MALI : CONSOLIDATION POLITIQUE
ET COHESION NATIONALE
« Le Chaos est rempli d’espoir, parce qu’il annonce une renaissance » (Claude Serreau)
LE SOUTIEN DE LA FRANCE AU MALI
L’intervention française au Mali a été unanimement saluée par les Etats africains du Sud du Sahara. Le chaos et la fracturation des frontières maliennes, qu’avaient initiés les intégristes musulmans fous de Dieu, ne présageaient rien de bon pour l’Afrique tout entière. Bien entendu, quelques voix discordantes, toujours les mêmes, hantées par la parenthèse nauséabonde de la France-Afrique et de l’Afrique de papa dont elles ont la nostalgie, se sont fait entendre, hurlant à une intervention coloniale ou néocoloniale.
Aujourd’hui que les fanatiques sont en fuite, on tente de nous faire croire que c’est à partir de maintenant que les vraies difficultés vont commencer. Sans doute, mais elles seront politiques - et non militaires. Si les islamistes avaient aussi forts et aussi puissamment armés qu’on l’a dit, ils auraient combattu et ne se seraient pas enfuis dans les montagnes du Sahara. Si le Mali n’était pas plongé dans une telle errance politique, et l’armée malienne dans un tel état de délabrement, l’intégrité territoriale du pays n’aurait jamais été menacée. Car pourquoi ces salafistes s’en sont-ils pris au Mali ? A cause, d’abord, de la mauvaise gouvernance, qui a plongé tout le territoire dans la corruption. A cause, ensuite, de la démotivation de l’armée, provoquée non pas par un manque de bons soldats, mais par un mauvais commandement - les officiers étant, pour la plupart, corrompus par les trafiquants en tous genres, drogues, armes, et autres, mis en place dans le nord par les terroristes. Beaucoup d’états africains sont dans cette configuration.
C’est pourquoi, il fallait impérativement, mettre fin à la scission territoriale qui menaçait le Mali et, au-delà, toute l’Afrique de l’Ouest.
L’INTEGRITE DU TERRITOIRE ET LA BONNE GOUVERNANCE
Aujourd’hui que la dislocation du territoire malien est, semble-t-il, arrêtée, il convient de consolider cette territorialité et de s’attaquer au volet politique et sociétal. On peut imaginer que le Mali a toutes les chances de devenir le laboratoire de la nouvelle Afrique qui se lève. Trop longtemps, l’Afrique et les Africains à peau noire ont été l’objet de moqueries et de mépris. Mais les temps changent. A Bamako, le Président François Hollande a parlé d’« une nouvelle indépendance. » C’est exactement ce qu’a en tête la jeune génération, formée dans les meilleures universités et grandes écoles d’occident et d’Afrique. Cette génération, qui n’a connu ni la colonisation, ni la décolonisation, se fiche royalement de la France-Afrique, de l’Afrique de papa et du néo-colonialisme. Ces nouveaux Africains ne restent plus forcément en occident après leurs études. Beaucoup regagnent désormais leur continent, qui devient, enfin, un territoire courtisé et respecté. Tandis que la crise plonge les pays d’Europe dans la précarité et l’incertitude avec une croissance en berne, un certain nombre d’états africains affichent, depuis près de six ans, un taux de croissance insolent. Que Messieurs les Afros- pessimistes, cette espèce en voie de disparition, rangent leurs commentaires dans la poubelle de l’histoire ! Que toutes les Pythies taisent leurs mauvais oracles !
DEMAIN L’AFRIQUE
La nouvelle Afrique est donc peut-être en train de s’esquisser à partir du Mali. Pour la première fois, l’Union Africaine a pris ses responsabilités en décidant, le 28 janvier 2013 à Addis-Abéba, de collecter des fonds pour soutenir le pays dans sa reconstruction. Pour la première fois, les Africains se serrent les coudes et agissent avant de tendre la main. Ce sont autant d’éléments précurseurs, annonçant le surgissement d’une autre Afrique, celle qui prend résolument son destin en main !
L’IMBROGLIO TOUAREG
Pour consolider l’intégrité du territoire, il faut exorciser tous les démons du passé. Dénoncer les analyses livresques et hasardeuses des experts occidentaux, dont les exposés sont trop souvent éloignés de l’âme et des réalités du continent noir. Sur les plateaux de télévision (où l’on invite rarement des Africains) les mêmes experts avancent des propos éculés : selon eux, puisque les Touaregs ont eu des captifs noirs, leurs revendications seraient provoquées par l’antagonisme entre Maliens blancs et Maliens noirs (Il est à noter que la majorité des Touaregs sont noirs ou métis). Mais ils ne sont pas les seuls qui aient détenu des esclaves noirs au Sahel. Et ils sont Maliens à part entière.
C’est à cause de la mauvaise gouvernance et de la corruption généralisée qui prévalaient au Mali que les populations du Nord, essentiellement touaregs, se sont senties à tort ou à raison délaissées par leur gouvernement. Ce qui était un problème inter-malien et qui durait depuis trop longtemps, a basculé dans le chaos avec l’irruption des Fous de Dieu. Ce que l’on peut reprocher aux Touaregs, c’est de s’être laissés abuser et instrumentaliser par les islamistes venus du nord du continent. Il faut maintenant réunir autour de la même table tous les Maliens sans exclusive et repenser la gestion spécifique du nord sans menacer l’intégrité du pays.
LA RECONCILIATION ET L’UNITE NATIONALE
C’est une décision positive que le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, a prise, en annonçant des élections pour le mois de juillet.
Elles ne devront souffrir d’aucune irrégularité, comme c’est, hélas !, souvent le cas en Afrique. De leur équité dépendra l’avènement d’un nouveau Mali, où la démocratie sera non pas une fiction, mais une réalité. Partant, le problème touareg sera abordé par une négociation politique pour asseoir les bases d’une répartition équitable du pouvoir. Instaurer une gouvernance exemplaire, pour être au service du peuple malien et non pour remplir les poches d’une oligarchie corrompue. Redonner leur honneur aux valeureux soldats maliens aujourd’hui en errance, en nommant à leur tête un état-major vertueux et non mercantile. Concilier le modèle économique occidental avec la sociabilité africaine. Donner les moyens à la génération montante de créer et d’innover dans tous les domaines sur son continent, pour le bien de tous.
La réussite politique et sociale du Mali de demain deviendra alors un modèle que d’autres états pourront suivre.
A. De KITIKi
(5 février 2013)