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Billet de blog 28 août 2017

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CENTRAFRIQUE: LA FRANCE ET LES MEDIAS: OMERTA SUR LE PAYS DES BANTOUS

Une guerre fratricide impitoyable se déroule depuis prés de 3ans en République Centrafricaine. Le pays est menacé de partition. Cette ex- colonie française a signé des accords de défense avec la France à l'indépendance. Les hésitations de la France pour intervenir vigoureusement a permis aux rebelles d’occuper 60% du territoire. Les Médias français s' intéressent si peu au drame de ce pays ami.

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CENTRAFRIQUE :

LA FRANCE ET LES MÉDIAS :

OMERTA SUR LE PAYS DES BANTOUS

LE SILENCE DES MORTS

          C’est insensé, aberrant, insupportable.

          La République Centrafricaine, si proche de la France depuis presque deux cents ans, agonise en pleurant des larmes de sang. Menacée de partition par des ex-Sélékas de confession musulmane et des mercenaires musulmans venus du Tchad, du Sud- Soudan,  du Soudan du Darfour et du Niger etc. C’est un envahissement. Tous les jours, la Centrafrique perd trente à quarante de ses habitants. Hommes, femmes et enfants sont égorgés. Les vieillards eux-mêmes sont exécutés par  les Sélékas et les mercenaires musulmans.  Des villages sont incendiés.

          Au lieu d’en rendre compte, la plupart des médias français zappent, purement et simplement, les tueries quotidiennes qui ensanglantent le pays des Bantous.  Syrie, Irak, Afghanistan, Venezuela - pour ne citer que ceux- là - envahissent les « Unes » des journaux télévisés et radiodiffusés du soir. Même France 24, la chaîne d’information internationale française, semble ignorer le drame centrafricain. Dans sa tranche intitulée Journal de l’Afrique, il est rarement mis à la Une.

          Quant aux autorités françaises, elles donnent l’impression d’afficher une indifférence insupportable.  La République Centrafricaine ne semble pas les préoccuper. Les appels au secours d’une population qui agonise, ceux des autorités désarmées et impuissantes et la crainte d’un génocide, ne sont apparemment pas parvenus aux oreilles du président français fraîchement élu.  Les Oubanguiens n’ont-ils combattus aux cotés des Français pour liber la Mère Patrie ?

          Depuis son élection, Emmanuel Macron s’est rendu, il est vrai, deux fois en Afrique. Mais c’était au Mali, auprès des soldats français engagés dans l’opération Barkhane. On s’étonne qu’il n’ait pas jugé bon de faire escale à Bangui. Là-bas aussi, la France a des soldats : des Marsouins ont même été dépêchés pour renforcer les éléments de la force Sangaris. La situation n’est pas plus dramatique au Mali qu’en Centrafrique, ravagée par des massacres de masse, guettée par une partition et un génocide. Il ne faudrait pas attendre qu’une catastrophe comme celle du Rwanda se produise en Centrafrique pour s’émouvoir.

UN SILENCE QU’IL FAUT BRISER, UN TERRITOIRE QU’IL FAUT SAUVER

          Sans un soutien vigoureux de la France, il est à craindre que la République Centrafricaine ne se disloque. Dépourvus de forces armées et soumis à un embargo féroce, les Centrafricains ne peuvent pas se défendre mains nues face aux envahisseurs. Que ceux qui, à Bangui, verraient, dans l’intervention de l’ancienne puissance coloniale, une amorce de néocolonialisme, montent au front pour combattre les rebelles ! Quand tous les soldats de la force Sangaris étaient présents, les Sélékas n’étaient pas aussi virulents.

          Mais on est en droit de se poser des questions sur le comportement de la France, de la MINUSCA et du gouvernement de la Transition face aux Sélékas : pourquoi les a-t-on laissés se replier avec armes et bagages dans les provinces ? Qu’a-t-on négocié avec eux sur le dos des Centrafricains ? Il faut que les médias, français et centrafricains, informent loyalement les citoyens sur la réalité du drame qui se joue en République Centrafricaine. C’est une obligation morale. Le silence équivaut à une non-assistance à population en danger.

          Depuis l’indépendance, la France est le faiseur de rois en Centrafrique. Elle a sa part de responsabilité dans le drame centrafricain. Il faut qu’elle l’assume.

                                                                           JOSEPH AKOUISSONNE

(24 août 2017)

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