Un texte a minima adopté à l’ONU sur la condition de la femme (27 MARS 2021 PAR AGENCE FRANCE-PRESSE) - Au terme de cinq semaines de négociations le jour et parfois la nuit, la Commission de la condition de la femme a accouché vendredi à l’ONU d’une déclaration a minima, l’Europe accusant la Russie d’avoir joué l’obstruction et un recul de leurs droits. A partir de là, je propose cette réflexion sur la condition féminine qui parfois recoupe la condition masculine et vice versa !
Voici mon commentaire posté sur ce billet pour aller plus loin peut-être grâce à votre participation :
- 27/03/2021 10:15
- PAR JOSIANE BLANC
Tant que nous continuerons à parler de différences entre "hommes" et "femmes" nous ne pourrons jamais parvenir à une avancée quelconque car ce n'est pas là que les choses se jouent.
Dans ma famille, mon époux était plutôt bien investi dans l'église par le rôle qu'il avait au niveau de l'aumônerie (catéchisme pour les collégiens et lycéens). Dans son groupe, un jour, une personne a eu l'idée de le proposer au diaconat. C'est-à-dire qu'il était invité à s'engager dans une formation qui l'aurait amenée à devenir diacre. Aujourd'hui il est heureux que cette proposition ne soit pas allée à son terme car son point de vue sur l'église a bien changé.
Voici le courrier à l'évêque (pdf, 221.0 kB) qu'à l'époque j'avais écrit car j'ai refusé d'entrer dans cette formation que nous devions suivre en couple. Mon positionnement a posé quelques problèmes au niveau de l'évêché car son représentant, l'évêque, n'avait pas pour habitude d'être à ce point débouté. Mais quelques temps après ma position a été acceptée si ce n'est comprise ! De toute façon je ne vois pas comment ils auraient pu faire autrement...
Pour comprendre mon point de vue, il faut comprendre le schéma que j'avais créé au cours de ma maîtrise en sciences de l'éducation (voir page 7 du document). Il y a deux axes dans ce schéma représentant deux principes Masculin et Féminin qui sont en chacun de nous selon les situations et les moments de notre vie - axe Masculin, de l'individu solitaire et nomade, et axe Féminin, du groupe sédentaire et solidaire -
Les résistances que nous rencontrons aujourd'hui dans toutes nos différentes cultures sont de cet ordre. Le Principe Masculin qui est de l'ordre de la conquête de Soi pour sortir de l'emprise que l'on peut subir au sein d'un groupe, et le Principe Féminin qui est de l'ordre de la protection de ce même groupe quand il se sent attaqué, d'autres cultures les ont mis en mots un peu différemment mais il s'agit toujours du même combat de l'Etre qui se cherche :
Tout homme est tiraillé entre deux besoins, le besoin de la Pirogue, c’est-à-dire du voyage, de l’arrachement à soi-même, et le besoin de l’Arbre, c’est à dire de l’enracinement, de l’identité, et les hommes errent constamment entre ces deux besoins en cédant tantôt à l’un, tantôt à l’autre ; jusqu’au jour où ils comprennent que c’est avec l’Arbre qu’on fabrique la Pirogue. (Mythe mélanésien de l’île du Vanuatu).
Aujourd'hui ce sont ces "soubresauts" que nous continuons à voir dans nos différentes cultures et, plus elles sont éloignées de ces principes, plus leur défense se fait violente. Les femmes, par la parole, parviennent de plus en plus à faire bouger les lignes, les hommes dans certaines cultures sont devenus les gardiens d'un passé qu'ils ne veulent pas voir changer.
Dans ces cas-là les femmes sont dans leur Principe Masculin et les hommes dans leur Principe Féminin, d'où toutes ces violences exercées à l'encontre des femmes qui restent toujours les plus faibles de par leur constitution, et les hommes n'ont pas de peines à le leur imposer malheureusement !
Changeons nos préjugés et peut-être parviendrons-nous à mieux nous comprendre... !?
Autre regard :
Se décentrer de notre monde occidental entre La Nouvelle Guinée…
Au fondement des sociétés humaines, Godelier Maurice, 2007, Albin Michel
« … Une société est donc un tout, qui doit se reproduire comme tel et être perçu comme tel. Les Baruya ont produit, pour se représenter à eux-mêmes leur société, une réalité matérielle et symbolique. Ce symbole est la Tsimia, un vaste édifice qu’ils construisent tous les trois ou quatre ans pour initier une nouvelle génération de jeunes garçons et faire passer ceux qui étaient déjà initiés à un autre stade…
Or, la construction de la Tsimia met en œuvre toutes les dimensions sociales et tous les symboles de la société Baruya. Pour nous limiter à quelques faits essentiels, lorsque l’on construit la Tsimia, les pères des nouveaux initiés apportent chacun un long poteau qui représente leurs fils. Le maître des shamanes les fait s’aligner autour d’un grand cercle tracé sur le sol et qui marque le contour de la future maison d’initiation. Les hommes se tiennent côte à côte, regroupés par villages mais non par lignage, et à un signal donné par le maître des initiations, …, les pères plantent tous en même temps leur poteau en poussant un cri de guerre. Chacun des poteaux est vu comme un « os », comme une partie du squelette gigantesque de la maison cérémonielle, de la Tsimia. Celle-ci est appelée « le corps des Baruya ». Et le poteau central sur lequel s’appuie toute la toiture est considéré comme le symbole de l’ancêtre qui a reçu le premier (le kwaimatnié) [l’objet sacré] du soleil. Le chaume qui recouvre l’édifice est apporté en bottes par des centaines de femmes, et il est décrit comme « la peau » du corps des Baruya. » (pages 102-103)
Cette action collective aboutit à la construction d’un édifice où les distinctions entre lignages et entre clans sont effacées pour produire un seul « corps ». C’est un acte de re-fondation de leur société.
Un jour, une mère entendant pleurer son enfant dans la Tsimia mit le feu à la toiture. Maurice Godelier nous dit qu’elle « disparut » du village. Une violence cachée, mais qui peut être dupe à ce point !?
Notre Monde qui se voulait moderne a cherché à endiguer cette violence par le Droit, et le texte de Georges LESCUYER dans Histoire des idées politiques montre comment il avait prévu de poser des limites à ces abus ; mais cela n'a pas été suffisant et la société dans laquelle nous sommes aujourd'hui, qui perd la mesure des mots et de leur signification montre que l'on peut très rapidement revenir en arrière de manière étonnante :
« Pour ne pas obéir aux hommes, les hommes ont inventé cette forme de pouvoir qui, ennoblissant l'obéissance, ne crée pas l'autorité, mais en affecte les formes. Produit de la dissociation de l'autorité et de l’individu qui l'exerce, il résulte de ce que les juristes appellent une institutionnalisation... Encore faut-il une réflexion sur le pouvoir lui-même, sur sa genèse, son évolution, son agencement, et sur les crises pouvant l'affecter car il reste au coeur du débat. Etant une idée, « il suppose des esprits prêts à le penser » (2001, 14e édition).