Ne passez pas à côté de cette perle là !
on en voudrait beaucoup de ces enseignants !
Ouvert d'esprit, acceptant le jeune tel qu'il est, y compris dans ses transgressions,
le poussant à aller au-delà de ses propres limites et de ce que les autres lui ont renvoyé de lui,
le respectant pour ce qu'il est un être en pleine évolution,
lui donnant la possibilité d'accéder à son rêve,
prêt à relever tous les défis que lui posent ces jeunes sans les rejeter ni les dénigrer...
contrairement à d'autres enseignants qui ne parviennent pas à assumer leur mission d'adulte éducateur, un métier difficile où les situations à affronter peuvent parfois être particulièrement dures. Cette formation là manque cruellement parfois à certains d'entre eux (ce soir-là, le jeudi 16 avril 2020) un autre film "Les Grands Esprits" montre d'autres situations limites auxquelles un autre enseignant, joué par Denis Podalydès, doit faire face.
Daniel Sibony nous parle (Violence, 1998, Le Seuil, p 339 - ) d’une “prof de philo qui entre en classe dans son lycée (de banlieue) faire son cours sur l’acte, et qui trouve sa table pleine de crachats... la dame ravale sa colère, fait son cours, évitant toute allusion à cet acte aveuglant ; puis elle constate les jours suivants qu’elle déprime, elle demande un arrêt, qu’on lui accorde ; et s’aperçoit enfin qu’elle ne peut plus enseigner. Or elle aimait “la philosophie”... Eût-elle été un peu plus “libre” de son symptôme, un peu moins phobique, elle aurait affronté à vif cette masse inerte et violente, faisant de sa “pensée” sur l’acte un acte de pensée qui les questionne sur leur acte. Après tout, elle n’était pas seule : elle avait tout l’appui de sa matière... en l’occurrence, la peur d’affronter l’acte était profonde... en tout cas sa peur et son symptôme n’ont laissé aucune chance dans le jeu qui s’engageait. Ayant “choisi” le refoulement, elle a pris de plein fouet toute la violence qui était là, en acte, redoublée par son silence et par le leur. Cette violence étouffée l’a annulée comme enseignante”.
La définition que propose Gadamer : le fondement ultime de l'autorité réside dans un acte d’ «acceptation et de reconnaissance» et non dans un acte de «soumission et d'abdication de la raison». Nous «reconnaissons que l'autre nous est supérieur en jugement et en perspicacité, que son jugement nous devance, qu'il a prééminence sur le nôtre. De même l'autorité ne se concède pas proprement mais s'acquiert et doit nécessairement être acquise par quiconque veut y prétendre... Non, l'autorité n'a aucune relation directe avec l'obéissance : elle repose sur la reconnaissance» (Gadamer, Vérité et méthode, 1976, p.118).
France 3 à 22 h 55 puis disponible sur replay jusqu'au 23 avril.
Résumé du programme
Durant un an, la réalisatrice a suivi les élèves d'un cours de français du lycée Voillaume d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, situé en zone d’éducation prioritaire. L’objectif de leur professeure Mathilde Levesque, auteure de «LOL est aussi un palindrome» et «Figures stylées» : apprendre aux adolescents à penser librement, à argumenter, à avoir confiance en eux. Dans ses cours, elle évoque le sociologue Pierre Bourdieu, le chant lyrique, la sophrologie et l'art de l'éloquence. Ce documentaire dresse le portrait de ces jeunes et s'intéresse à leur vision de la vie, leur langage et à leurs rêves.
Pourquoi regarder ?
Une immersion épatante et salutaire qui fait voler en éclats les stéréotypes sur les adolescents, la banlieue ainsi que sur l'Education nationale. La dernière partie consacrée au concours d'éloquence qui couronne les efforts et l'opiniâtreté de ces jeunes procure une vive émotion. En un mot : formidable !