PRESSE DU DESSOUS DE LIT

PRESSE DU DESSOUS DE LIT : PAUVRE FRANCE ! Précarité. Chômage. Kyrielle de plans sociaux. Citoyens inquiets, déboussolés, en passe de devenir des proies faciles pour les politicards de tous les extrémismes. Une coalition fascisante qui défie la République dans les rues de Paris. Et, contre toutes ces calamités, un pays qui essaie, tant bien que mal, de lutter. Mais voilà ! Un photographe de presse réussit à "shooter" le Président de la République en personne, coiffé d’un casque intégral, en train de se rendre, en scooter, à un rendez-vous amoureux... Immédiatement, la photo est achetée par un journal people qui, d'habitude, ne vend pas grand-chose. Elle sort, accompagnée de commentaires qui excitent le cochon voyeur tapi en chacun de nous. Presse de référence. Chaînes de radio et télévision. Réseaux sociaux. Tous les médias reprennent en boucle les ragots d’alcôve. Les yeux exorbités et la bave aux lèvres, on se précipite sur le journal people, dont les ventes s'envolent ! Pendant deux semaines, les préoccupations qui agitent les Français disparaissent des Unes. Les chaînes d’information en continu en font des tonnes, cavalant, sans discernement, derrière des news racoleuses pour remplir l’antenne. « …Les Français ont le droit de savoir ! » vocifèrent des journalistes à longueur d’antenne et de micro. De doctes débats sont organisés, pour démêler l’écheveau de la vie sexuelle du Président de la République... Ne pourrait-on pas, en passant, se demander combien de journalistes, de politiques et de citoyens lambda, ont, eux-mêmes, un deuxième bureau (comme on dit en Afrique, pour désigner une concubine ou une maîtresse) ?... Disons-le tout net : on n’a pas élu un Président et sa compagne (ou son compagnon). On a élu un Président. Et on l'a choisi pour qu'il redresse la République, protège les citoyens et impulse au pays un nouveau démarrage. Alors, messieurs les journalistes, les médiateurs et les sondeurs, revenez aux vraies préoccupations des gens ! Cessez de regarder la France par le petit bout de la lorgnette, en voyeurs invétérés. D'autres nouvelles mériteraient les Unes de vos journaux et les débats de vos médias : « La réaction défie la République dans les rues de Paris, avec des slogans dignes de 1940 : Mort aux juifs… La France aux Français... Mort aux Francs- Maçons… Mort aux Arabes ...Mort aux Nègres… Travail, famille, patrie…" Quels échos ont eus ces ignominies qui devraient être dénoncées et, partout, stigmatisées ? Où est passé le peuple de gauche ? Où se refugient les intellectuels républicains d’antan ? La France, à petits pas, mais sûrement, commence à être étreinte par les démons d’un sinistre passé. Pour qu'elle ne sombre pas : debout, les chiens de garde de la République !A. DE KITIKI(30 janvier 2014)