L’histoire de l’apparition du mouvement et de la controverse vaccinale.
Depuis 2009, la problématique du manque de confiance qu’ont les français envers les vaccins est devenue importante pour les autorités de santé française. Il existe désormais un réel besoin de “restaurer la confiance dans les vaccins”, en rappelant aux Français qu’il est de leur devoir de participer à la protection collective contre la circulation des virus.
Le premier événement médiatique ayant fait émerger cette controverse vaccinale est survenu à la fin des années 1990 autour d’un lien supposé entre le vaccin contre l’hépatite B et l’apparition de cas de sclérose en plaques, mais par la suite de nombreuses autres controverses ont émergé et se sont multipliées en gagnant en visibilité. Nous pouvons citer la campagne de vaccination contre la grippe AH1N1 en 2009. Cette campagne s’est littéralement soldée par un échec : seulement 8% de la population s’est vaccinée alors que l’objectif de couverture de base était de 70%. Depuis lors, de nombreux débats ont émergé dans les médias sur l’usage d’aluminium dans grand nombre de vaccins depuis 2010, ainsi que sur la sécurité du vaccin contre le papillomavirus depuis 2011, mais aussi sur les obligations vaccinales.
Une méfiance soutenue par des théories du complot.
Un sondage sur le complotisme en France réalisé par l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch a révélé que la thèse remportant la plus forte adhésion chez les Français concernent la santé. En effet il s’avère d’après ce sondage que 43% des répondants croient que « le ministère de la Santé est de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins », et 17% sont même « tout à fait d’accord » avec cette affirmation. Ces résultats ne font que démontrer la méfiance des Français dans les vaccins. Une autre théorie du complot, appelée Big Pharma, est une théorie selon laquelle l’intégralité des établissements médicaux et des compagnies pharmaceutiques s’organisent entre eux contre le bien commun, et ceux à des fins financières. Cette théorie incite également la population à éviter la vaccination. Cette théorie du complot n’est pas la seule, loin de là : aujourd’hui encore de nombreuses théories émergent à ce sujet, comme au sujet du coronavirus.
Une méfiance soutenue par certaines oppositions religieuses.
L’un des grands facteurs de l’hésitation vaccinale est la religion, du fait des croyances qui y sont associées. Nous pouvons citer la survenue d’épidémies dans des groupes de maladies normalement prévenues par la vaccination, telle que la survenue en 2014 aux États-Unis de 18 épidémies de rougeoles alors que le virus n’y circulait plus depuis 14 ans. Ces épidémies sont toutes survenues au sein de populations non vaccinées, qui, d’après la revue de 2015 “Religious barriers to measles vaccination” évoquaient en premier pour justifier leur refus vaccinal des raisons religieuses. Nous pouvons également citer les récentes épidémies de rougeole en France et en Europe analysées par le rapport de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires publié en 2017, dont le rapport nous démontre que ces épidémies survenues entre 2008 et 2016 se sont diffusées dans des réseaux de populations non vaccinées en raison de leurs convictions religieuses et philosophiques. La première revue systématique de Nathalie Fournet, publiée en 2018 a inclus 48 études sur les groupes en Europe avec une faible couverture vaccinale ou dans lesquels une épidémie d'une maladie prévenue par la vaccination a éclos. 5 communautés religieuses ou idéologiques ont été identifiées en Europe : les protestants orthodoxes, les anthroposophes, les Roms, les « Travellers » irlandais et les juifs orthodoxes. D’après cette revue, les principaux facteurs associés à la non-vaccination de ces populations sont :
- l'absence de gravité perçue ou le caractère bénéfique pour le développement de l'enfant de ces maladies infantiles traditionnelles ;
- la pensée qu'ils ne sont pas susceptibles de contracter ces maladies (maladies rares touchant un faible nombre d'enfants) ;
- la crainte des effets secondaires du vaccin, des composants ou des mythes associés à ces vaccins ;
- la négation de l'efficacité de ces vaccinations ou la supériorité d'une bonne hygiène de vie ;
- les croyances religieuses associées à la maladie ou à la vaccination (par exemple : la maladie vue comme une épreuve de Dieu) ;
- les facteurs socio-économiques : la barrière de la langue, l'analphabétisme, le manque d'accès aux structures de soins, la discrimination et la marginalisation de ces communautés, la méfiance envers les autorités publiques, etc.
Le facteur principal de cette hésitation vaccinale est donc principalement la désinformation.
Un débat actuel entre coronavirus et anti-vaccins.
À l’heure actuelle le développement d’un vaccin est considéré comme un enjeu majeur de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Pourtant, de nombreux Français s'expriment sur leurs réticences à l’idée de se faire vacciner contre ce virus. Vidéos, sites, groupes Facebook et pétitions, l’offensive des antivax s’organise et prend de l'ampleur sur les réseaux sociaux. En effet, les anti-vaccins se rassemblent sur internet sur fond de théories du complot : depuis le déconfinement, plusieurs sites peu fiables ont émergé, mettant en garde contre un futur vaccin qui pourrait, selon eux, tuer plus de personnes que le Covid-19. Un site a même été jusqu’à déformer une citation de Bill Gates pour appuyer cette théorie, tandis qu’un autre a repris et déformé la vidéo “Plandemic” (une série de deux films documentaires américains sortis en 2020 à propos de la pandémie de COVID-19) en la truffant de théories du complot.
Néanmoins cette peur du vaccin contre la Covid-19 n’est pas réservée aux antivax. Nombreuses sont les personnes ayant peur d’un vaccin conçu “à la va-vite”. En effet, ce vaccin est encore en cours de développement. Nous n’avons donc pas le recul sur les effets indésirables à court, moyen et long terme. Cela explique aisément une certaine frilosité. Ainsi, 15% des répondants à l’enquête COCONEL (pour COronavirus et COnfinement) motivent leur refus en jugeant qu’un vaccin élaboré dans l’urgence serait trop dangereux.
Julie MARIE - Le Havre - novembre 2020