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Billet de blog 23 avril 2021

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Le plafond de verre, barrière sociale implicite empêchant l'ascension

Point de situation en Europe et en Espagne sur le fameux "plafond de verre" qui touchent essentiellement les femmes. Enjeux et perspectives. Dans notre société, les femmes sont les plus touchées par le plafond de verre. Elles peinent à accéder à des postes à responsabilités et sont regroupées au sein de certains secteurs d’activités très féminisés.

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Ces inégalités ont été bâties par notre système social et notre système éducatif. Ce sont des processus sociaux informels qui sont intériorisés par les femmes dès le plus jeune âge et qui sont renforcés tout au long de leur scolarité. Même si en théorie, la mixité de l’école ainsi que de l’enseignement supérieur devrait permettre à chaque sexe d’accéder aux même postes de manière égalitaire, la réalité est toute autre.

Qu’en est-il du plafond de verre chez nos voisins européens.

Qu'en est-il de cette situation critique de sous-représentation des femmes dans les emplois élevés en Europe ? Une segmentation continue de peser sur les marchés du travail à travers l’Europe : celle-ci se fait à la fois horizontalement, les femmes étant surreprésentées dans les secteurs à bas salaires de l’économie, mais aussi verticalement, les hommes dominant les postes supérieurs dans les différents secteurs. Il s’agit là du résultat de plusieurs problèmes tels que l’absence de politique adéquate assurant l’équilibre entre vie professionnelles et vie privée, et aussi les mesures fiscales dissuasives pour les deuxièmes sources de revenu d’un ménage, ou encore les stéréotypes tenaces quant aux domaines d’études et de métiers. Les inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail des vingt-sept pays de l’Union européenne sont donc constantes. Dans l’Europe des quinze (entre 1995 et 2004), un demi-siècle de croissance ininterrompue de l’offre de travail et de l’emploi féminin n’ont pas réussi à venir à bout des discriminations de sexe. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, le passage à l’économie de marché s’est malheureusement traduit par une chute vertigineuse de l’emploi des femmes et par une forte hausse des inégalités. Dans tous les pays, malgré la grande croissance du niveau d’éducation des femmes, les écarts de salaire entre femmes et hommes persistent, malgré des lois imposant l’égalité de traitement.

Les plafonds de verre : une réalité bien établie en Europe :

Des preuves empiriques confirment la présence du plafond de verre ; la rareté des femmes cadres est le résultat combiné de plusieurs facteurs sociaux et culturels comme par exemple les normes culturelles ou encore la répartition inégale des responsabilités familiales. Les données de 2017 de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes montrent que les femmes ne représentaient que 25% des membres des conseils d’administration des plus grandes sociétés cotées en bourse, enregistrées dans l’Union Européenne, bien que la situation varie considérablement entre les États membres et qu’il soit difficile de généraliser. En outre, selon le sondage Eurobaromètre spécial sur l’égalité des sexes réalisé également en 2017, 35% des personnes interrogées ont déclaré que les hommes étaient plus ambitieux que les femmes tandis que dans certains pays de l’UE, ce chiffre a dépassé 50 %. Pour éviter cette situation, l’UE a été à l’avant-garde de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, encourageant les États membres réticents à suivre cette voie. La première étape a été franchie en 1957, lorsque l’UE a établi le principe de l’égalité de rémunération par le traité de Rome. Depuis lors, plusieurs politiques ont poursuivi l’objectif de l’égalité. À l’heure actuelle, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes aux postes de direction dans l’UE. Les États membres présentant le meilleur équilibre entre les sexes dans la gestion sont la Lituanie, la Hongrie, la Bulgarie, Chypre et la Lettonie, où plus de 40% des cadres sont des femmes. En moyenne, les femmes représentent 36% de l’ensemble des cadres en Europe et si l’on examine la proportion de femmes sur le marché du travail, on constate une inégalité fondamentale. Alors que les femmes représentent près de la moitié de l’ensemble des personnes ayant un emploi (48%), un peu plus d’un tiers seulement des cadres dans l’UE sont des femmes. Dans le cas de l’Espagne, la proportion de femmes dans l’emploi est de 47%, tandis que la proportion de femmes dans la gestion est de 38% (données 2015).

