique, ils avaient la peau blanche : Miltiade, par exemple, originaire d’Afrique du Nord, régna comme pape de 311 à 314. Il fut suivi par Gélase 1er qui exerça sa curie de 492 à 496. Mais, dès que l’on évoque l’éventualité de l’élection d’un pape noir dans  les médias occidentaux, les avis  deviennent hésitants, empreints d’ambiguïté. On a même entendu un croyant dire : « L’élection d’un pape noir nous ferait du bien… »  Mais en quoi un pape noir ferait-il plus de  bien qu’un pape blanc ?

          Cela ressemble à s’y méprendre au raisonnement des racistes qui avancent masqués : « Je ne suis pas raciste. J’ai même des amis noirs et arabes… » Quand la couleur noire cessera-t-elle d’être une abomination ? Quand le cerveau des humains sera-t-il débarrassé de cette anomalie incurable qu’est le complexe de supériorité de l’homme blanc imposant celui d’infériorité de l’homme noir ? Il est à prévoir que ce complexe animera les cardinaux, en majorité blancs, pour qui il est impensable que l’Eglise de Rome ait un pape à peau noire.

          Après l’élection  de Barack Obama, un Afro-Américain, comme Président des Etats-Unis d’Amérique, l’avènement d’un pape noir serait une nouvelle preuve que le monde est en train de se débarrasser de ses vieux démons.

          Malheureusement, il est à craindre qu’un pape africain attendra encore. Dans ce cas, pourquoi l’Afrique noire ne devrait-elle pas cesser de courber l’échine ? Elle pourrait envisager un schisme et créer une Eglise d’Afrique.  Sur le continent noir, les croyants sont plus nombreux qu’en Europe et les vocations éclosent partout. Alors, un pape africain,  pourquoi pas ?

  1. A.    DE KITIKI  

(16 février 2013)

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