Les mêmes mots tournent en boucle, macho, raciste, vulgaire, idiot. Trump. Répugnant personnage, effectivement mais… et s'il était tout simplement celui qui dit et vit ouvertement ce que nos dirigeants disent et vivent tout bas ? Les nôtres sont bien coiffés, sans la mèche ridicule. Ils ont les pompes bien cirées (nous avons eu quelques surprises en France sur ces deux plans, non?). Il est obscène, oui. Mais quid de l'obscénité des nôtres ? Les hommes de pouvoir et d'argent qui ne reconnaissent aucune humanité aux femmes, aux gens un peu basanés, aux pauvres ? La différence : les nôtres n'osent pas le dire tout haut ! Pour l'instant. Parce que vu comment va le monde, l'oligarchie n'aura bientôt plus besoin de se cacher.
Vers 400 av. JC, Hérodote parle de l'oligarchie qui « ne croit pas en la capacité du peuple qui n'est pas instruit et n'a pas le moyen de l'être et redoute encore plus son caractère prompt et passionné. L'opinion est comparable à un courant d'hiver qui, grossi par les eaux se précipite et emporte tout. » Son personnage Mégabyse propose donc d'élire une oligarchie, « l'assemblée souveraine des meilleurs » en estimant que des résolutions salutaires naîtront de la réunion de ces Sages. » (Merci Hervé Kempf)
Oligarchie selon le Larousse : Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d'individus constituant soit l'élite intellectuelle (aristocratie), soit la minorité possédante (ploutocratie), ces deux aspects étant fréquemment confondus.
Alors le peuple, à qui l'on a soigneusement inoculé le virus de la peur (insécurité!), que l'on a soigneusement « éduqué » à travers des médias qui appartiennent presque tous à des financiers (voir le mépris obscène du patron d'i-télé en grève), croit encore que nous sommes en démocratie alors que nous glissons, ou avons déjà glissé, dans un système oligarchique.
Non, me direz-vous, l'oligarchie, c'est chez les Russes ! Là, les hommes d'affaires mafieux groupés autour du pouvoir se sucrent sans pudeur, déclenchent des guerres pour servir leurs intérêts… Personnellement, je peine à voir la différence.
Trump est l'incarnation dans fard de nos dirigeants : là où les nôtres nous embobinent à la télé, font du packaging, du marketing de leur image pour nous vendre leur candidature, il fait ouvertement de la téléréalité. Là où les nôtres suivent en tous points les intérêts des hommes d'affaires, il élimine l'intermédiaire en étant lui-même est homme d'affaires et milliardaire. Il est macho, raciste, méprisant, violent, borné, extrêmement riche. Les nôtres s'appellent DSK ou Baupin, ils refusent d'interdire le contrôle au faciès et nous disent que tout est de la faute de l'Islam, ils se fichent des pauvres et déclarent des guerres pour promouvoir leurs intérêts comme en Lybie (et les guerres multiples de Hollande ? Et le charmant canular des « armes de destruction massive » qui a abouti à tant de morts, tout ça pour le « complexe militaro-industriel » qui a pris le pouvoir aux US ?) Et ils se sucrent, ils sucrent les amis à coup de PPP, à coup de pantouflages, ils mettent l'argent public en coupe réglée au service des grandes entreprises.
Alors Trump et les nôtres, même combat !
Sauf que... et là c'est une lueur d'espoir, vacillante mais lueur tout de même : les marchés n'aiment pas Trump. Trump dit vouloir rester chez lui, estimant que l'Amérique n'a plus les moyens de mettre la planète à feu et à sang. Trump ne voit pas le problème de dialoguer avec Poutine alors que Clinton s'ingénie à faire monter la pression au risque de déclencher une guerre qui serait vraiment la der des ders. Mieux encore, Trump serait, selon certaines sources, l'émanation du lobby du BTP, qui aimerait siphonner les richesses de la nation vers son secteur. Que les US s'occupent donc de reconstruire leurs infrastructures sinistrées, ça nous fera des vacances !
Et face à un dirigeant brutal et borné, les forces qui se sont levées pour soutenir Bernie Sanders auront l'adversaire rêvé pour cristalliser leur révolte. Cette fois, elles parviendront peut-être à renverser la table.