Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

66 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 novembre 2024

Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

Gauche, droite et compression

Quand on met une cocotte-minute sur le feu en bouchant sa soupape, il se passe quoi ?

Juliette BOUCHERY

Comédienne, auteure, traductrice

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Allons, dit la gauche, puisqu’une petite caste a accaparé les ressources, redistribuons, ce n’est que justice ! Et pendant que nous y sommes, réfléchissons à ce que nous produisons, pourquoi, comment, ainsi qu’au salariat, patronat, propriété, bref à la structure de la société.

Bon, dit l’extrême-droite, puisqu’une petite caste a beaucoup, il n’y en a pas assez pour tout le monde, donc excluons certaines catégories du partage… et surtout ne changeon rien !

(Je ne suis pas sûre de ce que dit la droite, je ne suis pas sûre qu’il reste en France une droite qui soit simplement la droite. )

C’est là que nous sombrons dans un malentendu tragique.

D’un côté, des gens se réclamant de la gauche ont collé avec une ferveur de bernique au postulat : ne changeons surtout rien.

Pour faire sérieux ! Parce que voyons, il est établi que TINA, aucun changement n’est envisageable, possible, ou sérieux. C’est une simple question de bon sens.

Résultat : beaucoup d’électeurs croient « avoir essayé » la gauche et quelle surprise, elle n’a pas changé leur vie. Ces électeurs n’ont pas semblé remarquer que cette soi-disant gauche menait une politique de droite.

Et aussi : faire des propositions ne serait-ce qu’un petit peu à gauche est automatiquement « extrême ».

Or nous sommes censés pouvoir décider de la forme de nos sociétés. Logiquement, toutes les configurations seraient sur la table et notre vote pourrait infléchir les décisions dans tel sens, tel autre, et même bouleverser totalement la donne si nous le souhaitons.

La bonne blague ! direz-vous.

Il y a dans l’espace public énormément d’idées, de désirs et de propositions, et les médias mainstream sont obligées de dépenser une énergie considérable pour refermer chaque jour toutes les échappées, lueurs ou possibilités s’ouvrant sur un monde plus raisonnable, équitable, vivable en somme.

Il se peut même que les « journalistes » de ces médias n’aient pas conscience de faire cela. Les patrons des chaînes ou des radios, si, bien sûr. Eux savent qu’il y a une lutte des classes et comme disait l’autre, ils l’ont gagnée.

Et donc nous sommes perpétuellement renvoyés à la niche, TINA etc, et enfoncés toujours plus dans l’imbécillité crasse du monde tel que le voient nos élites bornées.

Or ils ont oublié un principe de physique niveau collège.

Des gens un peu plus fin y auraient mis les formes, maintenu les apparences, disons fourni une soupape à la rage populaire. Or ils ne sont pas très fins.

Quand on met une cocotte-minute sur le feu en bouchant sa soupape, il se passe quoi ?

Quand on bloque toutes les issues, tous les recours, tous les moyens d’expression d’une population en niant ses aspirations, détournant sa représentation, ignorant son vote et réprimant ses protestations avec la dernière sauvagerie, il se passe quoi ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.