Juliette BOUCHERY

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Billet de blog 8 avril 2014

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L'Adéquation au crime

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La peine proposée pour le monsieur qui a aspergé de produit corrosif des personnes sans-abri sur le trottoir devant chez lui à République, me pose problème. En effet, on ne requiert contre lui que 1500 euros et un vague sursis.

Je vois de moins en moins le rapport entre les divers gestes criminels et cette éternelle réponse, enfermement ou amende, amende ou enfermement. Ou sursis, tiens, ce qui veut dire qu'on estime que vous mériteriez d'être enfermé mais qu'on ne vous enferme pas, allez... et qui est appliqué presque systématiquement à tout le personnel politique. Hier, par respect mal placé peut-être, aujourd'hui parce que les malheureux risqueraient de se faire écharper derrière les barreaux, où les tensions sont exacerbées, la violence fréquente et les inhibitions peut-être moindres que dans le monde extérieur.

Bref !

Non, la solution : une réforme pénale beaucoup plus profonde. Pour reprendre la formule de la délicieuse opérette de Gilbert et Sullivan (The Mikado), il faut que la pénalité corresponde au crime (Let The Punishment Fit The Crime). Le Mikado propose par exemple pour les publicitaires (nous sommes en 1885 et la pub n'a pourtant pas encore atteint les sommets que nous connaissons aujourd'hui) que toutes leurs dents soient arrachées/par des novices terrorisés. Voilà ! Là, au moins, on reste sur une agréable impression de rétribution justifiée ! Et ça ne coûte pas un radis à l'administration pénitentiaire !

Or dans le cas qui nous occupe, comme les 1500 euros d'amende ne seront même pas versés aux personnes qu'il a voulu dissoudre à l'eau de javel, je pense qu'il faut trouver quelque chose qui soit réellement en adéquation avec son offense. Ce type est (c'est une opinion strictement personnelle) un grand malade, et la réponse anodine de la justice semble trahir un mal également assez profond.

Alors je propose qu'on lui retire solennellement et publiquement sa carte de crédit, ses chéquiers, tout moyen de règlement – ainsi, bien sûr, que les clefs de son appartement. Une injonction du juge lui interdira d'approcher famille, amis et connaissances. Il sera donc à la rue, pendant 3 mois bien comptés, l'application de la peine étant surveillée par le réseau des SDF au trottoir avec lui (encore que, avec la solidarité de ces pouilleux, ils seraient encore foutus de l'aider). Il n'a pas à se plaindre, on va vers l'été.

Et si jamais ce monsieur, ayant réintégré ses pénates, ses diplômes, et sa passion assez louche pour la propreté, s'avisait de récidiver, il serait extradé vers l'un de ces pays à l'est de l'Europe où on a tant d'égards pour les populations migrantes, et, toujours à la rue, serait contraint de porter en permanence une pancarte : « Je suis Rom et je vous emmerde ».

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