L’exemple de l’Espagne :

Un sondage réalisé auprès de femmes dirigeantes en Espagne montre que, selon elles, les politiques d’égalité sont toujours considérées comme trop superficielles dans plus de la moitié des entreprises. Sept femmes cadres dirigeantes sur dix estiment que les entreprises donnent un traitement de faveur aux hommes dans l’évolution de leur carrière. En effet, ce même sondage tiré de l’enquête « Gender Monitor » menée par l’école de commerce ESADE, à Madrid, révèle également que ces femmes considèrent qu’une représentation équilibrée des deux sexes au sein des entreprises passe par l’implantation de politiques internes, mais celles-ci sont sans illusion. Pour la responsable de l’étude, Patricia Cauqui, les chiffres recensés sur son étude en Espagne sont alarmants : les femmes représentent 60 % des diplômés universitaires et 56 % des entrants en entreprises, mais leur nombre se réduit en montant dans la hiérarchie : elles n’occupent plus que 28 % des postes intermédiaires, 18 % des postes de direction, et 5 % seulement dirigent des entreprises. Néanmoins, nous pouvons tout de même souligner les progrès accomplis en Espagne dans ce domaine au cours de ces dernières années. Si nous reprenons les chiffres d’Eurostat signifiants que seulement 35 % des 7,3 millions de postes de direction recensés dans les entreprises en Europe sont occupés par des femmes, nous pouvons constater que les chiffres sont meilleurs en Espagne, c’est-à-dire de deux points de plus que le pourcentage européen. Il s’agit là sûrement du résultat des politiques menées, beaucoup plus portées depuis quelque temps sur les droits des femmes, sujet ayant même été au cœur du scrutin des élections législatives de 2019 en Espagne. Par exemple, Predro Sanchez qui était au pouvoir depuis 2018, avait nommé 11 femmes sur 17 ministres dans son gouvernement ce qui représentait une grande avancée pour le féminisme. Nous pouvons également citer son parti, le Parti socialiste ouvrier espagnol élu lors de ces élections qui souhaite modifier le code pénal pour mieux lutter contre les violences faites aux femmes et promouvoir l’égalité des chances. Toujours sur cette lancée, il y a également les deux partis de gauche radicale, ayant changé le nom de leur coalition, passant de l’appellation « Unidos Podemos » à celle de « Unidas Podemos » (unies nous pouvons), marquant leur volonté d’inclure davantage les femmes dans le mouvement.

Un changement nécessaire ?

Tout laisse à penser que la fin du plafond de verre est plus que nécessaire en Europe quant à son avenir. L’égalité des sexes sur le lieu de travail n’est pas un problème de femmes, mais un impératif commercial et économique. En ces temps économiques difficiles, alors que l’Europe doit faire face à une succession de problèmes tels que ceux du vieillissement de la population, de la baisse des taux de natalité ainsi que la pénurie de travailleurs qualifiés, il est important de tirer le meilleur profit des travailleurs compétents dont nous disposons, et sans distinction de sexe, ce qui permettrait d’une part de limiter les effets de l’érosion de la main-d’œuvre disponible en Europe, et qui augmenterait de 6 % la population active, estime le FMI. Par ailleurs, briser le plafond de verre reviendrait à améliorer la rentabilité des entreprises. Les offensives menées pour l’équilibre hommes-femmes au sein des conseils d’entreprises s’intensifient en Europe, et l’augmentation du pourcentage des femmes siégeant dans les conseils d’entreprise au cours de l’année précédente est la plus élevée enregistrée à ce jour. Désormais, le nombre d’entreprises se faisant concurrence pour attirer les meilleurs talents féminins augmente de plus en plus, car celles-ci savent qu’afin d’obtenir une bonne compétitivité elles ne peuvent plus se permettre de négliger les compétences et talents féminins. Selon les calculs de l’OCDE, la conséquence d’une mise en œuvre de ces mesures à l’échelle mondiale permettrait une augmentation des richesses de 12 % à l’horizon 2031.

Julie MARIE - 20 janvier 2021 - Le Havre

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