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Billet de blog 8 février 2021

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COVID : France peureuse, France frileuse ?

COVID, il est plus que temps de cesser à s'en remettre à des mesures miracles et de responsabiliser toute la population, de lui donner une perspective pour ces prochains mois, voire ces prochaines années.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

" Nous sommes en guerre » déclarait Emmanuel Macron le 16 mars 2020 et cette guerre, le président proposait à la nation de la mener « quoi qu'il en coûte... pour sauver des vies ".

Cette déclaration fait écho à la déclaration de Wilson Churchill à la Chambre des communes le 13 mai 1940 : "Je dirai comme je l'ai dit à ceux qui ont rejoint le gouvernement : Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ".

Presqu’un an après cette déclaration, force est de constater que nous n’avons connu que des défaites. Nous nous confinons pour faire baisser la pression, le virus réapparaît après quelques mois. Nous fermons nos frontières pour éviter de nouvelles contaminations, un variant les contournent. Nous pensons l’éradiquer par un vaccin, nous ne sommes pas en mesure de le produire, pire un nouveau variant semble s’en affranchir.

Un temps l’on considère le télétravail comme une opportunité voire une aubaine, l’autre jour on le considère comme délétère. Un jour on ferme les musées, l’autre jour on ouvre les centres commerciaux.

Ces virus ARN, tels les coronavirus plus banaux et les rhinovirus sont aussi bien connus des médecins de santé publique, vétérinaires et directeurs ou directrices de crèches ou d’écoles maternelles qui font face à des épisodes épidémiques hivernaux dont ils redoutent les déroulements imprévisibles que par les scientifiques qui s’épanchent dans les médias. La contagiosité coronavirus SARS-COV2 actuel, sa biologie, son impact clinique, sa résistance à la vaccination et surtout son imprévisibilité étaient donc parfaitement documentés par les événements antérieurs.

Bien que nous le souhaitions tous, il n’existe pas (encore) de remède miracle et, à ce jour, se raccrocher à des mesures incertaines est un pari grandement dangereux.

Nous sommes alors condamnés à nous en remettre à une science qui prouve par communiqué de presse ainsi qu’à des vaccins en provenance de pays dont on connaît le peu de transparence.

Dans Pilote de guerre, Antoine de Saint Exupéry écrit : " Je survole donc des routes noires de l’interminable sirop qui n’en finit plus de couler. On évacue, dit-on, les populations. Ce n’est déjà plus vrai. Elles s’évacuent d’elles-mêmes. Il est une contagion démente dans cet exode. Car où vont-ils, ces vagabonds ? Ils se mettent en marche vers le sud, comme s’il était là-bas des logements et des aliments [...] L’ennemi progresse plus vite que l’exode ".

Pour démentir cette impression, il n’est que temps que de faire face collectivement :

  • -  d’organiser le débat démocratique sur les priorités sanitaires. Peut-être aurons-nous à choisir quelles vies nous voulons sauver. Il n’y a pas de guerre sans choix, il n’y a pas de guerre sans

    risque.

  • -  d’oser des approches alternatives et communautaires. Vacciner en priorité professionnels et

    professeurs, c’est aussi protéger nos personnes fragiles ;

  • -  de cesser de ne donner la parole qu’à une communauté scientifique qui, manifestement

    dépassée, s’enlise dans des méandres techniques inopérants ;

  • -  de faire confiance aux jeunes qui peuvent mener une vie normale tout en s’abstenant de mettre en péril les vies les plus fragiles, voire s’investir dans des actions contre ce virus ;

  • -  de faire preuve de pédagogie en laissant à chacun et à chacune la gestion de son propre risque tout en étant intransigeant et intraitable sur ses facultés de transmission à autrui ;

  • -  de mobiliser l’ensemble d’un corps de santé, l’aider et l’étayer par toutes les bonnes volontés.

    Il est plus que temps de responsabiliser toute la population, de lui donner une perspective pour ces prochains mois, voire ces prochaines années.

L’auteur
Jean Philippe GALLAT est médecin général, médecin inspecteur de santé publique honoraire. Depuis 1980, il a occupé des postes de direction dans les DDASS, ARH et ARS.
Diplômé en santé publique, en gériatrie ainsi qu’en droit et éthique de la santé.
Réserviste sanitaire, il a mené plusieurs missions en Afrique sur la lutte contre le virus Ébola

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