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Billet de blog 13 mars 2013

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Réaction à l'Appel " Pour une médiation numérique replacée au coeur des politiques publiques du numérique ".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Synthèse.

Sur le fond, cet appel des acteurs des EPN (espace public numérique) est compréhensible et légitime. Sur la forme, c'est une "catastrophe" !

En effet, il participe des amalgames entre "accompagnement", "médiation", "numérique"... Tous ces mots, à force d'être instrumentalisés sont usés jusqu'à la corde et ça me fait beaucoup de peine. Ce billet est une tentative de clarification.

Analyse du texte

Appel "Pour une médiation numérique  replacée au coeur des politiques publiques du numérique". Il fait suite à un premier appel "Signez l’Appel pour une véritable politique nationale de l’accompagnement aux usages numériques".

Les 5 000 Espaces Public Numériques de France font un travail formidable, c'est aussi mon intime conviction.  Faut-il le nommer "médiation" ? Tout dépend de la définition de ce mot ! Si je comprends bien, pour les auteurs (non cités, sans doute membres des Centre de Ressources Régionaux Médias-Cité (Aquitaine), Arsenic (PACA), Coraia (Rhône-Alpes), Ping (Pays de la Loire)), la médiation numérique consiste à :

accueillir, former, initier et accompagner au quotidien la population autour de ses usages numériques afin que celle-ci les comprenne, se les approprie et innove. Professionnel de l'“Internet accompagné” il fait le lien entre des technologies de plus en plus complexes et omniprésentes, et des usagers encore trop souvent perdus dans leurs pratiques du numérique, ce, malgré un taux d’équipement des foyers sans cesse croissant.

En somme, pour être médiateur, il faudrait être un expert du domaine (ici le numérique et ses usages, technologies comprises) afin de pouvoir le relier aux personnes selon leurs objectifs. La complexité de ces technologies et de ces usages, la variété des situations et besoins des personnes génère forcément des conflits qui ne sont pas du tout évoqués.

Un peu plus bas il est question de "travail d’animation et de médiation". A aucun moment n'est expliqué quelle est la part de l'animation et celle de la médiation. Historiquement, il était question d' "animateur multimédia" et d'EPM espace public multimédia. Le mot "numérique" a donc pris le pas sur "multimédia" sans que les raisons soient vraiment explicitées.

Ensuite, il est rappelé que, je cite "la mission première de lutte contre les fractures numériques a été réaffirmée tout en démontrant qu’au-delà, c’est bien notre utilité sociale et économique, notre agilité et notre capacité d’innovation permanente avec la population qui font que notre secteur prend une place prépondérante dans la Transition numérique de la société... Madame la Ministre de l’Economie numérique a sollicité le soutien des EPN dans la lutte contre le chômage des jeunes en les encourageant à participer au recrutement de  2 000 emplois d’avenir… 4 propositions, sur le caractère indispensable de l’accompagnement aux usages pour une inclusion de tous dans la société numérique."

Les EPN ont donc un objectif politique : lutter contre les fractures numériques, le chômage, embaucher des jeunes en emplois d'avenir... Ces objectifs sont éminemment respectables, mais ils sont sans rapport avec la médiation.

Enfin, je cite " les EPN contribuent à la dynamique de  leurs territoires en y impulsant des projets innovants et transversaux, reposant sur la mise en production des usagers eux-mêmes. De nombreux EPN ayant même évolué en Tiers-lieux proposant des services innovants et structurants comme le Co-working, des FabLabs, des MédiaLabs, des résidences d’artistes numériques, des lieux de participation citoyenne, etc. A la croisée du développement local et économique, de l’éducation populaire, de l’économie sociale et solidaire, de la culture, du développement durable, des services publics, etc."

Dans ces conditions, je comprends que les EPN impulsent des projets ce qui sous-entend qu'ils en sont partie prenantes ce qui est à l'opposé d'une posture de médiation où le médiateur n'est ni le porteur de projet ni le gestionnaire d'une ressource. Les EPN proposent des services en tant que "Tiers-lieux" et sont à la croisée de courants historiques ou concepts comme "développement local et économique, de l’éducation populaire, de l’économie sociale et solidaire, de la culture, du développement durable, des services publics".

Si l'on ne veut pas que les EPN soient un fourre-tout que chacun verra comme une auberge espagnole et qui soient sensibles à la mode et l'air du temps, il m'apparaît comme indispensable de resserrer sérieusement la définition de tous ces concepts. Dans le cas contraire, le risque serait grand que tout soit détricoté en cas d'alternance politique par exemple.

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