Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

66 Billets

1 Éditions

Billet de blog 7 octobre 2013

Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

Une solution concrète ?

Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Maintenant qu'on automatise tout... et si on chargeait un logiciel des finances de l'État ?

La programmation serait assez simple : il s'agirait déjà de gérer.

Gérer pour perdurer.

Au départ, on entre dans le programme le calcul des recettes : les taxes en tout genre, les impôts sur les revenus et sur les entreprises. Si on considère que mathématiquement, les entités contributrices (entre autres ce qu'on appelle joliment les « ménages ») sont étranglées quand on les ponctionne trop, et que cela assèche tout le système, on met en place une contribution réellement progressive. Tu gagnes tant, ou tu fais tant de chiffre, tel pourcentage est prélevé, sans exceptions, sans aménagements, mais avec toujours cette notion de laisser largement de quoi s'exprimer aux entités qui génèrent la recette.

Les petites entreprises pourraient respirer : les recettes issues des grandes seraient vertigineuses.

Saviez-vous que les chercheurs qui travaillent sur le bonheur ont déterminé que celui-ci croît jusqu'à un revenu d'environ 5000 € par mois (en Occident), mais qu'ensuite il cesse d'augmenter, décroît et même plonge ? Pour le bien d'une fraction durement éprouvée de la population, comblons le gouffre abyssal du malheur en limitant la possibilité d'une trop grande richesse.

Ce logiciel offrirait des avantages incontestables pour le plus grand nombre ; l'avantage du plus grand nombre est tout de même, quand les prédateurs n'ont pas la main sur la conduite de la société, le sens même de la notion gouvernement. Le principe aurait donc vocation à se généraliser – ce serait la seconde vague de la mondialisation.

Les transactions financières ? Ponctionnées non pas à une petite fraction de rien mais au même niveau que l'impôt sur le revenu.

Certaines spéculations seraient exclues du système, non accessibles dans le logiciel, comme la spéculation sur les aliments de base, ou l'eau. Toujours en partant du principe que tout ce qui met en danger la survie des entités contributives est à exclure.

Bon, ensuite, il y a les dépenses.

On peut programmer le logiciel pour alimenter, à partir de recettes devenues amples, chacune des enveloppes nécessaires à la vie de la nation. Ces enveloppes porteraient le nom, en gros de chacun des ministères... à l'exception du ministère des finances, devenu parfaitement caduc. Quelle économie !

Un graphique très simple en forme de fromage serait négocié chaque année, et on programmerait le logiciel pour attribuer tant à l'éducation, à la justice, à la santé, au logement,... Les contours du fromage pourraient évoluer, mais sans jamais entamer une part fondamentale et congrue, par exemple celle de la culture que l'on met si facilement au régime.

Après, oui, l'inventivité humaine pourrait s'exprimer à sa guise, empoigner le terrain pour monter, avec cette manne, les projets à sa convenance. La différence serait que cette fois, on aurait de quoi faire.

Après, également, des choix de gouvernance et de mode de vie feraient surface, entièrement pilotés par des hommes et des femmes avec leur expertise, leur créativité, leur bêtise aussi et leurs oeillères.

Mais au départ, une véritable rigueur – le mot ne veut pas dire ce qu'on en a fait. Une rigueur dans le sens rigoureux d'une simple exactitude dans la comptabilité des nations. À l'échelle de toutes les nations car ce logiciel ultra-simple s'adapte à toutes les cultures. Les recettes, les dépenses, c'est universel – on suivrait juste en guise de principe premier la formule qu'on enseigne aux étudiants de médecine, primum non nocere, d'abord ne pas nuire. Pas d'angélisme, mais la logique simple de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or, le matériau humain et entrepreneurial qui, au départ, génère la richesse.

Ce ne serait pas un monde idéal, ce serait juste une comptabilité correcte.

On redistribue équitablement, on ne piège personne.

On ne donne pas d'une main pour étouffer de l'autre ; personne ne tire d'avantage réellement excessif.

Un logiciel n'est pas sensible aux pressions des lobbies.

Un logiciel n'a pas de beau-frère ou de petit cousin à placer.

Un logiciel n'en a rien à cirer de garder sa place et ses avantages.

Un logiciel ne ment pas à la télévision.

Big Brother ? Pas exactement, juste une calculatrice qui ne ferait d'exception pour personne.

Un peu d'automatisation, ça ferait du bien !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.