La vidéo originale est accessible ici : https://www.youtube.com/shorts/h0OyA_DplE4
Commentaire :
« Pourquoi deux tours ? » Les questions oratoires ont un effet rhétorique certain, mais occultent des enjeux du sujet qui gagneraient à être nommés. Cela permet de conduire une authentique réflexion critique qui ne soit pas biaisée. Essayer de répondre, c’est nourrir le débat. Suggérer l’illégitimité par une question sans réponse, cela revient souvent à le pervertir. Pour une chaîne qui fait de l’esprit critique son fonds de commerce, user de tels artifices mérite réflexion, voire autocritique, non ?
« Pourquoi deux tours ? » En un mot : plébiscite. En 1958, on a voulu un chef d’Etat puissant, dont l’autorité reposerait sur une base électorale la plus large possible. Première option : la soviétique. Elle n’avait pas bonne presse : un seul candidat, validé à la condition d’avoir plus de 50 % de participation ; participation contrôlée nominativement par les listes d’émargement. Deuxième option : un second tour du plus populaire avec son principal opposant. C’était la solution la plus efficace pour un plébiscite large en régime « libéral ». Ce système n’est pas forcément parfait, mais le nommer éclaire un minimum les enjeux sous-jacents. D’ailleurs, l’effritement actuel de la participation accomplit avec E. Macron le problème que nos institutions ont essayé d’éviter : un président surpuissant et sous-représentatif.
Je vous rejoins sur un point : la règle électorale trace le profil de l’élu. Plus la règle est sophistiquée, plus l’élection se resserre sur un archétype politique. Plus la règle est limitée et souple, plus l’éventail des possibilités d’élection est vaste. Au début des années 2000, T. Diamantopoulos prônait le système irlandais dans un article. Pourquoi ? Parce que cela aurait permis l’élection de son candidat préféré.
Quand on parle de la règle fondamentale, il faut d’abord juger de ses qualités et défauts intrinsèques, plutôt que du podium espéré. Mais cela suppose d’avoir, sinon de l’esprit critique, du moins une conscience de l’intérêt général qui primerait les intérêts particuliers.
Soit dit en passant, pousser J.-L. Mélenchon comme vous le faites dans votre simulation, c’est mignon. La conclusion sur E. Zemmour qui « resterait seul », c’est-à-dire un électorat de plus de 2,5 millions de voix qui refuserait de jouer son rôle dans le tour décisif, ce n’est pas critique, c’est tout simplement idiot.
Et si la base de l'esprit critique, c'était de connaître son sujet ?