Juliette BOUCHERY

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Billet de blog 9 mars 2016

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UN MONDE MORCELE

Sauf qu'en fait, il se passe un seul truc, un seul, partout

Juliette BOUCHERY

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Il y a la crise de l'emploi et la crise des réfugiés. La désindustrialisation et le naufrage du nucléaire. Il y a Daesh et Boko Haram, les dictatures plus ou moins militaires et les signaux alarmants qui viennent de Chine. Il y a…

Le traitement médiatique fait la part belle à ceci et passe ceci sous silence. Le ci n'est pas pareil que le ça, untel est plus responsable que tel autre, il faudrait voir les choses comme ceci plutôt que comme cela…

STOP !

Stop, stop, stop, en fait il se passe un seul truc, un seul, partout.

Le traitement réservé aux pays des réfugiés, aux réfugiés eux-mêmes, à la Grèce, aux travailleurs d'ici, c'est toujours exactement et précisément le même processus, et il faut une remarquable maîtrise de la com' pour que cela se voie aussi peu.

« On » a décidé que ce qu'ils avaient était bon à prendre, ou qu'ils pouvaient être des pions dans le jeu de déstabilisation qui fait si bien fluctuer le cours du pétrole et vendre des armes.

Partout, c'est le petit groupe qui possède tout, qui décide de tout, le groupe qui a pris la finance, le pouvoir, les ressources énergétiques, qui joue au Monopoly. C'est une OPA sur le monde, un putsch discret et obèse. C'est cette façon de tout rafler qui jette le troupeau des gens ordinaires, les gens de partout, dans la misère, dans la guerre et sur les routes.

Il y a les quelques très, très puissants. Il y a le réseau qu'ils ont organisé autour d'eux pour consolider leur puissance, les cercles concentriques du pouvoir, de la politique et des médias. Les habitants de ces cercles contribuent, chacun à leur façon, pour exister, pour avoir les miettes.

Dans cet acte quasi-fabuleux de prédation (je pense à la fable du dragon qui dort sur un tas d'or), ceux d'en haut ont réalisé l'exploit remarquable de faire croire à à peu près tout le monde que c'est le seul fonctionnement possible.

Beaucoup de gens réalisent qu'on va droit dans le mur, mais si quelqu'un propose autre chose, ils le renvoient vite en coulisses, parce que ce n'est pas sérieux. Remettre en cause les piliers qui donnent toutes les cartes à quelques prédateurs, c'est du domaine de l'absurde. Se passer de ceux qui voient le reste de l'humanité comme un troupeau, aussi. Ceux qui cherchent à alerter sont forcément malhonnêtes.

La capacité de concevoir des façons de vivre se noie sous les idées reçues, et surtout dans la peur. Ce château de cartes est construit sur la peur, peur de ce qui se passerait si on essayait autre chose, peur de perdre ses petits privilèges – même en haut de la pyramide, ce ne sont que de tout petits privilèges, une vie minable, au fond. Le vocabulaire est colonisé aussi, les formules toutes faites bloquent les issues, je doute qu'on arrive jamais à décider, librement et lucidement, de tenter autre chose.

On pourrait en sortir par le bas, suite à un effondrement ? Rebâtir à partir des cendres ?

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