Un bref éclairage d'après un article de Robert Parry, journaliste américain non mainstream. https://consortiumnews.com/2017/03/04/the-politics-behind-russia-gate/
Wikileaks n'a jusque ici, semble-t-il, pas diffusé de fake news, on peut donc accorder du crédit aux révélations qui nous arrivent par ce canal (ce qui ne dispense pas de les vérifier bien sûr). Or les révélations de Wikileaks sur lesquelles se basent cette histoire de Russie-qui-soutient-Trump, ce sont des informations à charge contre les démocrates : le frauduleux écartement de Bernie Sanders de la nomination, les discours de Hillary Clinton à Wall Street qu'elle tenait à cacher aux électeurs, les tactiques financières de la fondation Clinton. L'éventuel tollé autour de ces questions se trouve complètement étouffé par la question Trump.
Au moment de l'élection, personne n'a pensé que ces révélations avaient fait battre Clinton. Elle-même a plutôt estimé que c'était la faute du FBI, qui a relancé son investigation peu avant le scrutin. D'autres ont simplement trouvé que, déjà peu populaire, elle a aligné les gaffes tout au long de sa campagne.
Si les infos de Wikileaks ont transité par des mains russes, en quoi cela serait-il « une attaque contre la démocratie » ? Révéler des faits pertinents pendant une campagne, c'est du bon travail journalistique. N'est-ce pas, le Canard, Médiapart ?
Or nous en sommes au stade où l'establishment US fait pipi dans sa culotte dès qu'on apprend qu'un membre du cercle Trump a eu un contact avec l'administration poutinienne. Oublions que les deux administrations ont collaboré étroitement pendant des années sous Obama, oublions que Poutine a contribué à amener l'Iran à limiter son programme nucléaire et la Syrie à livrer son stock d'armes chimiques.
Ah ! Mais justement, c'est là, semble-t-il, que tout a dérapé. Les néocons US, qui ne se cachent pas d'organiser des changements de régime quand cela les arrange, ne voulaient pas de négociations ou d'accords diplomatiques. Les rapports ont commencé à chauffer autour l'Ukraine (où il ne faut pas dire qu'on a appuyé la prise de pouvoir d'un gouvernement d'extrême-droite), la diffusion très partiale des informations a commencé, et depuis…
(Le petit couplet obligé : Poutine n'est pas un type recommandable, les droits de l'homme ne sont pas respectés dans son pays. En revanche, le système oligarchique auquel il appartient est mondial, donc il fonctionne aussi chez nous. Personnellement, je suis peu sensible à la notion de sanctions ciblées qui déclarent la Russie infréquentable alors qu'on passe la main dans le dos des chefs de la Turquie, l'Égypte et de l'Arabie Saoudite.)
Le pire, c'est qu'il semble que les démocrates US, horrifiés par l'élection de Trump (ce qui en soi est assez légitime), se soient emparés sans réfléchir de la première arme qui leur tombait sous la main. Trump avait annoncé vouloir améliorer les relations avec la Russie, donc ils se sont dépêchés de prendre le contre-pied. Clinton a très vite commencé à traiter Trump de « marionnette de Poutine » ; cela ne l'a pas beaucoup aidée mais depuis, la machine s'est emballée et la nation hurle à la destitution de quiconque a jamais adressé la parole à un Russe.
À Washington, on sait fabriquer un bon scandale. Une fois un certain point franchi, l'hystérie s'installe, les éléments de langage deviennent des incantation que tout l'Occident reprend en cœur et personne ne demande plus à remettre à plat les preuves. Et ce que sont en train de nous fabriquer cette ligue des braves gens, néocons, démocrates et grands médias ? Leur rhétorique met en équivalence le hacking des mails démocrates et Pearl Harbor ou le 9/11. Donc des prémisses d'une guerre et même d'une guerre mondiale. Imaginons un instant que Trump soit amené, pour sauver sa peau, à démontrer combien il est capable de se montrer ferme avec Poutine… Avons-nous si envie de mourir pour de tels minables, toutes nationalités confondues ?