Dans une guerre classique, pour amener un homme ordinaire à tuer, il y a des marqueurs facilement identifiables pour lui désigner la cible. Il se sent autorisé à user de violence parce qu'il en a reçu l'ordre et parce que :
1) L'autre est l'agresseur.
2) Il n'est pas habillé comme moi, il est d'un autre pays que moi.
3) Il essaie de me tuer.
Impressionnée par le billet de Hassina Mechaï et son entretien avec Mathieu Rigouste (https://blogs.mediapart.fr/hassina-mechai/blog/130516/mathieu-rigouste-la-police-est-la-pour-maintenir-l-ordre-economique), j'aimerais comprendre comment on arrive à une situation où des hommes ordinaires, nos policiers, admettent que leur travail les amène à tuer ou éborgner, a minima à tabasser des gens qui sont habillés comme eux, du même pays qu'eux et qui ne cherchent pas à avoir leur peau. En somme, comment ils en arrivent à faire la guerre à leurs enfants et leurs voisins de palier.
Je ne vois qu'une réponse : un savant endoctrinement pour les amener à penser que la population de France leur est autre, étrangère, ennemie et surtout, surtout, qu'elle les agresse. Cela transparaît dans leurs commentaires et leur ligne de défense, toujours la même, quand on leur reproche leurs gestes : ils sont les agressés.
Je me souviens de l'attitude parfaitement odieuse d'une policière, me coupant la parole dès que je cherchais à dire un mot, me traitant avec une sécheresse et un mépris stupéfiants alors que j'accompagnais ma fille qui portait plainte pour une agression. Elle s'adressait à ma fille, la victime, un peu plus poliment mais c'était tout juste. La pression du job, se dit-on quand on veut être clément. Ils sont amenés à voir, au quotidien, des trucs épouvantables. Sauf que si cela les mène à devoir faire taire brutalement une maman lambda, c'est l'heure de changer de job. Si la population entière devient l'ennemi…
Je crois que Mathieu Rigouste a raison, qu'il y a une stratégie patiente et déterminée de la part des puissances de l'argent pour museler durablement la population. Pour en faire d'un côté des addicts de la consommation, de l'autre des larves soumises, effrayées pour leur avenir. Ils ont maintenant un bras armé (nos polices, plus EuroGendFor, cette force européenne de 3000 hommes pour le maintien de l'ordre). Tout semble de plus en plus verrouillé et dégagé des contraintes démocratiques mais une faille possible dans le dispositif serait de mettre à jour le mécanisme de l'endoctrinement.
Si on pouvait les prendre entre quat'zieux. Hors service. Faire une contre-offensive de l'information. Leur montrer à quel point ils sont manipulés et méprisés, eux aussi. Leur mettre sous les yeux les exactions des polices des dictatures ouvertes et leur demander jusqu'où ils sont prêts à aller, concrètement. On peut espérer qu'un certain pourcentage d'entre eux déposeraient les armes.
L'histoire ancienne et récente est jalonnée de héros qui ont refusé de tirer sur la foule. Souvent, ils l'ont payé très cher. Ceux-ci ne risquent pas grand-chose, et le pouvoir tient actuellement par eux.